Actuellement, l’armée de l’Air dispose de deux Transall C-160 « Gabriel », spécialisés dans le recueil du renseignement d’origine électro-magnétique (ROEM). L’an passé, son chef d’état-major (CEMAA), le général André Lanata, avait insisté, auprès des parlementaires, sur la nécessité de lancer rapidement le programme de « Charge universelle de guerre électronique » (CUGE) avant de pouvoir remplacer, en 2023, les avions de l’Escadron électronique aéroporté 00.054 « Dunkerque ». D’autant plus que cela était prévu par la Loi de programmation militaire (LPM) en cours.
Le Transall C-160 Gabriel, « doté de moyens d’écoute électromagnétique, qui recueille des signaux sur les systèmes radar adverses, est extrêmement important pour nous, car c’est à partir de l’analyse de ces signaux que nous sommes en mesure de disposer d’une bonne évaluation des forces se trouvant en face de nous et de programmer nos contre-mesures électroniques, donc d’adapter nos moyens de protection aux systèmes adverses », avait expliqué le général Lanata, en juillet dernier. Et d’ajouter : « Il est donc de la toute première importance, j’insiste, de lancer au plus tôt – donc avant la fin de cette année [2017, ndlr] – le programme CUGE […] La LPM ayant été construite sans marge, le moindre décalage crée une nouvelle rupture capacitaire. »
Le programme CUGE n’a pas été lancé avant la fin de l’année dernière, comme l’avait souhaité le général Lanata. Et les C-160 Gabriel devront jouer les prolongations pendant deux ans de plus. Ce délai supplémentaire en vaut-il le coup?
En effet, à l’issue d’un Comité ministériel d’investissement, la ministre des Armées, Florence Parly, a publié un communiqué annonçant le « lancement d’un nouveau programme d’avions de renseignement », et donc de celui désormais appelé « Capacité universelle de guerre électronique » [« capacité » et non plus « charge », ndlr].
Cette CUGE reposera sur un capteur « inédit » ayant demandé près de 10 années d’études à Thales. Ce dernier permettra d’intercepter simultanément les émissions radio et radar. Et il équipera non pas deux mais trois avions de la gamme Falcon, fournis par Dassault Aviation (le type précis de l’appareil n’a pas encore été précisé).
« Dotés d’un système de mission ambitieux, innovant et complet, trois avions de renseignement stratégique CUGE, au lieu de deux prévus initialement, remplaceront à partir de 2025 les deux Transall C-160 Gabriel actuellement en service, ainsi que l’a décidé la ministre des Armées lors des travaux de préparation de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 », lit on dans le communiqué.
Ces trois Falcon de guerre électronique « viendront renforcer les capacités du renseignement d’origine électromagnétique et contribueront à l’effort particulier sur la fonction ‘connaissance et anticipation’ des Armées françaises », ajoute le texte.
Outre cette CUGE qui équipera donc trois avions Falcon, il est également aussi question de doter les drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air d’une charge utile « renseignement électromagnétique » d’origine américaine d’ici 2020. C’est ce qu’avait indiqué le Délégué général pour l’armement (DGA), Joël Barre, en octobre. Des discussions – délicates – sont actuellement en cours entre les responsables français et américains.
L’idée est d’équiper les 6 derniers MQ-9 Reaper devant être livrés à l’armée de l’Air (qui seront au standard Block 5) avec cette charge utile ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance).
Par ailleurs, le nombre d’avions légers de renseignement et de surveillance (ALRS), dont deux exemplaires ont déjà été commandés auprès Thales et Sabena Technics a été revu à la hausse, dans le cadre de la prochaine LPM, avec 6 exemplaires de plus.