L’usine d’armement Izhmash fut créée en 1807 sur l’ordre du tsar Alexandre Ier. Par la suite, ayant gagné en importance, cette entreprise tiendra un rôle crucial dans l’histoire de la Russie (et de l’Union soviétique). Son destin basculera en 1947, quand un certain Mikhail Kalachnikov mit au point le fusil d’assaut AK-47, une arme plus solide et rustique que le Sturmgewehr 44 allemand, qui servit à sa conception.
Il est estimé que 100 millions de fusils AK-47 « Kalachnikov » circulent actuellement dans le monde… Mais, avec le régime communiste, le « camarade » Mikhail n’a pas touché le moindre kopeck sur les ventes de cette arme… Cela étant, et malgré des tentatives de diversification, notamment dans l’automobile, les affaires de l’usine Izhmash périclitèrent lentement, jusqu’au jour où, au début des années 2010, elle se trouva en grande difficulté financière.
Il fut alors décidé de la fusionner avec le fabricant des pistolets Makarov, c’est à dire l’usine d’Izhevsk, également aux prises avec de gros problèmes financiers, tout en faisant appel à des investisseurs privés. Et pour lui donner plus de visibilité, ce nouvel ensemble fut baptisé « Kalachnikov ».
Depuis, le groupe, qui fournira les nouveaux fusils d’assaut de l’armée russe (les AK-12 et AK-15), propose désormais des produits dérivés vendus dans des boutiques en « duty free » dans les aéroports et envisage de créer une ligne de vêtements.
Mais cette évolution est anecdotique par rapport à l’opération dont le groupe Kalachnivov vient de faire l’objet. En effet, le conglomérat d’État Rostec, qui détenait jusqu’alors 51% du capital, a réduit sa participation à 25% au profit d’Alexeï Krivoroutchko (actuel directeur général de Kalachnikov) et de l’homme d’affaires Andrei Bokarev, via le holding TransKomplekt.
« Le coût de la transaction s’élève à plus de 1,5 milliard de roubles », (soit environ 21 millions d’euros), a précisé Kalachnikov dans un communiqué. Selon Rostec, cette somme « représente une valorisation quasiment doublée par rapport à 2014 », c’est à dire quand il avait été fait appel à des investisseurs privés pour redresser la situation de l’armurier.
En 2014, le chiffre d’affaires de Kalachnikov (11.000 salariés) s’élevait à seulement 94 millions d’euros (7 milliards de roubles), malgré son quasi-monopole sur armes de petits calibres en Russie et ses activités dans les armes de chasse (commercialisées sous la marque Baïkal) et le tir sportif (biathlon notamment). Et le groupe avait dû faire face à une perte de 58 millions d’euros la même année.
Désormais, et malgré les sanctions occidentales contre la Russie, pour son rôle en Ukraine, Kalachnikov mise sur l’exportation pour se développer. Dans le domaine militaire, le groupe compte proposer une arme « radioélectronique non létale » contre les drones, des systèmes robotisés (comme le Soratnik), une moto « silencieuse » pour les forces spéciales et des drones de reconnaissance, via sa filiale Zala Aero.