via Long War JournalFin février, le président afghan, Ashraf Ghani, a tendu la main au mouvement taleb en se disant prêt à reconnaître ce dernier comme un parti politique dans le cadre d’un processus de paix impliquant la mise en place d’un cessez-le-feu et la libération de prisonniers. Seulement, cette proposition est restée lettre morte.
En effet, le 24 avril, les taliban afghans ont lancé leur traditionnelle offensive de printemps, qu’ils ont appelée « Al Khandaq », en référence à la bataille dite des « coalisés », remportée par Mahomet à Médine, face aux Qurayshites, alliés à la tribu juive des Banû Qurayza.
Selon le communiqué diffusé par les talibans, cette offensive vise « à écraser, tuer et capturer les envahisseurs américains et leurs partisans » grâce à des « tactiques nouvelles et complexes. »
Étant donné que la période hivernale ne marque plus désormais une baisse significative du rythme des attaques, l’annonce « traditionnelle » de leur offensive de printemps est l’occasion pour les taliban d’afficher leurs objectifs et leurs intentions.
En 2016, l’opération « Omari » [référence au mollah Omar, le fondateur du mouvement taleb] prévoyait des « attaques à grande échelle » à travers le pays. Et, de fait, ils mirent la pression sur 6 capitales provinciales, envahirent plusieurs districts et lancèrent des attaques d’ampleur contre des bases militaires afghanes.
L’an passé, l’offensive « Mansouri », appelée ainsi en référence au successeur du Mollah Omar, tué par une frappe américaine, promettait de concentrer les attaques sur les forces « étrangères » et de mettre l’accent sur la gouvernance des territoire passés sous leur contrôle. De fait, les taliban n’ont ni perdu, ni gagné de terrain en 2017 (ils contrôleraient et/ou disputeraient 58% des districts, essentiellement ruraux).
L’opération « Al Khandaq » se veut une réponse à la nouvelle stratégie des États-Unis en Afghanistan, annoncée en août 2017 par le président Trump. Cette dernière a assoupli les règles d’engagement des forces américaines, dont les effectifs ont été augmentés. En outre, elle prévoit de s’en prendre au mode de financement des taliban, qui repose sur la production et le trafic d’opium, tout en mettant la pression du le Pakistan, accusé de leur servir de refuge.
Par ailleurs, l’année 2018 s’annonce particulièrement délicate sur le plan sécurité dans la mesure où des élections législatives et régionales seront organisées en octobre et que la protection des bureaux de vote sera compliquée à garantir. Déjà, le 23 avril, un attentat suicide [revendiqué par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique, ndlr] a fait au moins 31 tués à proximité d’un centre de distribution de cartes d’identité et d’inscription des électeurs, à Kaboul.