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 | Sujet: COMMENTAIRE. Emmanuel Macron et le piège de l’immigration  Mer Jan 17 2018, 06:58 | |
| COMMENTAIRE. Emmanuel Macron et le piège de l’immigration
Attention, terrain miné. Le projet de loi sur l’immigration, qui sera présenté le 21 février en Conseil des ministres, est de ceux qui pourraient gravement porter atteinte à la cohésion nationale.
Le débat parlementaire, qui promet d’être houleux, n’aura lieu qu’en avril. Mais, déjà, les esprits s’échauffent et les arguments fusent, pour le meilleur et pour le pire.
Échaudé par une circulaire controversée sur le recensement des migrants, le monde associatif est vent debout contre un texte qui vise à durcir les conditions du droit d’asile, allonger les durées de rétention et augmenter les expulsions. La gauche accuse le chef de l’État de faire pire que Nicolas Sarkozy. Une fois n’est pas coutume, la droite joint ses critiques à celles de la gauche, mais pour dénoncer l’inverse : des mesures « techniques » qu’elle juge inefficaces.
Le débat suscite aussi des remous dans les troupes de La République en marche. Au point de mettre en péril l’unité de la majorité présidentielle ? Pas encore. Mais la menace est prise au sérieux par Emmanuel Macron qui a missionné Gérard Collomb pour désamorcer une possible fronde. Depuis la fin décembre, le ministre de l’Intérieur reçoit les députés par petits groupes. Pour expliquer et rassurer.
En visite à Calais, hier, le chef de l’État a promis un projet de loi « équilibré », entre fermeté et humanité. Fermeté, parce que la France n’est pas en capacité d’accueillir tous les migrants économiques, ni même tous les demandeurs d’asile, dont le chiffre a dépassé les 100 000 personnes en 2017. Mais humanité, parce que les conditions de séjour des réfugiés autorisés à rester seront améliorées.
Une détermination intacte
Le ton s’est adouci, mais la détermination reste intacte. Il n’est pas question de changer d’orientation, a prévenu Gérard Collomb. Le gouvernement avance un argument imparable : il ne fait qu’appliquer des mesures qui étaient écrites dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Oui, mais c’est oublier que le candidat avait aussi salué, en son temps, la politique menée par Angela Merkel en faveur de l’accueil des réfugiés.
Ses électeurs ne l’ont pas tous oublié. Emmanuel Macron a été élu sur une promesse d’ouverture face au repli sur soi prôné par Marine Le Pen. Les macronistes de gauche ont parfois serré les dents pendant la réforme du Code du travail dans l’attente d’un rééquilibrage. Ils pourraient finir par s’impatienter. L’émergence d’un groupe plus social que libéral qui se profile à l’aile gauche de LREM pourrait constituer une première brèche dans le bloc présidentiel.
Emmanuel Macron avance sur un fil. Revendiquant un « langage de vérité », il joue l’opinion - plutôt favorable à la restriction du droit d’asile - contre les associations, les intellectuels et les politiques. S’il échoue sur ce dossier difficile, le Front national saura en profiter. On l’a vu en Allemagne, où l’ouverture des portes a coûté cher à la Chancelière : les scores de l’extrême droite restent indexés sur les flux migratoires.
Le chef de l’État serait pourtant bien avisé de suivre les conseils du pape François qui, il y a quelques jours, a invité les gouvernements à traiter cette question avec « prudence ». Les doutes et les craintes sont compréhensibles. Mais ce n’est pas en jouant sur les peurs qu’on réglera le problème des migrants qui est d’abord et avant tout une tragédie humaine. |
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