En 2014, l’Australie et le Japon avaient convenu de renforcer leurs liens militaires, en particulier dans le domaine des équipements. À l’époque, Canberra songeait à acquérir 12 sous-marins de la classe Sōryū auprès des industriels nippons Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Shipbuilding Corporation. Finalement, le choix du ministère australien de la Défense se porta sur le Shortfin Barracuda du français Naval Group (ex-DCNS), ce qui donna lieu, par la suite, au développement d’un partenariat stratégique renforcé avec la France.
Pour autant, au regard de la situation sécuritaire régionale, marquée par la menace nord-coréenne et les ambitions maritimes (et territoriales) de la Chine, l’Australie et le Japon n’ont pas renoncé à accentuer leur coopération dans le domaine militaire. Signe de cette tendance : en novembre 2016, un sous-marin japonais – JS Hakuryu – a pu faire [size=20]escale à Sydney, ce qui n’était plus arrivé depuis la Seconde Guerre Mondiale.[/size]
Mais il est question d’aller plus loin. Ainsi, à l’occasion d’une visite du Premier ministre australien, Malcolm Turnbull à Tokyo, il a été question de nouer un « pacte de défense » entre les deux pays afin de mener, à terme, des « opérations et des manoeuvres conjointes. »
« L’accord militaire, quand il sera conclu, constituera un pilier de la coopération sécuritaire entre le Japon et l’Australie », a expliqué, à l’AFP, un diplomate japonais.
Si ce pacte voit le jour, l’Australie deviendra ainsi le plus proche allié du Japon, après les États-Unis (et vice-versa). Cela étant, on ignore encore si cet accord prévoit l’assistance de l’un au bénéfice de l’autre en cas d’attaque.
« La signature d’un nouveau pacte militaire représenterait l’aboutissement des efforts bilatéraux visant à renforcer les liens de défense entre le Japon et l’Australie ces dernières années », a commenté Takayuki Nagano, professeur de relations internationales à l’Université Dokkyo, dans les colonnes du Japan Times.
« La logique stratégique qui pousse nos pays à travailler plus étroitement sur la défense et la sécurité ne fait que se renforcer à mesure que l’environnement régional devient plus dangereux et plus difficile », a fait valoir M. Turnbull, lors d’un déjeuner organisé par le Japan Australia Business Cooperation Council. « Nous cherchons approfondir notre engagement […] Nous continuerons donc à rechercher toutes les occasions de créer des liens avec des partenaires qui partagent nos intérêts et notre engagement envers les institutions fondées sur des règles », a-t-il ajouté.
Alors que la Corée du Nord a récemment montré des signes d’apaisement à l’égard de son voisin du Sud, notamment en acceptant de renouer le dialogue, le chef du gouvernement australien a appelé la communauté internationale à ne pas relâcher la pression.
« Nous devons maintenir ces sanctions. C’est la seule manière de ramener à la raison ce régime imprudent et voyou », a dit M. Turbull, pour qui il faut rester « lucide ». « L »histoire nous enseigne une leçon cruelle sur la Corée du Nord. Ils ont l’habitude de muscler leur militarisation avant une accalmie pour tenter de convaincre qu’ils ont changé, alors qu’en fait rien n’a changé », a-t-il dit.
De son côté, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a insisté sur la « liberté de navigation » et s’est dit « opposé à toute action unilatérale visant à modifier le statu quo ». Des propos qui ciblent d’autant plus Pékin, où l’on revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale (où d’autres pays font valoir des revendications territoriales), qu’un sous-marin nucléaire d’attaque chinois de type 093 [size=20]a été repéré, la semaine passée, près de l’archipel Senkaku, convoité par la Chine.[/size]
Sur ce point, Canberra doit se livrer à un délicat exercice d’équilibriste… étant donné l’importance des échanges économiques entre la Chine et l’Australie.