Le 20 avril, un groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Harry S. Trumman est arrivé en Méditerranée pour être placé sous l’autorité de la VIe flotte de l’US Navy, dont le quartier général est installé à Naples. Ce déploiement n’a rien à voir avec les récentes frappes contre le programme chimique syrien étant donné qu’il avait été planifié bien avant.
Normalement, ce groupe aéronaval devrait ensuite prendre la direction du Canal de Suez pour ensuite rejoindre le golfe arabo-persique, où la marine américain s’attache à maintenir au moins un porte-avions depuis l’opération « Tempête du désert » [1991]. Cependant, ces deux dernières années, une telle présence n’a pas été continue, le porte-avions français Charles de Gaulle ayant assuré l’intérim de décembre 2015 à février 2016.
Aussi, il n’est pas encore certain que l’USS Harry S. Truman rejoindre le golfe arabo-persique à l’issue de son passage en Méditerranée. Selon Defense News, le Pentagone envisagerait de le laisser sous le commandement de la VIe Flotte afin de répondre « aux activités russes » dans la région.
La décision de maintenir ou pas ce groupe aéronaval [carrier strike group] en Méditerranée n’a pas été prise. Mais elle répondrait à plusieurs objectifs.
En premier lieu, cela serait conforme à la nouvelle stratégie de défense nationale américaine, qui demande au Pentagone d’être « moins prévisible » au niveau opérationnel. En outre, cela permettrait de « rassurer » les Alliés de l’Otan inquiets des manoeuvres russes, de maintenir la pression sur le régime de Bachar el-Assad si jamais il utilise à nouveau des armes chimiques et de surveiller les routes maritimes tout en gardant un oeil sur les activités terroristes en Afrique du Nord (et en Libye en particulier).
« Il n’y a pas de symbole plus reconnaissable de la puissance navale américaine qu’un groupe aéronaval », a commenté le vice-amiral Lisa Franchetti, commandant de la 6ème flotte, dans un communiqué. Et d’ajouter : « Sa présence dans cette région vitale reflète notre engagement en faveur d’une Europe et d’une Afrique sûres, prospères et libres ».
Cela étant, l’objectif prioritaire resterait la Russie, conformément à ce qu’affirme la stratégie de défense américaine, selon laquelle « la compétition stratégique interétatique, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation » des États-Unis.
Or, affirme Defense News, « garder un porte-avions près des intérêts stratégiques russes suit également de près la stratégie de défense récemment publiée » par le Pentagone.
Quant aux moyens américains pour le golfe arabo-persique, les États-Unis disposent de bases aériennes aux Émirats arabes unies et au Qatar qui peuvent être sollicitées au besoin. D’ailleurs, c’est déjà le cas, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste.
Pour mémoire, l’USS Harry S Trumman est accompagné par le croiseur USS Normandy et les destroyers USS Arleigh Burke, USS Bulkeley, USS Forrest Sherman et USS Farragut. La frégate allemande FGS Hessen fait également partie de l’escorte.