Les chiffres présentés au début de cette année au sujet de l’orpaillage clandestin, en Guyane, pouvaient être décourageants. Ainsi, 10 après le lancement de l’opération Harpie, qui vise à lutter contre ce phénomène qui génère de la violence et des dégâts à l’environnement (en raison du rejet de mercure dans la nature), le nombre de chantiers illégaux avait pratiquement retrouvé le niveau qui était le sien en 2009, avec plus de 600 sites actifs.
Pourtant, les efforts menés en 2016 avaient permis de réduire significativement l’activité des « garimpeiros », ces chercheurs d’or qui, venus du Brésil, n’hésitent pas à faire le coup de feu contre les Forces armées en Guyane (FAG) et les militaires de la Gendarmerie nationale.
Seulement, la nécessité de renforcer la lutte contre la délinquance et les mouvements sociaux du printemps 2017 ont détourné les gendarmes de l’opération Harpie. Quant aux FAG, elles ont été sollicités après le passage de l’ouragan Irma aux Antilles. D’où le regain de l’orpaillage illégal constaté l’an passé.
Mais depuis le début de cette année, les FAG et la gendarmerie mettent les bouchées doubles pour regagner le terrain perdu. Ainsi, indique le ministère des Armées, les 448 patrouilles menées lors du dernier trimestre ont permis de saisir ou de détruire 1.207 carbets, 41 quads, 95 motopompes et 126 groupes électrogènes. Et lors d’opérations menées en mars, 25 puits ont été détruits.
Conséquences : le nombre de sites actifs est passé de 623 à 478 et la somme totale des avoirs criminels saisis s’élève à 4,5 mllions d’euros, soit une « augmentation de 54% des saisies réalisées, à la même période et sur la même durée en 2016, année qui avait pourtant été exceptionnelle pour ses résultats », fait valoir le ministère des Armées.
Ce dernier explique ce résultat par une par une meilleure coordination avec les administrations concernées. Jusqu’à présent, cette coopération était insuffisante, comme l’avait signalé Éric Vaillant, le procureur de la République, lors de son discours prononcé à l’audience solennelle du tribunal de grande instance de Cayenne, en janvier.
« Encore trop de missions (20 à 30%) des FAG partent sans ce que j’appelle par facilité des ‘agents destructeurs’. Nous devons y mettre fin en mobilisant et en organisant mieux les agents de toutes les administrations qui disposent de personnels ayant les pouvoirs de destructions des sites », avait-il alors estimé, déplorant au passage le manque de sévérité à l’égard des garimpeiros qu’il fallait voir, selon lui, comme des « délinquants assumés qui, pour s’enrichir, viennent piller l’or de Guyane et polluer sa terre » et non pas comme des « esclaves modernes. »
L’autre raison de ces bons résultats de la mission Harpie est la hausse de l’engagement des FAG. « Depuis deux mois, jusqu’à 513 marsouins et légionnaires sont engagés dans des opérations de lutte contre l’orpaillage illégal alors que l’effectif moyen était de 310 militaires en 2017 », a précisé le ministère des Armées.
Photo : Des militaires de l’opération Harpie transportent un concasseur d’une demi-tonne à l’épaulée (c) EMA