Naval Group et Fincantieri brouillent les cartes pour tenter de remporter le marché des frégates canadiennes
Comme l’on pouvait s’y attendre, le français Naval Group et l’italien Fincantieri, qui veulent être le « Renault-Nissan » de la construction navale, vont faire cause commune pour tenter de remporter l’appel d’offres lancé par Ottawa afin de doter la Marine royale canadienne de 15 nouvelles frégates d’ici 2020.
« Les leaders français et italien du naval de défense Naval Group et Fincantieri, avec le plein soutien des gouvernements français et italien, vont unir leurs savoir-faire pour présenter au gouvernement canadien une solution ‘sur étagère’ déjà éprouvée en mer et reposant sur le design de la frégate FREMM, pour la fourniture de 15 navires de combat de surface à la marine canadienne », ont en effet indiqué les deux industriels, via un communiqué diffusé le 1er décembre.
L’appel d’offres portant sur le programme NCC (Navires de combat canadien) a été ouvert, avec retard, en octobre 2016. Il vise à remplacer les destroyers de la classe Iroquois ainsi que les frégates polyvalentes de type Halifax de la Marine royale canadienne à partir de 2020. Pour le Canada, il s’agit du « plus vaste et complexe projet de construction navale depuis la Seconde Guerre Mondiale. »
Seulement, et comme cela a été le cas avec le Rafale pour la Belgique, Naval Group et Fincantieri ont déposé leur offre en dehors de ce processus d’acquisition lancé par Ottawa il y a un an, l’estimant trop compliqué en plus d’être taillé sur mesure pour un groupement emmené par Lockheed-Martin Canada et BAE Systems.
En effet, les termes de l’appel d’offres ont été modifiés pour permettre la participation de la frégate de type 26, qui, pour le moment, n’existe que sur le papier.
Le coût de ce programme est estimé entre 56 et 60 milliards de dollars (37 à 39 milliards d’euros). Mais selon le quotidien National Post, l’offre franco-italienne garantirait un coût de 30 milliards de dollars canadiens.
« Le potentiel de 32 milliards de dollars d’économies pour les contribuables canadiens fera pression sur le gouvernement libéral pour qu’il envisage sérieusement l’offre », écrit le journal conservateur, pour qui le « consortium Fincantieri-Nava Group n’a rien à perdre en essayant de contourner le processus d’approvisionnement, qui, selon certains observateurs, est biaisé en faveur d’une offre de Lockheed Martin Canada et du groupe britannique BAE », basée sur la frégate de type 26.
Dans leur communiqué, Naval Group et Fincantieri expliquent que, dans le cas où leur offre serait acceptée, les « futures frégates seraient construites au Canada sur le chantier naval d’Irving Shipbuilding, dans des délais très courts, ce qui garantira une participation maximale de l’industrie canadienne et la création d’emplois localement, dans le cadre d’un transfert de technologie complet et dédié. » Et d’ajouter : « Des fournisseurs canadiens seraient par ailleurs intégrés à la supply chain mondiale des deux sociétés. »
Selon le calendrier prévu, le choix des industriels retenus sera en principe annoncé au printemps 2018. Puis les contrats seront signés dans le courant de l’année, avant de lancer la construction des navires à partir de 2020.
Photo : Naval Group / Fincantieri