Selon des chiffres officiels, 90% des postes des forces armées israéliennes sont ouverts aux femmes. Et la part de ces dernières au sein des unités combattantes ne cessent de progresser. Mais certaines spécialistés leur sont encore fermées. Il leur est en effet impossible de servir à bord d’un sous-marins ou d’un char de combat.
Cependant, en juillet 2017, Tsahal a lancé un programme expérimental afin de voir si des femmes pouvaient être admises en qualité de combattantes dans le Corps Blindé Mécanisé. Et une sélection a été faite en fonction de critères médicaux et d’entretiens de motivation. C’est ainsi que, ce 28 juin, quatre d’entre-elles ont terminé officiellement ce cours et peuvent désormais prétendre à la fonction de « commandant de char ».
Lors de cette formation, explique Tsahal, « cinq des quinze soldates ont été jugées aptes au cours des commandants. Et finalement, quatre ont donc passé les épreuves avec succès. Ce sont de « jeunes femmes incroyables, professionnelles et déterminées », a commenté le général Hasson. « Je les ai rencontrés personnellement, j’ai entendu ce qu’elles avaient à dire, être pionnier n’est pas chose facile », a-t-il ajouté.
« C’est un rôle qui inclut une formation très intéressante et stimulante. En outre, il s’agit d’un rôle unique pour les femmes et ouvre une nouvelle fenêtre d’opportunités pour une place que les femmes peuvent occuper », a témoigné l’une d’entre-elles.
Au départ, 15 soldates avaient été sélectionnée. Deux ont rapidement abandonné au cours de l’entraînement de base de 8 semaines. Puis les 13 restantes ont continué leur stage à la base de Shizafon, dans le désert du Néguev, où elles ont été formées à mettre en oeuvre le char Merkava Mark 3. Là, trois autres candidates ont jeté l’éponge, soit pour des raisons médicales, soit pour une inaptitude professionnelle.
Pour autant, il n’est pas question, du moins pour le moment, d’ouvrir les unités de chars aux femmes. Les résultats de ce programme « nourriront la réflexion des généraux sur la possibilité d’intégrer des femmes dans les unités blindées et ainsi de trancher la vive polémique qui agite les milieux militaires », a précisé le lieutenant-colonel Beno Aharon, un des commandants du corps blindé.
« Le but du programme pilote était de déterminer si quatre femmes peuvent actionner un char au cours d’une activité de sécurité de routine et la réponse est positive », a expliqué l’officier. Et cette expérimentation, a-t-il continué, n’a « porté que sur des opérations de défense des frontières, les soldates ayant été déployées dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. » Aussi, a-t-il ajouté, « seules des activités de sécurité de routine ont été envisagées, pas de missions en cas de guerre. »
En effet, a continué le lieutenant-colonel Aharon, il pourrait y avoir « un inconvénient à utiliser des équipages entièrement féminins, à savoir que si une ou deux des membres sont blessées, elles ne peuvent être remplacées que par d’autres femmes, et non par des hommes, qui sont beaucoup plus nombreux. »
La possibilité de permettre aux femmes de servir à bord des chars fait polémique en Israël, alors que cela ne pose pas de problème sous d’autres cieux (des femmes sont pilotes de chars en France, par exemple). En premier lieu, les religieux les plus conservateurs s’y sont opposés. « Si les hommes et les femmes sont amenés à servir dans le même char, un petit tankiste apparaîtrait neuf mois plus tard… », avait affirmé, sans plaisanter, le rabbin Israël Weiss, ancien aumônier de Tsahal.
Des militaires font valoir d’autres arguments pour appuyer leur opposition à cette idée. Ainsi, certains estiment que servir à bord d’un char exige des capacités physiques (manipulation des obus et de pièces lourdes en cas de panne) que les femmes n’ont pas. Certains sont même allés jusqu’à dire que le programme qui vient de se terminer était une « expérimentation particulièrement dangereuse ».
Pour d’autres, il n’y aurait aucune raison d’interdire à une femme de servir à bord d’un char. « À mon sens, dit-il, les femmes ne sont pas assez utilisées dans l’effort national de défense. Et pas de leur faute, mais du fait des idées préconçues chez certains officiers… », avait ainsi résumé le général Gaby Ofir, en 2016.