Le 19 juin, la France et l’Allemagne ont signé une lettre d’intention concernant le développement d’un futur avion de combat. Auparavant, Dassault Aviation et Airbus Defence & Space avait conclu un accord industriel afin de préciser leurs rôles respectifs dans ce programme – d’origine française – appelé SCAF [Système de combat aérien futur]. Cet appareil remplacera, à l’horizon 2040, les Rafale et les Eurofighter Typhoon.
Concrètement, le constructeur français sera chargé de diriger les travaux relatifs à ce nouvel avion de combat, qui sera au coeur d’un « système de systèmes » puisqu’il travaillera en réseau avec différents types d’aéronefs, de satellites et autres plate-formes.
Cela étant, le Royaume-Uni et la France avait déjà établi une coopération pour mettre conjointement au point un drone de combat [SCAF-D]. Seulement, ce programme avance au ralenti pour le moment, sur fond d’incertitudes liées au Brexit. Aussi, les industriels du secteur britannique de l’aéronautique s’inquiètent d’être mis sur la touche avec ce projet d’avion de combat franco-allemand.
Cependant, et comme l’avait expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, dans un entretien accordé en avril à La Tribune, il n’est pas question, du moins pour le moment, d’ouvrir ce programme à d’autres pays européens. « Il faut évidemment ne pas l’exclure mais il y a un temps pour tout. Aujourd’hui la priorité, c’est que le socle franco-allemand soit bien solide avant de commencer à s’ouvrir à d’autres partenaires », avait-elle en effet déclaré.
Or, en décembre dernier, l’Espagne fit savoir qu’elle souhaitait participer à ce projet d’avion de combat. Et elle ne peut qu’être intéressée par une telle participation dans la mesure où elle détient 4% du capital d’Airbus et qu’elle devra moderniser son aviation de combat. Dans un premier temps, il serait question de remplacer ses F/A-18 Hornet, qui ne sont plus de toute première jeunesse, par des Eurofighter Typhoon supplémentaires, à l’image de ce qu’envisage de faire Berlin avec ses vieux Panavia Tornado.
Seulement, et comme l’on pouvait s’y attendre, Paris et Berlin n’ont pas la suite qu’espérait Madrid. Selon une source du ministère allemand de la Défense, citée par l’agence Reuters, il a en effet été proposé à l’Espagne un statut « d’observateur » sans lui donner la possibilité de pouvoir changer les « paramètres initiaux » de ce programme d’avion de combat.
« La raison n’est pas d’exclure qui que ce soit, mais d’assurer un travail accéléré sur ce programme », a expliqué cette source, confirmant ainsi les propos de Mme Parly. « L’Espagne et d’autres pays pourraient probablement participer à des étapes ultérieures du programme », a-t-elle ajouté.
À Madrid, l’on a confirmé avoir reçu la proposition franco-allemande. Proposition actuellement examinée par le ministère espagnol de la Défense. Mais si ce dernier l’estime insuffisante, clea risque de poser un dilemne. Refuser tout implication espagnole dans ce projet franco-allemand pourrait pousser Madrid à regarder de l’autre côté de l’Atlantique et d’opter pour le F-35 de Lockheed-Martin. À l’inverse, une participation serait de nature à modifier l’équation industrielle du projet…