Daesh) reste une menace dans la mesure où, ayant renoué avec la clandestinité, il continue de commettre des attentats, visant principalement la communauté chiite, et de lancer des attaques, comme celle qui a coûté la vie à une vingtaine de combattants des Unités de mobilisation populaire [Hachd al-Chaabi], près de Kirkouk, en février.
Aussi, avoir privé Daesh de ses implantations territoriales d’où il pouvait planifier des attentats à l’étranger était l’objectif principal de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, qui est intervenue en Irak à la demande des autorités irakiennes. Cependant, il reste encore à faire pour réduire les capacités de cette organisation jihadiste, d’autant plus que sa résilience est de nature à entraver la reconstruction des zones dévastées par les combats.
Sur ce plan, la solution n’est pas seulement militaire : elle est aussi politique. En clair, il faut éviter de reproduire les circonstances qui ont favorisé l’émergence et l’élan de l’EI. Ce qui passe par des relations intercommunautaires apaisées. Or, l’Irak n’en prend pas le chemin. « La faible représentation des Sunnites au Gouvernement, ont favorisé la montée de l’EI et restent encore sans solution et une menace pour l’avenir » du pays, a ainsi récemment prévenu un rapport du secrétaire général des Nations unies.
En janvier, dans un entretien donné à Libération, Florence Parly, la ministre des Armées, a résumé la position de la coalition. « Il ne s’agit pas uniquement de terminer les combats, il faut gagner la paix », avait-elle dit. Et d’ajouter : « Nous sommes à la disposition des autorités irakiennes pour poursuivre, voire amplifier, la formation que nous leur accordons. Nous souhaitons basculer d’une logique d’intervention militaire à un objectif de stabilisation politique. »
« Une présence continue de la coalition en Irak sera assurée à certaines conditions, proportionnellement aux besoins et en coordination avec la gouvernement irakien. […] Grâce aux succès ayant suivi la libération de Mossoul, la coalition va changer d’orientation en Irak, pour passer du soutien apporté aux opérations de combat à la préservation des gains militaires contre l’EI », expliqua, en février, l’état-major de l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition, ndlr].
Seulement, le Parlement irakien, dominé par les chiites, ne l’entend pas ainsi. Le 1er mars, il a en effet voté une résolution demandant au gouvernement d’établir un « calendrier de retrait des forces étrangères » présentes dans le pays, c’est à dire celles de la coalition anti-EI.
Déjà, plusieurs organisations proches de l’Iran ont demandé le départ des forces de la coalition, qui comptent 5.000 soldats américains ainsi que des instructeurs français, canadiens ou encore britanniques.
« Nous avons entendu à plusieurs reprises des responsables américains (dire) que Washington voulait rester en Irak après Daesh. Nous ne le permettrons pas et c’est absolument inacceptable », avait ainsi lancé Qaïs al-Khazali, le secrétaire général de la milice chiite Asaïb Ahl al-Haq.
Cela étant, le gouvernement irakien n’entend visiblement pas céder à cette pression. Et la formation donnée aux troupes irakiennes va même s’amplifier avec la mission qu’est en train actuellement de planifier l’Otan, à la demande des États-Unis.
Cette mission a été évoquée à l’occasion d’une visite à Bagdad de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique. « Nous sommes ici parce que l’Irak veut que nous le soyons, nous ne sommes pas ici sans le consentement et l’invitation de l’Irak », a-t-il confié à l’AFP, le 5 mars.
« Nous avons reçu une demande écrite du Premier ministre Abadi », a encore insisté M. Stoltenberg, qui a assuré que « nous ne resterons pas plus longtemps que nécessaire. »
L’Otan va « former des formateurs aussi longtemps que nécessaire pour être sûr que l’EI n’émerge pas de nouveau » et va, à cet effet, aider l’Irak à « établir des écoles et académies militaires » tout en travaillant « à des réformes institutionnelles, notamment la lutte contre la corruption », a expliqué l’ex-Premier ministre norvégien.
Reste à voir ce qu’en diront les électeurs irakiens, appelés aux urnes en mai prochain pour élire leurs députés.
Photo : État-major des Armées