La « crise » de l’habillement au sein de la Marine nationale n’est pas encore terminée
Interrogé lors d’une audition, en octobre 2015, sur les problèmes en matière d’habillement constatés sur les bases navales de Brest, Toulon et Cherbourg, le ministre de la Défense d’alors, Jean-Yves Le Drian, avait annoncé un plan d’urgence pour y remédier. À l’époque, il avait même parlé de « crise de l’habillement ». « C’est une question récurrente mais qui n’est pas si secondaire car ça contribue au moral », avait-il ajouté.
Plus deux ans plus tard, cette « crise » n’est pas encore réglée. En effet, le numéro de décembre de Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale, indique que des « difficultés subsistent ».
Ainsi, le « marché des chaussures de sécurité, pourtant passé avec une marque renommée, ne donne pas encore satisfaction. Plus de 30% des articles livrés sont de qualité insuffisante, créant une pénurie inattendue », lit-on dans Cols Bleus, qui parle également de difficultés pour les « chemisettes blanches » ainsi que pour les tenues de protection de base (TPB, celles que revêtent les marins à bord des navires).
« Les difficultés actuelles portent sur l’usure précoce de cette tenue et sur sa disponibilité », écrit Cols Bleus. Et cela oblige, du moins pour le moment, l’État-major de la Marine nationale (EMM) à reporter sa décision d’en doter tous les marins dès leur incoporation à raison de deux exemplaires.
« En attendant la mise en place concrète de cette décision, l’EMM a établi une liste de formations dont le personnel doit être équipé en priorité, comme par exemple les unités embarquées », explique le magazine de la Marine.
Dans le même temps, le Service du commissariat des armées (SCA) a dû prendre une mesure d’urgence pour reconstituer les stocks de ces tenues d’ici le début de cette année et lancé une nouvelle procédure de marché en vue d’acquérir une TPB renforcée qui « devrait être testée […] par 50 marins d’un bâtiment de la Force d’action navale. »
Les marins ne sont pas les seuls à connaître des problèmes en matière d’habillement. L’armée de Terre y a été confrontée en 2015, au moment de la montée en puissance de l’opération Sentinelle.
« Dans son 10e rapport sur [les] militaires engagés dans les opérations de protection du territoire national et de la population, le Haut Comité a constaté, lors de la montée en puissance de l’opération Sentinelle, un défaut de quantité et de qualité du service rendu dans le domaine de la fourniture d’habillement (treillis, chaussures) et d’effets de protection (gilets pare-balles) », rappelle ainsi l’édition 2017 de la Revue annuelle de la condition militaire.
« La situation face aux ruptures de stocks [dans le domaine de l’habillement, ndlr] s’est améliorée entre 2015 et 2016 mais elle reste marquée par une large insatisfaction des militaires, notamment dans l’armée de l’Air », souligne ce document.