Les Nations unies et l’Union européenne avaient réclamé des investigations sur l’usage de balles réelles par l’armée israélienne lors de « la marche du retour », vendredi.
Après la mort, vendredi 30 mars, de seize Palestiniens, tués par l’armée israélienne (Tsahal) lors d’une manifestation dans la bande de Gaza, Israël continuait, dimanche, de rejeter les appels internationaux à une enquête indépendante.
Le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman, a qualifié ces requêtes d’« hypocrites ». « Il n’y aura pas de commission d’enquête », a-t-il déclaré à la radio publique israélienne :
« Il n’y aura rien de tel ici. Nous ne coopérerons avec aucune commission d’enquête. »
Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a également rejeté toutes les critiques et il a exprimé, samedi, dans un communiqué son soutien à l’armée : « Bravo à nos soldats. »
Le lendemain, il a aussi dénoncé les « leçons de morale » du président turc, Recep Tayyip Erdogan ; ce dernier avait accusé la veille Israël d’avoir commis une « attaque inhumaine ». « L’armée la plus éthique du monde n’a pas de leçons à recevoir de la part de celui qui bombarde des civils sans discernement depuis des années », a tweeté M. Nétanyahou.
« Hé, Nétanyahou ! Tu es un occupant ! Et c’est en tant qu’occupant que tu es sur ces terres. En même temps, tu es un terroriste », lui a rétorqué dans la foulée M. Erdogan, lors d’un discours télévisé devant ses partisans à Adana (sud de la Turquie). « Ce que tu fais aux Palestiniens opprimés sera inscrit dans l’histoire et nous ne l’oublierons jamais », a-t-il poursuivi, ajoutant que « le peuple israélien est mal à l’aise avec ce que tu fais ».
Usage de balles réelles contre les manifestants
L’usage de balles réelles par l’armée israélienne est au cœur des interrogations de la communauté internationale et des organisations de défense des droits humains. Vendredi a été la journée la plus meurtrière dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014 : seize Palestiniens ont été tués et plus de 1 400 ont été blessés, dont 758 par des tirs à balles réelles, selon le ministère de la santé dans l’enclave.
Tsahal a ouvert le feu sur des manifestants qui s’étaient approchés à quelques centaines de mètres de la clôture ultra-sécurisée qui sépare l’Etat hébreu de Gaza. Les Palestiniens assurent que les manifestants ne représentaient aucun danger immédiat. Israël a répondu avoir tiré contre ceux qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov sur les soldats, ou tentaient d’endommager la clôture et de s’infiltrer en Israël.Des dizaines de milliers de personnes avaient afflué vers la frontière, au premier jour de « la marche du retour ». Cette protestation, censée durer six semaines, vise à réclamer « le droit au retour » des Palestiniens qui, par centaines de milliers, furent chassés de leurs terres ou durent fuir lors de la guerre ayant suivi la création de l’Etat d’Israël, en 1948.