17 juin 1956.
L'Escadron de Jeeps Armées du 3e R.P.C. est compagnie d'intervention.
Héliporté par Sikos du Colonel Brunet, vers un djebel assez vaste et couvert d'arbustes, assez près du champ de bataille d'hier, ou nous avons galopé sous la mitraille des fells retranchés dans les éboulis rocheux!
En ligne suivant la voltige des sections du 4e peloton , nous descendons dans l'oued 400 mètres plus bas, fouiller ce qui ne l'a pas été.
Les renseignements nous parviennent selon notre PC Bruno4, (Capitaine Leboudec) des fells se seraient cachés dans des grottes invisibles à l'œil nu dans des failles de rochers!
Autant dire que nous sommes au maximum sur la défensive, les rebelles n'ont plus rien à perdre sinon la vie !.
Je trouve avec le groupe FM, deux cadavres coincés dans des failles de rocher impossible à voir d'un Piper ou d'un avion T6. Dans un trou profond comme un puit, un blessé ennemi geint, blessé aux deux bras et à la poitrine il est remonté avec peine, avec une corde. Remis au PC Le Boudec de notre compagnie, il est soigné par l'infirmier et le toubib du PC Bigeard pour renseignement sur la bande !
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Tout est passé au peigne fin jusqu'au bas de l'oued où coule de l'eau semi-souterraine qui apparaît et disparaît dans des trous dans lesquels des poissons argentés vivent dans ce décors à moitié souterrain ! Ils sont fouillés par la 4e compagnie.
Un plongeur d'une section du capitaine Florès (dit Floflo) va au fond et remonte des armes jetées par les fells, et pour corser l'affaire il remonte un cadavre qui donne un choc au gars qui tendait la main pour récupérer une arme.
Nous finissons notre fouille dans une petite vallée enfouie entre deux à pics . Quelques mechtas entourées d'abricotiers sur un espace de quelques milliers de mètres carrés sont abandonnées. Les fruits sont mûrs, je remplie mes poches d'abricots délicieux imité par les autres gars, une halte de cinq minutes nous permet de manger avec délectation les fruits juteux !
Étonné ! je vois passer un grand para d'une section d'à côté avec un crâne humain attaché sur sa musette TAP.
Il le gardera et s'en servira de repose-tête jusqu'à ce que le capitaine Le Boudec lui dise de s'en débarrasser.
Ce crâne il l'avait trouvé dans la montagne parmi les rochers.( Ce para au « crâne », je l'ai retrouvé 54 ans après grâce à l'informatique, il est devenu mon ami, un des rares survivants de cette épopée Algérienne, il vit dans le sud de la France et moi à La Rochelle, nous entretenions une amitié fidèle), il est décédé il y a peu, ainsi la chaine des souvenirs est coupée !!!
Le 18 juin,
Nous retournons à notre base de départ.
L'escadron au complet retrouve sa base avancée et ces douches !!
Je suis fourbu. Je crois que le plus dur reste la gestion de l'eau: deux bidons qui parfois doivent faire les quarante huit heures, ce n'est pas facile à gérer.
19 juin 1956.
Nous partons pour Guentis le fort de la Légion.
La piste est encore longue de quelques dizaine de kilomètres et de là, les camions nous ramènent à Tebessa.
Sommes à notre base vers 17 heures.
Opération terminée, fatigué mais content de revenir sain et sauf malgré la charge de mulet que j'ai dû transporter durant ces quinze jours sous un climat d'enfer.
Nous avons tenu grâce à notre cohésion, notre mental et notre endurance aussi pour notre amour propre et l'estime de nos chefs que nous admirons et respectons sans faille. PRIGENT dit "brétirouge "