Nouvel incident naval entre la Turquie et la Grèce près d’un îlot disputé en mer Égée
Faisant partie de l’archipe, du Dodécanèse, en mer Égée, l’îlot Imia (ou Kardak pour les Turcs) fait l’objet d’un différend territorial entre la Grèce et la Turquie. Au point même de provoquer des crises proches d’un affrontement militaire, comme en 1987 et en 1996. Et les incidents entre les forces armées de ces deux pays membres de l’Otan, y sont relativements fréquents.
Ainsi, depuis le début de cette année, au moins trois y ont été constatés. Le 17 janvier, deux patrouilleurs – l’un turc, l’autre grec (le P267 Nikiforos) – manquèrent d’entrer en collision près d’Imia. L’incident a cependant été vite clos, la partie grecque en ayant imputé la cause à une « probable erreur du navire turc ».
Dix jours plus tard, un « navire lance-missiles » turc [selon Athènes, ndlr], accompagné par deux embarcations des forces spéciales, a fait une intrusion dans les eaux territoriales grecques, près de l’îlot Imia. Un patrouilleur de la marine grecque, assisté par deux bâtiments des garde-côtes, ont alors « surveillé en permanence les mouvements des bateaux turcs » et les ont avertis de la « violation » qu’ils étaient en train de commettre. Finalement, l’incident n’aura duré que 7 minutes, selon le ministère grec de la Défense.
Mais, Ankara, on a donné une autre version de cette affaire. « Le 28 janvier vers 11h30 un navire des gardes-côtes et une vedette de patrouille grecs ont essayé de pénétrer dans le secteur des îles Kardak. Les forces navales de Turquie ont stoppé leur tentative d’approcher de ces îles », a fait valoir l’état-major turc, via un communiqué.
Le dernier incident en date s’est produit ce 13 février, soit quasiment un an après un face-à-face tendu entre une frégate grecque et un patrouilleur turc, lequel venait d’effectuer des tirs alors qu’il naviguait au large de Pharmakonissi.
À nouveau, dans la nuit du 12 au 13 février, un patrouilleur de la police portuaire grecque, ancré à Imia, a été endommagé lors d’une collision avec un navire de la marine turque. Selon Athènes, ce dernier « s’est livré à des manoeuvres dangereuses » dans les eaux grecques en violation des règles maritimes.
Le navire grec avait été acquis grâce à des fonds européens afin de permettre à la police portuaire de « surveiller les mers grecques et les frontières européennes. »
Une source du ministère grec des Affaires étrangères a confié qu’Athènes allait « procéder à toutes les démarches diplomatiques nécessaires comme toujours dans ce genre d’incident. » Toutefois, la Grèce ne souhaite pas envenimer une situation déjà bien assez délicate.
« Nous voyons ces derniers temps une attitude turque provocatrice qui nous préoccupe très sérieusement », dans un contexte de « déstabilisation dans la région » a commenté Dimitris Tzanakopoulos, le porte-parole du gouvenement grec, ce 13 février. « Nous suivons la situation de très près » mais « il n’est pas nécessaire de jeter de l’huile sur le feu », a-t-il ajouté.
Ces derniers incidents ont eu lieu alors que la Turquie a haussé le ton à l’égard de Chypre, au sujet de l’exploitation des gisements gaziers situés au sud de l’île. En outre, estimant qu’il n’y avait pas de garantie pour qu’ils aient un procès « juste » et « équitable », la justice grecque a récemment refusé d’extrader, vers Ankara, huit militaires turcs qui avaient trouvé refuge en Grèce après le coup d’État manqué du 15 juillet 2016.
« Il ne faut pas croire que nous n’avons pas vu les initiatives opportunistes concernant le gaz naturel autour de Chypre et concernant des îlots en Mer Egée. Nous avertissons ceux qui cherchent à profiter de nos opérations au Sud (Afrin/Syrie) pour dépasser les limites à Chypre et en Mer Egée. De la même manière que nous avons déjoué les plans des opportunistes à nos frontières du sud, avec les opérations Bouclier de l’Euphrate et Rameau d’olivier, et très bientôt à Manbij et les autres régions, nous le ferons aussi avec eux à Chypre et en Mer Egée », a averti Recep Tayyip Erdogan, le président turc, ce 13 février, selon les propos rapportés par la presse locale.
Cette déclaration a suscité une timide réaction du porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. « les déclarations négatives qui nuisent aux relations de bon voisinage devraient être évitées surtout sur notre route vers Varna », a-t-il dit, en référence au prochain sommet UE/Turquie, qui doit avoir lieu en Bulgarie.