Quand, le 14 octobre 1947, aux commandes du Bell X-1, Chuck Yeager franchit le mur du son pour la première fois, un « bang » se fit entendre dans le ciel de Californie. Et pour cause : plus un avion vole vite, plus il comprime l’air autour de lui. Et, quand sa vitesse atteint celle du son (soit environ 340 mètres par seconde), il se produit une onde de choc sous forme de « bang supersonique ». Et si la vitesse augmente encore, l’onde de choc, devenue moins rapide que l’appareil, se propage derrière lui.
Maintenant, est-il possible d’éviter de phénomène physique aérondynamique? Pour répondre à cette question, la Nasa (National Aeronautics and Space Administration) vient de confier un contrat de 247,5 millions de dollars à la division « Skunk Works » de Lockheed-Martin pour développer, construire et tester le LBFD (Low-Boom Flight Demonstrator), un prototype expérimental (un X-Plane) capable de franchir le mur du son sans produire le « bang » caractéristique.
Cet appareil « sera construit spécifiquement pour développer des technologies qui réduisent l’intensité sonore d’un ‘bang’ à celle d’un bruit soud », a expliqué Jaiwon Shin, un responsabe de la division aéronautique de la Nasa, lors d’une conférence de presse.
Le LBFD devrait commencer sa campagne d’essais à partir de 2021 et survolera « certaines villes américaines. » La NASA « demandera aux gens qui y vivent et y travaillent de dire ce qu’ils auront entendu, si tant est qu’ils aient entendu quelque chose », a ajouté M. Shin.
Ce nouveau X-Plane aura une longueur de 29 mètres (soit la taille d’un avion d’affaires) et devra voler à une altitude de 55.000 pieds, à la vitesse de Mach 1,4, tout en faisant autant de bruit que celui produit par la fermeture d’une portière (soit 75 décibels). Il sera propulsé par un réacteur General Electric F414.
« Nous sommes honorés de poursuivre notre partenariat avec la NASA pour permettre une nouvelle génération d’avions supersoniques », a déclaré Peter Iosifidis, responsable de la division Skunk Works.
Ce programme « Quiet Supersonic Technology » (QueSST) de la NASA concerne en premier lieu l’aviation commerciale, étant entendu qu’un avion pouvant voler à une vitesse supersonique tout étant relativement silencieux serait de nature à « révolutionner » le transport aérien.
Dans le projet de budget approuvé par le président Trump, il est affirmé que ce programme pourrait « ouvrir un nouveau marché aux compagnies américaines pour construire des avions commerciaux plus rapides, créer des emplois et diviser par deux la durée de la traversée » des Etats-Unis d’une côte à l’autre ». Mais sans doute que l’US Air Force va regarder tout cela de très près (si ce n’est déjà fait…).