Il avait rendu visite aux marins de Brest puis aux aviateurs d’Istres dès juillet dernier. Demain, le président de la République sera dans l’est de la France pour y rencontrer l’armée de terre, un corps engagé de "façon intense" sur le terrain depuis les attentats de 2015 et endeuillé à deux reprises ces dernières semaines.
Qu’attendre d’une escapade présidentielle dans les camps militaires de Mourmelon et Suippes (Marne), sinon un bon rhume et des mocassins maculés de boue ?
Pourtant, Emmanuel Macron est bien décidé à vaincre l’adversité climatique pour rencontrer les soldats de l’armée de Terre, eux qu’il a déjà rencontrés au Mali et au Niger, qu’il a vu défiler sur les Champs-Élysées mais auprès desquels il ne s’était pas encore officiellement rendu.
Les rencontrer à Suippes et Mourmelon, ces grands camps où des générations de militaires français se sont entraînées dans l’optique d’un combat terrestre de grande intensité face aux armées du Bloc de l’Est, n’est pas anodin. C’est reconnaître que l’une des missions de l’armée française d’aujourd’hui, c’est aussi la défense du flanc oriental de l’Europe. D’où les déploiements français en Estonie et, actuellement, en Lituanie. D’où l’accent mis sur les futurs moyens conventionnels de l’armée de Terre pour vaincre en cas d’éventuelles confrontations aéroterrestres.
Rétablie la confiance
Ces moyens à venir, l’armée de Terre les attend avec impatience. Elle, dont les blindés et les hélicoptères ont plus de 40 ans et sont à bout de souffle. Elles dont les hommes ont désappris les gestes du combat conventionnel de haute intensité.
Selon le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Jean-Pierre Bosser, « notre force opérationnelle terrestre compte 77 000 militaires alors que nos équipements sont conçus pour un standard de 66 000 ».
Le président Macron va donc réitérer les promesses qu’il a injectées dans la Loi de programmation militaire. Cette nouvelle LPM, présentée le 8 février en conseil des ministres et qui doit être examinée à partir de mars à l’Assemblée nationale, prévoit de consacrer 295 milliards d’euros à la Défense entre 2019 et 2025. Elle fixe à 2025 l’objectif d’un effort de Défense équivalent à 2 % du PIB, conformément à un engagement pris par les membres de l’Otan en 2014.
Emmanuel Macron veut aussi renouer avec l’armée française, traumatisée par le départ de son chef d’état-major, le général Pierre de Villiers. Les militaires avaient très mal vécu le « Je suis votre chef » lancé, pourtant à juste titre, par le Président, le 13 juillet.
La confiance semble s’être progressivement rétablie - du moins en apparence - entre l’Élysée et la haute hiérarchie des armées rassurée par les annonces budgétaires de l’équipe au pouvoir. Mais le réalisme l’emporte dans les échelons subalternes ; officiers, sous-officiers et militaires du rang ont été échaudés par les promesses budgétaires rarement tenues par les équipes au pouvoir et ils sont réticents à prendre pour argent comptant les effets d’annonce d’élus beaucoup plus jeunes que leurs blindés et leurs hélicoptères.