La ministre des Armées, Florence Parly, en est convaincue : l’intelligence artificielle sera « bientôt dans toutes les casernes, sur tous les navires et dans tous les aéronefs » car « la navigation autonome, le combat collaboratif, la simulation et la maintenance prédictive seront le quotidien de nos soldats, marins et aviateurs ».
Et « les algorithmes sont là, les opportunités sautent aux yeux et
les grandes puissances y investissent massivement », a ajouté Mme Parly, qui s’exprimait à l’occasion d’une visite au site de Dassault Aviation implanté à Saint-Cloud, le 16 mars.
« Bientôt » signifie que, avant la fin de la prochaine Loi de programmation militaire (c’est à dire en 2025), « l’intelligence artificielle […] permettra des combats collaboratifs et les premiers
systèmes de combat de contact dans SCORPION, la reconnaissance automatique des signatures radar et sonar, tel un véritable ‘Shazam’ (*) du radar », a affirmé la ministre.
« Sur la terre, sur la mer ou dans les airs, l’intelligence artificielle aidera partout nos soldats. Et au-delà même de l’équipement des forces, l’intelligence artificielle sera un levier extraordinaire pour permettre de continuer le mouvement de transformation du ministère, pour faciliter et améliorer les performances et le quotidien de tous, depuis les fonctions de maintenance jusqu’au système de santé des armées », a continué Mme Parly.
Ces propos s’inscrivent dans la ligne de ceux tenus l’an passé par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. « L’intelligence artificielle est un élément de notre souveraineté nationale ».
Lors de son allocution, Mme Parly a ainsi indiqué que le ministère des Armées « sera également plus que jamais en soutien à la recherche » et lancera « des études pour intégrer l’intelligence
artificielle partout où elle pourra aider » les militaires. Et d’insister : « Les radars, les sonars, les systèmes de combat, les outils de cybersécurité ou de renseignement : tous seront concernés. » Pour cela, une enveloppe de « 100 millions d’euros par an » y sera consacrée.
Déjà, la Direction générale de l’armement (DGA) a lancé le programme FURIOUS (FUturs systèmes Robotiques Innovants en tant qu’OUtilS au profit du combattant embarqué et débarqué), qui, confié à Safran Electronics & Defense et à la PME Effidence (qui s’appuieront sur une dizaine de PME spécialisées ainsi que sur des laboratoires français de robotique) vise à préparer la future capacité de robots des unités de combat de l’armée de Terre en développant trois démonstrateurs dédiés à la reconnaissance de zone, l’exploration de bâtiments et le transport de matériels.
En effet, il n’est pas question de mettre au point des « robots tueurs » autonomes. Sur ce point, Mme Parly a été très claire. « Les systèmes respecteront les conventions internationales sur le droit de la guerre et l’homme sera à tout moment dans la boucle », a-t-elle assuré.
La présence de Mme Parly au siège de Dassault Aviation était motivée par le lancement d’un second projet lié à l’intelligence artificielle, à savoir le Plan d’Étude Amont « Man-Machine-Teaming », confié au constructeur du Rafale et à Thales en janvier dernier.
« MMT, c’est la DGA qui demande à certains de nos fleurons industriels, Thales et Dassault, de s’entourer de toutes les bonnes volontés et de toutes les meilleures compétences », a expliqué la ministre.
Concrètement, le projet MMT vise à développer les technologies de l’intelligence artificielle nécessaires à l’aviation de combat du futur. Pour cela, Dassault Aviation (mandataire, système de combat aérien) et Thales (cotraitant, part Interface Homme/Système et capteurs)s’appuieront sur un « écosystème » d’une centaine de PME, start-up, laboratoires et centres de recherche spécialistes de cette discipline, de la robotique et des nouvelles interfaces Homme/Machine.
Le projet MMT se déroulera sur 3 ans. Il doit permettre, entre autres, à « définir cockpits et les systèmes autonomes futurs », « faire progresser les technologies innovantes dans le domaine des équipiers Homme et Machine au sein du système aérien cognitif, en particulier dans l’autonomie décisionnelle et le machine learning » ainsi que les « les concepts et technologies dans le domaine des capteurs intelligents / apprenants. »
Plusieurs axes de recherche ont été définis : « assistant virtuel, nouvelles interactions Homme/Machine », « réalité augmentée, multimodalité, oculométrie et casque EEG », « analyse de la situation, allocation dynamique de tâches, trajectoires autonomes, prise ou proposition de décision ultra-rapide », « apteurs cognitifs et apprenants, deep learning » et « fusion des données en multi-capteurs, détection de zone d’intérêt, détection de comportement. »
Au ministère des Armées, l’on explique que les technologies développés dans le cadre du projet MMT « ne sont pas liées à une plateforme ou un programme en particulier » mais qu’elles ont au contraire la « vocation d’irriguer tous les futurs systèmes de combat aérien, qu’ils soient pilotés ou non. »