Ce week-end, des hackers ont tenté de pirater le bateau de plaisance autonome « Eva 2 » qui devait effectuer des manœuvres sans aucune intervention humaine aux Sables-d'Olonne. La tentative d'intrusion a échoué. Mais la démonstration a été reportée par mesure de précaution.
Des pirates informatiques ont sévi le week-end dernier aux Sables-d’Olonne. Ils ont empêché la start-up angevine Kara Technology de procéder à une « première mondiale » à la veille du départ de la Golden Globe Race. Le samedi 30 juin, un voilier équipé de sa solution Eva2 (Entité de voyage automatisé autonome) devait effectuer des manœuvres d’entrée et de sortie du port sans aucune intervention humaine.
Victime d’une tentative de piratage, Kara Technology a préféré renoncer à la démonstration prévue, qui est reportée au mois de septembre. « Nous avons été victimes d’une tentative de spoofing sur l’antenne 4G, indique Ivain Bignonet, le directeur général de Kara Technology. Des pirates ont essayé de s’introduire sur notre réseau. »
C’est vendredi en fin d’après-midi que la tentative de piratage a eu lieu. Le spoofing consiste à usurper une identité électronique afin de commettre de commettre des délits via Internet. « Notre système de surveillance a détecté la tentative d’intrusion et le firewall a bien réagi, précise Ivain Bignonet. Aucun appareil n’est tombé en panne. La tentative d’intrusion n’a pas réussi. Mais nous avons préféré appliquer le principe de précaution en reportant la sortie. Rien n’aurait été pire que l’exploitation par les pirates d’une faille non identifiée lors de la démonstration. »
Un tour du monde en 2020
Cet été, des « ethical hackers » du département cybersécurité de l’Esaip, l’école d’ingénieurs partenaire de Kara Technology, vont mener des attaques sur Eva2 afin de repérer des failles éventuelles et les corriger. D’ores et déjà, il est prévu que la démonstration reprogrammée en septembre se fera hors ligne pour éviter tout risque d’intrusion.
Kara Technology développe un ambitieux projet de bateau de plaisance autonome. La start-up a équipé un voilier de grande croisière de 130 capteurs et actionneurs. Ils sont reliés à un serveur central à terre via une connection Sigfox, 4G ou Wifi. C’est la logique du cloud appliqué au nautisme. A quoi s'ajoute une bonne dose d'intelligence artificielle.
Le bateau de plaisance autonome sera capable de prendre seul des décisions, d’effectuer des manœuvres de port sans intervention humaine, de déterminer la route à suivre, de gérer les voiles ou encore de choisir un endroit pour jeter l’ancre.
Le projet Eva² a été labellisé par le Pôle mer Bretagne Atlantique en février 2018. Kara Technology place la barre très haut. Son but est d’effectuer un tour du monde complètement autonome avec deux personnes à bord du voilier Eva2 en 2020. Il partirait des Sables-d’Olonne en même temps que les concurrents du Vendée Globe.