Parce que son contrôle permet de verrouiller la Centrafrique et d’exploiter les mines d’or et de diamant tout en prélevant une dîme sur le commerce, la région de Bambari est stratégique. Et c’est pour cela que plusieurs groupes armés, aux alliances mouvantes, y tentent d’imposer leur loi et que la MINUSCA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine, ndlr] peine à y maintenir l’ordre et la sécurité.
Depuis quelques semaines, deux groupes s’affrontent : l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), dirigé par le « général » Ali Darass, par ailleurs en délicatesse avec l’ex-Séléka, la rébellion à dominante musulmane dont il est issue, et un faction « anti-balaka », autrefois commandée par Gaétan Bouadé (dit le « général Gaétan »), tué en décembre dernier.
Le 21 mars, les « anti-balaka » de la Ouaka [région de Bambari, ndlr] ont attaqué le village de Tagbara, qui, situé à une soixantaine de kilomètres de Bambari, était alors contrôlé par l’UPC. Ces affrontements « ont causé d’importantes pertes en vies humaines dont le prêtre de Maloum [l’Abbé Joseph-Désiré Angbabata, ndlr] et des enfants parmi les civils », a indiqué la MINUSCA, deux jours plus tard.
Puis, à son tour, l’UPC a lancé un assaut contre le village de Seko, situé 15 km plus au sud, en guise de représailles. Là, selon les témoignages, quatre miliciens « anti-balaka » auraient été tués.
« En réponse à cette escalade de la violence, la MINUSCA a déployé des patrouilles sur le terrain en vue de protéger les civils », a ensuite fait savoir la mission des Nations unies. D’autant plus que ces nouveaux affrontements ont été la cause, une fois de plus, d’un important déplacement de civils, qui ont trouvé refuge dans les environs de la base temporaire des Casques bleus à Tagbara.
Pour autant, les patrouilles de la MINUSCA n’ont pa calmé les esprits. Le 2 avril, les Casques bleus ont été avertis que l’UPC retenait 23 personnes, dont 13 femmes et 3 enfants. Parmi les hommes, il figurait probalement le chef anti-balaka à l’origine de l’attaque contre Tagbara, une semaine plus tôt. Tous ont été « récupéré pacifiquement », a précisé la mission des Nations unies.
Cette probabilité est d’autant plus forte que les anti-balaka ont lancé un assaut, dans la nuit du 2 au 3 avril, contre la base temporaire de la MINUSCA installée justement à Tagbara. Au cours des combats, un Casque bleu, a priori de nationalité mauritanienne, a perdu la vie et 11 autres ont été blessés. Quant aux assaillants, 22 ont été tués.
« En réponse à cette attaque, la MINUSCA a déployé des renforts à Tagbara et a évacué le corps du casque bleu tué de même que les blessés sur Bangui et Bria », a indiqué un communiqué de la mission de l’ONU.
Plus tard, « indépendamment de cet incident », a continué la MINUSCA, les Casques bleus ont découvert les « corps sans vie de 21 civils (13 hommes, 4 femmes et 4 enfants) près d’une église de Tagbara. » Et, d’après les premières constatations, ce massacre a été commis avec des « armes traditionnelles. »
« Rien ne pourrait justifier de tels actes qui peuvent être considérés comme des crimes de guerre. Une enquête sera diligentée afin de ne laisser aucune place à l’impunité », a averti la MINUSCA.
Par ailleurs, le même jour, les Casques bleus [marocains] et les Forces armées centrafricaines [FACA] ont libéré 15 personnes alors retenues en otage par l’Armée de libération du seigneur (LRA), un groupe armé d’origine ougandaise, après l’attaque du village de Koumbou, dans l’extrême sud-est du pays.
« Les éléments de la LRA ont pris en otage un certain nombre d’habitants, et sont partis avec eux en brousse. Les FACA et les éléments du contingent marocain de la MINUSCA ont décidé ensemble de lancer une poursuite. Cette poursuite a permis de retrouver les traces des otages et de leurs ravisseurs. Après échanges de coups de feu avec les assaillants, nos forces conjointes ont pu, dans leur riposte, libérer quinze otages et les ramener dans leur village de Koumbou », a expliqué Ange Maxime Kazagui, le Porte-parole du gouvernement centrafricain.