Dans la compétition qui oppose Lockheed Martin avec son F-35A Lightning II, le consortium Eurofighter avec le Royaume-Uni aux commandes pour le Typhoon et le GIE Rafale International (Groupement d'intérêt économique) avec le Rafale F3R de Dassault Aviation, l'avionneur français vient de renforcer sa position pour peser dans la sélection du futur avion de combat pour la Composante Air belge.
En effet, alors que Lockheed Martin et le consortium européen Eurofighter ont officiellement déposé leurs «meilleures offres finales» (Best and Final Offer) ce 14 février 2018, Eric Trappier a annoncé lors d'une conférence de presse, le 13 février, la signature de «13 accords de coopération avec des industriels belges dans le cadre de la proposition de partenariat stratégique franco-belge relatif à l'aviation de combat», déclare Dassault Aviation.
Ces «Memorandums of Understanding» (MoU) impliquent des industries dans des domaines multiples et variés «qui vont de la maintenance de l’avion de combat Rafale, à la formation des ingénieurs en aéronautique, en passant par la participation à des projets de Drone, l’automatisation des lignes de production, l’additive manufacturing, la maintenance prédictive, la simulation, la recherche dans les matériaux avancés et les projets de Smart City».
La signature de ces contrats s'est déroulée en présence d'entreprises belges dont «Sabca, Safran Aero Booster, Thales Belgium, Asco, Esterline, Flying Group, DronePort, ie-net, JDC Innovation, AKKA Belgium, Amia Systems, Ilias et Alt-F1». Ces entreprises viennent consolider les partenariats qui ont déjà été signés avec d'autres entreprises belges. Dassault affirme que cela porte «à plus d’une trentaine le nombre de documents contractuels passés avec l’industrie belge».
Au cours de cette conférence, le GIE Rafale International a précisé les différentes possibilités qu'offrirait la sélection du Rafale pour la Belgique, avec des retombées dans les différentes régions belges. On y observe notamment la mise en place de projets aux côtés «des start-up, des petites et moyennes entreprises, des groupes industriels, du monde académique et des collectivités locales», la création de «deux centres de recherche», «d’un centre de l’innovation dans le domaine de la maintenance prédictive«, «d’un centre de maintenance (MRO) RAFALE», et la «création d’un centre d’excellence industrielle sur l’analyse et le traitement d’image et d’un centre d’excellence industrielle cyber-sécurité».
Concernant le volet économique, Eric Trappier assure et rassure en expliquant que les entreprises françases «s’engagent à valoriser les retours économiques et sociétaux à au moins 100% de l’investissement de la Belgique pour le programme de remplacement des F-16».
«Ainsi l’objectif global de Dassault Aviation et de ses partenaires est désormais un retour industriel et sociétal pour la Belgique, valorisé à au moins 20 Md€ sur 20 ans. La répartition tient compte du poids économique des régions belges. Au total, plus de 5000 emplois à haute valeur technologique seraient ainsi soutenus», est-il ajouté.
Contrairement à Washington et Londres, Paris a décidé de ne pas répondre à l'appel d'offres officiel et de jouer la carte politique en proposant à Bruxelles «la mise en place d’un partenariat approfondi», selon le communiqué du Ministère français des Armées.
Au sujet de cette prise de risque, Eric Trappier a avoué que le GIE Rafale International «a fait ce choix en connaissance de cause et nous soutenons parfaitement de choix». «Très certainement, la France prend un risque», a admis le PDG. «La Belgique va-t-elle prendre en compte l’offre française ou non ? Le sujet n’est pas encore tranché, si j’ai bien compris», a-t-il renchéri.
En effet, à plusieurs reprises, le Ministère belge de la Défense a remis en cause la proposition française estimant qu'elle pourrait exposer la Belgique à «des poursuites judiciaires» de la part des deux autres concurrents si le choix se portait sur le Rafale. Mais Paris assure que son offre, si elle est choisie, n'entraînera pas Bruxelles dans une bataille judiciaire. «La France a estimé qu’elle avait plus à proposer que ce qui était exprimé explicitement dans l’appel d’offre, trop limité», a conclu Eric Trappier.
Pour rappel, le 17 mars 2017, à l'issue du Conseil des Ministres et sous l'autorité du Ministre belge de la Défense Steven Vandeput, la Belgique a officiellement lancé son programme d'acquisition d'un nouvel avion de combat afin de remplacer ses vieillissants F-16AM/BM Block 15 et Block 20MLU (Mid-Life Update) de la Composante Air. Ce contrat, dont le montant est estimé à 3,573 milliards d'euros, prévoit le remplacement des 54 appareils actuels par 34 nouveaux avions de combat multi-rôles. La décision concernant la sélection du gagnant doit être prise cet été.