Le plus grand paquebot du monde a quitté, samedi 24 mars, le port de Saint-Nazaire. Direction Malaga en Espagne, sous les au revoir de la foule.
9 h ou 8 h 30 ? Ces deux-là n’étaient plus vraiment sûrs de l’heure du départ. Alors, Danièle et Jean, son époux, ont quitté aux aurores leur camping-car pour ne pas rater une miette des mouvements du Symphony of the Seas . Tel un secret qu’elle n’oserait jamais dévoiler, cette retraitée, arrivée de Mayenne une semaine plus tôt à Saint-Nazaire, avoue à demi-mot en pincer pour ces géants des mers. « C’est toujours un spectacle impressionnant. »
Guidé par cinq remorqueurs
Le plus grand paquebot du monde a quitté lentement le port qu’il a vu naître à 8 h 30, ce samedi 24 mars, guidé par cinq remorqueurs. Ce départ matinal n’a pas effrayé les curieux. Ils étaient plusieurs milliers sur les trois kilomètres du front de mer, pour dire adieu à ce grand navire blanc bleuté.
Habitués ou novices, tous avaient les yeux rivés vers l’estuaire de la Loire, déjà traversé par d’autres paquebots. Dont le grand frère, à la taille similaire : l’ Harmony of the Seas. Deux ans plus tôt, ce mastodonte de 362 mètres de long avait pris le large, sous les applaudissements d’une foule de 60 000 personnes. C’était déjà le plus grand paquebot du monde.
Le poids de 22 tours Eiffel
Avec ses 70 mètres de haut et ses 66 mètres de large, le Symphony se différencie de son prédécesseur par son poids. Il atteint les 228 000 tonnes, contre 227 000 pour son grand frère. Soit, l’équivalent de 22 tours Eiffel ou 600 TGV. Un bateau plus lourd donc, comportant 45 cabines de plus pour transporter les 6 000 passagers et 2 500 membres d’équipage. Autre particularité, il est le premier paquebot à recevoir la classification « Silent-E » de la part de la fondation norvégienne Det Norske Veritas, pour son bas niveau de bruit émis dans l’eau. Des sons perturbant les mammifères marins.
Bouffée d’oxygène
La construction a commencé il y a trois ans, tandis que l’ Harmony était sur le point d’être achevé. Cette double commande passée à Noël 2012 marquait le retour de l’armateur américain Royal Caribbean cruise line (RCCL) aux chantiers STX de Saint-Nazaire, alors que l’activité était en baisse. Une bouffée d’oxygène pour la navale, mais surtout le début d’une incroyable prospérité.
Bientôt le Celebrity Edge
Depuis, les chantiers sont en ébullition. STX, bientôt sous la bannière du constructeur italien Fincantieri, doit livrer douze paquebots jusqu’en 2026. Le prochain, le Celebrity Edge, moins grand, est déjà très avancé. La livraison est prévue en novembre 2018. Deux autres pour l’armateur MSC sont déjà dans les cales. Enfin, la découpe de la première tôle du « grand petit frère » l'’ Harmony et du Symphony est programmée pour fin 2018. Il sera livré à la Royal Caribbean en 2021.
C’est sûr, Danièle et Jean reviendront à Saint-Nazaire. En attendant, ils regardent inlassablement le building flottant filer vers l’horizon. Cap sur Malaga en Espagne avec à son bord, 250 salariés STX invités par la direction, une centaine de techniciens et les 2 200 membres d’équipage. Pour la croisière inaugurale, il rejoindra Barcelone, port d’attache de sa saison de croisière en Méditerranée.