Le renvoi en correctionnelle de 7 militaires requis pour la noyade d’un élève de l’ESM Saint-Cyr-Coëtquidan
Dans la nuit du 29 au 30 octobre 2012, au cours d’une soirée de « transmission des valeurs et des traditions » de l’École militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, le sous-lieutenant Jallal Hami [photo ci-contre], 24 ans, alors élève de troisième année, perdit la vie lors de la traversée, à la nage, d’un étang large d’une quarantaine de mètres.
Cet « atelier », organisé par des élèves à l’intention des nouveaux élèves, avait pour thème le débarquement allié en Provence. Ces derniers devaient traverser l’étang à la nage, de nuit, avec casques et rangers. Le tout dans une eau à 9°C et au son de la Walkyrie de Wagner.
Réserviste au 2e Régiment de Hussards, le sous-lieutenant Hami avait été admis directement en troisième année après avoir obtenu un master « affaires internationales, spécialité sécurité internationale ». D’où sa présence lors de cette soirée de « bahutage ».
Peu après ce drame, le parquet de Rennes ouvrit une instruction pour « homicide involontaire ». Durant l’enquête, huit militaires furent mis en examen, dont le général Antoine Windeck, alors commandant des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan au moment des faits. En janvier 2015, l’on apprenait que 7 autres militaires (2 officiers et 5 élèves-officiers) connurent le même sort.
Finalement, le 9 février, le parquet de Rennes a indiqué avoir requis le renvoi en correctionnelle de ces 7 militaires et un non lieu pour le général Windeck.
Dans son réquisitoire, le parquet a estimé que cet « atelier » avait été conduit dans « de piètres dispositions » de sécurité, aux « antipodes des prescriptions militaires ». En outre, il a pointé « l’aveuglement » et « l’attitude frisant l’arrogance » des élèves-officiers organisateurs, en rappelant que « la nage commando est interdite de nuit » et qu’il n’était pas possible d’ignorer le risque de noyade puisqu’il avait déjà été identifié lors d’une soirée similaire, l’année précédente. Aussi, croit-il, « l’impéritie des encadrants a objectivement créé la situation » ayant mené à la noyade de sous-lieutenant Jallal Hami.
Il revient désormais au juge d’instruction chargé de cette affaire de suivre le réquisitoire du parquet ou de prononcer un non-lieu.