En février, avec des frappes aériennes effectuées par des avions américains, la coalition anti-EI dirigée par les États-Unis est intervenuepour stopper l’avancée de forces pro-Assad (dont des mercenaires russes) vers la localité de Kusham qui, contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), est située sur la rive orientale de l’Euphrate, dans la province de Deir Ez-Zor.
La présence des FDS dans cette zone s’explique par la nécessité de réduire les dernières poches de résistance de l’État islamique (EI ou Daesh). Or, ces derniers jours, les milices kurdes syriennes, qui constituent le gros de leurs effectifs, y ont réduit leur présence afin de pouvoir envoyer des renforts dans le canton d’Afrin, alors visé par une offensive menée par la Turquie.
Les forces pro-gouvernementales syriennes ont-elles voulu profiter de cette situation? Toujours est-il que, selon James Mattis, le chef du Pentagone, un nouvel accrochage a récemment été évité de justesse.
Des « éléments russes » – comprendre : des mercenaires – ont pris position à l’est de l’Euphrate, « dans une zone où nous avions convenu qu’ils pourraient aller », a dit M. Mattis, le 27 mars. Mais ils se sont approchés de « trop près » des positions tenues par les militaires américains présents aux côtés des FDS.
A priori, ces mercenaires russes ont commencé à établir des positions de tirs, ce qui a inquiété les militaires américains.
Pour régler cette question, le général Josopeh Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, a eu une conversation téléphonique avec le général Valéri Gerasimov, la semaine passée. Puis, les « éléments [russes] se sont retirés et nous avons légèrement reculé aussi », a expliqué M. Mattis.
« Il semble donc que cette fois-ci, ça se soit réglé par la ligne téléphonique de désescalade. […] Il semble que nous soyons sur une tendance stable », a conclu le chef du Pentagone.
Par ailleurs, le fait qu’il a suffi d’une conversation entre les généraux Dunford et Gerasimov pour éviter un nouvel incident laisse penser que les groupes paramilitaires et les sociétés militaires russe (officiellement interdites en Russie tout en étant quand même proches du pouvoir) prennent leurs ordres à Moscou. Or, tel n’est pas l’avis du chef du Pentagone.
« Les officiers russes qui appliquent les règles de déconfliction [convenues entre l’état-major russe et celui de la coalition anti-EI, ndlr] nous ont dit qu’ils ne faisaient pas partie de leurs forces. Je pense qu’ils étaient franchement honnêtes avec nous », a en effet dit M. Mattis. Et « à ce jour, je n’ai pas de preuve qu’ils aient été malhonnêtes », a-t-il ajouté.