Accusé d’avoir tué et mutilé la journaliste suédoise Kim Wall à bord de son sous-marin, le Danois Peter Madsen a maintenu sa version à l’ouverture de son procès, ce jeudi à Copenhague. L’inventeur nie toujours le meurtre.
C’est un des procès de l’année qui s’est ouvert ce jeudi à Copenhague, avec comme personnages principaux un inventeur autodidacte, Peter Madsen, et une journaliste suédoise de 30 ans, Kim Wall, venue l’interviewer dans son sous-marin de 18 mètres. Après avoir plongé dans la mer entre le Danemark et la Suède, la journaliste disparaît entre le 10 et le 11 août 2017, avant que son buste ne soit retrouvé dans la baie de Køge.
Accusé de meurtre, atteinte à l’intégrité d’un cadavre et agression sexuelle, Peter Madsen ne s’est pas exprimé lors de l’audience au tribunal de Copenhague, mais a confirmé, par la voix de son avocate, qu’il n’avait pas modifié sa ligne de défense selon laquelle Kim Wall est morte accidentellement à bord du sous-marin. S’il a reconnu avoir jeté son cadavre en mer, au large de la capitale danoise, il nie également l’avoir agressée sexuellement.
Lors de l'audience, l'inventeur danois a affirmé que la journaliste suédoise a succombé à une soudaine dépressurisation de l'habitacle du submersible. La chute de pression d'air a créé un phénomène d'aspiration qui a fait tomber le panneau de l'écoutille, piégeant Kim Wall dans le sous-marin qui s'est alors empli d'échappements toxiques alors que Peter Madsen se trouvait sur le pont, impuissant, a-t-il raconté à la cour.
« J'essaie d'expliquer à Kim à travers l'écoutille comment arrêter les moteurs, pendant 5 à 15 minutes j'essaie d'entrer pour venir à son secours », a poursuivi le Danois. « Quand j'ai enfin réussi à ouvrir le panneau d'écoutille, un nuage de chaleur me prend au visage. Je la trouve inanimée sur le sol, je reste près d'elle et j'essaie de la faire revenir à elle, je lui donne des tapes sur les joues, je tâte son pouls », a-t-il encore dit. En vain. Constatant la mort de la jeune femme, « j'ai décidé de me suicider », a assuré Peter Madsen. Finalement, « je dors près d'elle pendant environ deux heures ».
« Je suis encore vivante »
Les derniers échanges de SMS entre Kim Wall et son petit ami, resté à terre fêter avec des amis le proche départ du couple qui avait décidé de s’installer en Chine, ont été projetés sur grand écran.
« Je suis encore vivante », plaisante-t-elle à 20 h 15 le soir du 10 août. « Mais nous allons plonger maintenant. Je t’aime ». Et puis elle envoie un dernier message une minute plus tard : « Il a même amené du café et des petits gâteaux ».
Alors que la santé mentale du Danois fait encore débat, le ministère public a requis la réclusion à perpétuité, ou une mesure de « détention de sûreté » sans limite de temps, dans le cas où il serait déclaré irresponsable pénalement. Les douze journées d’audience prévues jusqu’au 25 avril devront éclaircir la personnalité du meurtrier présumé, et les circonstances du drame.