Le 26 mars 2015, l’Arabie Saoudite prenait la tête d’une coalition arabe pour intervenir au Yémen, afin d’y soutenir les forces loyales au président Abdrabbo Mansour Hadi, alors aux prises avec les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et alliés aux partisans de l’ex-président Saleh.
Trois ans plus tard, ce conflit a fait environ 10.000 tués et 53.000 blessés parmi les civils (selon l’ONU). La coalition arabe serait responsable de plusieurs bavures (513 civils auraient tués lors de 31 raids aériens). De même que les rebelles Houthis, ces derniers étant accusé de viser « de manière indiscriminée » des zones résidentielles.
En outre, la situation humanitaire s’est considérablement dégradée, avec 8 millions de Yéménites en « insécurité alimentaire ».
Sur le plan militaire, les rebelles Houthis contrôlent Sanaa, la capitale, (après avoir évincé les partisans de l’ex-président Saleh), et plus largement, une partie du nord du pays. En janvier, l’ONU a fait part de sa préoccupation au sujet du risque d’une partition du Yémen, étant donné le manque de progrès dans les opérations conduites par l’Arabie Saoudite (depuis la prise de cinq provinces du Sud aux rebelles) et les dissensions dans le camp pro-gouvernemental. En outre, al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et, dans une moindre mesure, l’État islamique, cherchent à y conforter leur présence.
Quoi qu’il en soit, pour marquer le troisième anniversaire de l’intervention de la coalition arabe, les miliciens Houthis ont tiré une salve de 7 missiles balistiques en direction de l’Arabie Saoudite, ce 26 mars. Tous ont été interceptés par défense aérienne saodienne, a assuré la coalition arabe.
Dans le détail, trois de ces engins ont visé Riyad, où les débris de l’un d’entre-eux ont touché une maison, tuant un ressortissant égyptien et blessant deux autres personnes. Les villes de Khamis Mecheit, de Najrane et de Jazane, dans le sud de l’Arabie Saoudite, ont également été concernées par cette salve.
« Le tir de multiples missiles balistiques vers des villes est un développement grave », a fait valoir colonel Maliki, le porte-parole de la coalition arabe.
C’est la première fois que la rébellion Houthis lance autant de missiles balistiques simultanément en direction de l’Arabie Saoudite.
Selon le dernier rapport du panel d’experts des Nations unies sur le Yémen, basé sur l’étude de missiles tombés en Arabie Saoudite lors de deux incidents séparés, l’Iran aurait violé l’embargo sur les armes imposé au pays en livrant aux rebelles des engins balistiques et des drones. Ce que Téhéran dément.
Aussi, le colonel Maliki a estimé que les tirs de ces missiles, qualifiés « d’actes agressifs et hostiles », prouve « que le régime iranien continue d’offrir une aide militaire » aux rebelles Houthis.
Dans un discours retransmis par la chaîne al-Masirah, le chef de ces derniers, Abdel Malek al-Houthi a accusé l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis d’être les « outils de l’agression inspirée par les États-Unis » et d’être responsables de multiples « crimes de guerre ».
« Nous sommes prêts à plus de sacrifices parce que notre peuple est devenu plus apte à résister à l’agression », a dit aussi le chef rebelle, le 25 mars, peu avant le tir des missiles contre l’Arabie Saoudite. « Pour nous, la question concerne notre liberté, notre dignité et notre indépendance, qu’on ne peut pas marchander », a-t-il insisté.