Liens présumés avec la Russie : Trump défend les « actions légales » de Michael Flynn
Alors que son ex-conseiller Michael Flynn a plaidé coupable d’avoir menti au FBI dans l’enquête sur les liens supposés entre les Etats-Unis et la Russie, Donald Trump a réaffirmé, samedi 2 décembre, qu’il n’y avait eu « aucune collusion » entre son équipe de campagne et la Russie. Le président américain était interrogé par des journalistes sur la décision de son ancien conseiller à la sécurité nationale de plaider coupable pour avoir menti au FBI et de coopérer avec la justice.
Un peu plus tard, il est revenu sur l’affaire via un tweet dans lequel il affirme avoir renvoyé Michael Flynn en début d’année « parce qu’il a menti au vice-président et au FBI ».
« Il a plaidé coupable de ces mensonges. C’est triste parce que ses actions pendant la transition étaient légales. Il n’y avait rien à cacher ».
Cette formulation laisse entendre que Donald Trump était au courant, au moment où il a licencié Flynn, de ses mensonges du FBI. Or l’ex-patron du FBI James Comey, renvoyé en mai par le président, a affirmé que ce dernier lui avait personnellement demandé « d’abandonner » une enquête visant Michael Flynn. De nombreux journalistes américains n’ont pas manqué de souligner que si ces éléments sont avérés, le président des Etats-Unis pourrait être soupçonné d’entrave à l’exercice de la justice.
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La thèse d’une « chasse aux sorcières » affaiblie
L’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence de Moscou dans l’élection présidentielle américaine ne parle pas, pour l’instant, de collusion, mais l’inculpation de Michael Flynn montre qu’elle a considérablement avancé.
Les investigations visent officiellement à établir d’éventuels liens entre l’équipe de campagne de Donald Trump et les autorités russes en 2016. Le renseignement américain accuse depuis octobre 2016 la Russie, qui le nie, d’avoir interféré dans la présidentielle américaine, notamment en piratant des sites démocrates. Donald Trump a toujours démenti la moindre coopération avec Moscou.
Tout en renvoyant à des faits postérieurs à l’élection, la mise en cause de Michael Flynn affaiblit la thèse d’une « chasse aux sorcières » défendue depuis des mois par le président des Etats-Unis. Cet ancien général, qui a compté parmi les premiers soutiens de M. Trump, a en effet reconnu officiellement, vendredi, avoir menti au FBI sur le contenu de discussions téléphoniques avec l’ambassadeur russe alors en place à Washington, Sergueï Kislyak. Ces échanges ont eu lieu fin décembre 2016, entre l’élection et l’investiture de M. Trump. Michael Flynn avait été nommé un mois plus tôt au poste qu’il a brièvement occupé auprès du président.
Enquêteur expérimenté écarté
Un des agents les plus expérimentés du FBI, soupçonné d’avoir écrit des messages critiquant Donald Trump, a été écarté de l’enquête sensible a déclaré le bureau du procureur spécial chargé de l’affaire russe. Chef adjoint du contre-espionnage au sein de la police fédérale, Peter Strzok était jusqu’à cet été en première ligne dans l’enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller, selon le Washington Post et le New York Times. « Immédiatement après avoir appris ces accusations, le bureau du procureur spécial a écarté Peter Strzok de l’enquête », a confirmé un porte-parole des services de Robert Mueller, Peter Carr.
Peter Strzok « est considéré comme l’un des enquêteurs les plus expérimentés et fiables du contre-espionnage du FBI », écrit le New York Times. Il a également participé à l’enquête sur les courriels de Hillary Clinton, durant la campagne présidentielle de 2016.
Or Peter Strzok entretenait à cette époque une liaison avec une avocate du FBI, selon le Washington Post. Tous deux auraient alors échangé des textos dénotant un parti pris contre Donald Trump et d’autres apparemment favorables à propos de son adversaire démocrate Hillary Clinton. « M. Strzok a été réassigné cet été, passant de l’enquête de M. Mueller au service des ressources humaines du FBI, où il est resté depuis », précise le New York Times. Les deux grands quotidiens s’appuient chacun sur plusieurs sources anonymes.
Le New York Times rapporte également la présente d’emails incriminants qui prouveraient que M. Flynn n’avait pas agi indépendamment, mais qu’ils étaient en contact avec des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump avant et après ses discussions avec les autorités russes. Selon le journal, ces pièces ont été versées à l’enquête vendredi.