Marcel Bigeard.
Biographie
Marcel Bigeard est un militaire français,
né le 14 février 1916 à Toul et décédé le 18 juin 2010 à son domicile de Toul.
Il a la particularité d'avoir été appelé sous les drapeaux comme 2e classe en 1936
et d'avoir terminé sa carrière militaire en 1976 avec le grade de général de corps d'armée.
Il est de plus considéré comme une des personnalités militaires les plus décorées de France.
Ancien résistant, son nom reste associé aux guerres de décolonisation.
Marcel-Maurice Bigeard est né le 14 février 1916 à Toul en Meurthe-et-Moselle (54).
Il est le fils de Marie-Sophie Bigeard (1880-1964) et de Charles Bigeard (1880-1948) aiguilleur à la Compagnie des chemins de fer de l'Est.
Le 6 janvier 1942, il épouse à Nice son amie d'enfance Gaby Grandemange. Son unique enfant, Marie-France, nait de cette union le 13 février 1946.
Après 6 ans passés à la Société générale comme employé de banque, Marcel Bigeard effectue son service militaire à Haguenau au sein du 23e régiment d'infanterie de forteresse (23e RIF).
Incorporé comme soldat de deuxième classe en septembre 1936, il est libéré avec le grade de caporal-chef en septembre 1938.
Six mois après sa libération, devant l'imminence du conflit, il est rappelé le 22 mars 1939 au sein du 23e RIF et est promu sergent.
Quand en septembre 1939, les quatre bataillons du 23e RIF deviennent quatre régiments de forteresse, Bigeard est affecté au 79e RIF dans le sous-secteur fortifié de Hoffen sur la Ligne Maginot.
Volontaire pour les corps francs, il prend la tête d'un groupe de combat à Trimbach en Alsace et devient rapidement sergent chef puis adjudant à l'age de 24 ans.
Le 25 juin 1940, il est fait prisonnier et passe 18 mois en captivité au Stalag 12A à Limbourg en Allemagne.
C'est à sa troisième tentative, le 11 novembre 1941, qu'il parvient à s'évader et à rejoindre la zone libre.
Volontaire pour l'AOF, il est affecté en février 1942 au camp de Bandia près de Thiès au Sénégal, dans un régiment de tirailleurs sénégalais de l'Armée d'armistice.
Nommé sous-lieutenant en octobre 1943, il est dirigé avec son régiment sur Meknès au Maroc.
Recruté par des parachutistes, il subit une formation commando de 3 mois au Club des Pins près d'Alger puis est affecté avec le grade fictif de chef de bataillon au DGSS.
Officier Jedburgh, avec le titre de délégué militaire départemental, le commandant Aube est parachuté en Ariège le 8 août 1944 avec trois compagnons afin d'encadrer l'action des résistants.
A la libération du département le 22 août 1944, les pertes franco-espagnoles sont de 44 tués et blessés tandis que de leur côté, les Allemands déplorent 1 420 prisonniers et 230 tués et blessés.
Au début de l'année 1945, Bigeard crée puis dirige pendant un semestre l'école régionale des cadres du Pyla, près de Bordeaux, destinée à former des officiers issus des FFI.
Décoré de la Légion d'honneur et du Distinguished Service Order britannique pour ses actions en Ariège, il est finalement nommé capitaine à titre définitif en juin 1945.
Au milieu de l'année 1945, le capitaine Bigeard reçoit le commandement de la 6e compagnie du 23e RIC à Villingen en Allemagne; désigné pour le corps expéditionnaire en Indochine, le régiment débarque à Saigon le 25 octobre 1945 et participe jusqu'en mars 1946 à la pacification de la Cochinchine.
Le 8 mars, un détachement de la 2e DB et la 9e DIC, dont fait partie le 23e RIC, débarquent à Haiphong au Tonkin.
Le 1er juillet 1946, Bigeard quitte le 23e RIC et forme à Thuan Chau, au sud-est de Dien Bien Phu, une unité constituée de 4 commandos de 25 volontaires chacun au sein du bataillon autonome thaï du Lt-colonel Quilichini.
Au retour de ses hommes en métropole, mi octobre 1946, il prend le commandement de la 3e compagnie constituée de 400 hommes environ.
Il quitte finalement l'Indochine le 17 septembre 1947 et atterrit 3 jours plus tard à Orly.
Volontaire pour un second séjour en Indochine, il est affecté le 1er février 1948 au 3e BCCP du commandant Ayrolles à Saint Brieuc et prend le commandement du groupement de commandos parachutistes n° 2.
Quand le 3e para débarque à Saigon en novembre 1948, Bigeard, qui ne s'entend pas avec son supérieur, parvient à faire détacher son groupement au détachement amarante du commandant Romain-Desfossé à Haiphong.
Le 1er octobre 1949, Bigeard met sur pied à Son La le 3e bataillon thaï fort de 2 530 hommes répartis en 5 compagnies régulières et 9 compagnies de gardes civils et de supplétifs militaires.
Relevé de son commandement suite à un différend avec l'administrateur de la province, il est muté à Haïduong et prend le 5 avril 1950 la tête du bataillon de marche indochinois qui reçoit, en août, le drapeau du 1er régiment de tirailleurs tonkinois décoré d'une croix de guerre avec palme.
Le 12 novembre 1950, Bigeard embarque à Saigon sur le paquebot La Marseillaise et quitte une nouvelle fois l'Indochine.
Au printemps 1951, il est affecté à Vannes à la demi brigade coloniale du colonel Gilles et se voit confier le bataillon de passage.
En septembre 1951, il obtient le commandement du 6e BPC à Saint Brieuc et le grade de chef de bataillon en janvier 1952 .
Le 28 juillet 1952, Bigeard, à la tête du 6e BPC, débarque à Haiphong pour son troisième séjour en Indochine et prend ses quartiers à Hanoi.
Le 16 octobre, le bataillon est largué sur Tu Lê et affronte durant 8 jours les régiments des divisions Viet Minh 308 et 312.
L'unité se distingue à nouveau lors de la bataille de Na San (parachutage dans la cuvette de Ban Som le 27 décembre 1952), lors de l'opération Hirondelle sur Lang Son le 17 juillet 1953 et lors de l'opération Castor sur Dien Bien Phu le 20 novembre 1953.
Le 31 décembre 1953, il prend le commandement du GAP n° 4, constitué du II/1er RCP et du 6e BPC, et intervient au moyen Laos entre Thakhek et Savannakhet où deux divisions Viet Minh se dirigent.
Parachuté en pleine bataille sur Dien Bien Phu le 16 mars 1954, Bigeard est nommé lieutenant-colonel lors des combats et devient l'un des héros de la cuvette en combattant avec son bataillon sur les points d'appuis Eliane 1 et 2, mais surtout en co-dirigeant les troupes d'intervention du camp retranché avec le colonel Langlais.
Bigeard est fait prisonnier le 7 mai 1954 lors de la chute du camp.
Libéré quatre mois plus tard il quitte définitivement l'Indochine le 25 septembre.
Le 25 octobre 1955, Bigeard prend le commandement du 3e BPC dans la région de Constantine en Algérie.
Le 21 février 1956, le bataillon, devenu entre temps le 3e RPC, réalise la première opération héliportée de l'histoire lors de l'opération 744 en Kabylie.
Cette méthode est à nouveau employée en mars 1956 pour la capture des déserteurs de la 3e compagnie du 3e RTA.
Le 16 juin 1956, dans les Nementchas, Bigeard, qui donne l'assaut à une bande rebelle, est grièvement blessé d'une balle au thorax.
Rapatrié en métropole, il est décoré le 14 juillet 1956 par le président Coty et reçoit la plaque de grand officier de la Légion d'honneur.
De retour en Algérie, il échappe le 5 septembre à un attentat et est blessé de deux balles dans l'humérus et une dans le foie.
Au début de l'année 1957, le régiment participe au sein de la 10e DP du général Massu à la bataille d'Alger.
La mission des parachutistes est de ramener la sécurité dans la ville et de neutraliser les cellules du FLN de Larbi Ben M'hidi qui ont organisé plusieurs séries d'attentats à la bombe contre des civils dans divers lieux publics d'Alger entre l'automne 1956 et l'été 1957.
En mars 1957, le 3e RPC se rend dans les massifs au sud de Blida et participe aux opérations Atlas et Agounnenda.
Durant l'été, le 3e para arrête 90 % des combattants du FLN dont Taleb Abderrahmane le chimiste des attentats du Milk Bar, de la Cafétéria et de l'Otomatic.
Le régiment est rappelé en juillet 1957 à Alger à la reprise des attentats.
La capture et le retournement de Hassène Guandriche dit Zerrouk, chef de la région d'Alger aboutissent à la neutralisation des deux responsables de la Zone 2, Mourad et Ramel, mais surtout à celle d'Ali la Pointe et à la capture de Yacef Saadi chef militaire FLN de la zone autonome d'Alger.
Nommé colonel au début de l'année 1958, il quitte l'Algérie le 1er avril et rejoint Paris où Chaban-Delmas, ministre des Armées, lui demande de créer un centre d'instruction des cadres qui voit le jour fin avril près de Philippeville.
Bigeard ne participe pas aux événements du 13 mai 1958, mais dans une interview à Paris-Presse il confie ses états d'âme à Jean Lartéguy ce qui lui vaut le courroux du général Salan et son retour en métropole.
Après 4 mois passés à Toul, Bigeard repart pour l'Algérie et prend le commandement du secteur de Saida en Oranie le 25 janvier 1959.
Il a sous ses ordres environ 5 000 hommes répartis dans le 8e RIM, le 14e BTA, le 23e RSM, un groupe de DCA, un régiment d'artillerie, deux groupes mobiles de supplétifs, quelques avions de reconnaissance et deux hélicoptères.
Suite à une rencontre avec De Gaulle le 27 août 1959, il se voit confier le 1er décembre le commandement du secteur de Ain-Sefra, soit un effectif de 15 000 hommes.
Passant outre son devoir de réserve il rédige pendant la semaine des barricades en janvier 1960 une proclamation qui est reprise par la presse et la radio et qui lui coute son commandement malgré l'intervention du général Gambiez.
Il sera accusé plus tard d'avoir pratiqué la torture pendant la guerre d'Algérie par d'anciens membres du FLN mais aussi par d'anciens combattants qui ont fait la guerre à ses côtés (voir L'ennemi intime, documentaire dans lequel témoigne notamment Paul Aussaresses).
Il a toujours démenti ces accusations.
De juillet 1960 à janvier 1963, Bigeard prend le commandement du 6e RIAOM à Bouar en République centrafricaine.
Après un bref passage à l'école supérieure de guerre de juin 1963 à juin 1964, il prend le commandement de la 25e brigade parachutiste à Pau le 31 août 1964, puis celui de la 20e brigade parachutiste à Toulouse.
Il accède au grade de général de brigade en juillet 1966.
Après une entrevue avec le général de Gaulle, il est nommé au poste de commandant supérieur des forces terrestres au Sénégal et rejoint Dakar le 7 février 1968.
En juillet 1970, Bigeard retrouve Paris et est affecté pendant 10 mois à l'état major du CEMAT.
Le 7 aout 1971, il prend le commandement des forces françaises présentes dans l'océan Indien à Tananarive et obtient le 1er décembre 1971 sa troisième étoile.
Suite aux manifestations qui secouèrent Madagascar en mai 1972 et qui conduisirent au départ de son président Philibert Tsiranana et à son remplacement par le géneral Gabriel Ramanantsoa, il quitte Madagascar le 31 juillet 1973 avec l'ensemble des forces françaises du secteur.
A son retour en France, il devient de septembre 1973 à février 1974 le deuxième adjoint du gouverneur militaire de Paris.
Promu général de corps d'armée le 1er mars 1974, il prend le commandement de la 4e Région Militaire à Bordeaux soit 40 000 hommes dont 10 000 parachutistes.
Convoqué par l'Élysée, il rencontre le 30 janvier 1975 le président Valéry Giscard d'Estaing qui lui propose le poste de secrétaire d'État à la Défense rattaché au ministre Yvon Bourges.
Il occupe ce poste de février 1975 à août 1976, date à laquelle il remet sa démission.
Après une courte retraite à Toul et suite au décès accidentel de la candidate UDF, il se présente aux élections et devient député de Meurthe-et-Moselle de 1978 à 1981.
Durant cette première législature il occupera également la fonction de président de la commission de défense.
Il est réélu au premier tour en juin 1981 puis en mars 1986.
En 1988, suite à la seconde dissolution de l'assemblée, il est finalement battu par le candidat socialiste de 411 voix.
Il s'était retiré dans sa maison de Toul dans laquelle il écrivit des livres sur sa carrière militaire et proposa ses réflexions sur l'évolution de la France.
Il avait récemment déclaré "Je suis le dernier des cons glorieux" (Citation relevé par l'hebdomadaire Marianne).