Rachel Marsden : Les élections présidentielles françaises ne devraient pas donner une révolution de type Trump
Publié le 16 février 2017 par greatartiste
D’abord il y a eu le Brexit, ensuite Donald Trump, et c’est maintenant le tour de la France d’élire la dirigeante du Front National Marine Le Pen comme président français ce printemps et de chasser la France des élites. C’est le sentiment général exprimé par les conservateurs de ce côté-ci de l’Atlantique. Si seulement c’était si simple.
La France reste imprégnée par l’idéologie marxiste. Lors d’une visite récente à Marseille, par exemple, j’ai eu du mal à trouver quelque chose de complètement français, mis à part l’architecture. La semaine dernière, à Bobigny, une banlieue du nord-est de Paris avec une forte population immigrée, des émeutiers ont brisé des fenêtres, ont saccagé des magasins et incendié des voitures sous prétexte d’une bavure présumée de la police. La nation est dans un état perpétuel d’alerte élevé en raison des attaques terroristes, avec des soldats patrouillant avec des fusils, même dans les rues de la banlieue. Lorsque le gouvernement français a annoncé récemment que la base de la Tour Eiffel serait bientôt encerclée par un mur de verre pare-balles pour des raisons de sécurité, c’était une reconnaissance symbolique que les choses ont changé pour le pire.
Il ya deux grands enjeux qui importent en France dans ce cycle électoral : la culture et l’économie. Le marxisme culturel est un problème en France, mais il en est de même du marxisme quotidien. Les entrepreneurs français sont taxés de la moitié de leurs bénéfices pour la sécurité sociale et un système de santé avec des remboursements médiocres. Les salaires en France sont faibles, car il ne reste plus grand chose une fois que les syndicats mafieux ont pris leur part et que l’entreprise a payé sur chaque salaire de lourdes taxes au gouvernement. Selon les données les plus récentes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France occupe la deuxième place après la Finlande dans les dépenses publiques en pourcentage du PIB parmi les 35 pays membres.
Que les têtes n’aient pas encore roulé ici à cause de cette fiscalité est étonnant. La France a grand besoin d’une modernisation économique et d’une véritable révolution capitaliste. Malheureusement, quand vous parlez du capitalisme en France, il évoque dans l’esprit des gens le corporatisme de connivence pratiqué par les élites de l’establishment. Et quand vous parlez de révolution, on vous dit que les Français ne sont pas des aventuriers. Mais les Français pourraient finalement en avoir marre de cette élite qui fait tant de mal au citoyen moyen, en y incluant la soumission aux intérêts européens sur la souveraineté nationale.
« Les Français ont été conditionnés pendant plusieurs décennies à ne pas être fiers de leur pays », m’a dit un ami français qui soutient Le Pen. Je lui ai demandé ce qu’il pensait être la justification de cette érosion. Il a répondu: « Parce que pour créer l’Europe, il faut éroder la fierté nationale ».
Le Front national a pour bouc émissaire l’Union européenne pour les difficultés économiques du pays. Alors que l’imposition par l’UE d’un espace sans frontières et d’un corset économique génère des critiques valables, l’économie française indépendante de l’UE est encore une poupée socialiste de Matryoshka. Supprimer la France de l’UE, et le pays a encore son propre socialisme économique à réformer.
Sur le papier, la politique de libre-échange du candidat à la présidence et de l’ancien Premier ministre François Fillon du Parti républicain français est séduisante, à l’exception de sa proposition d’augmenter la taxe sur la valeur ajoutée de 2% pour que le gouvernement puisse redistribuer cet argent. (Les vieilles habitudes ont du mal à mourir, je suppose.) Mais Fillon a coulé dans les sondages après des allégations de paiements à sa femme et ses enfants de près d’un million d’euros en fonds publics. Ce sont justement ces scandales qui renforcent les sentiments négatifs des Français envers le capitalisme.
Le candidat indépendant Emmanuel Macron, un ancien banquier d’investissement et ancien ministre de l’économie, de l’industrie et des affaires numériques, a pris les bonnes résolutions sur la liberté économique, mais il soutient une politique d’immigration ouverte et sa rhétorique de campagne est celle des élites globalisées.
Et oui, il y a aussi un candidat socialiste dans cette mixture, Benoit Hamon, mais il fait campagne en donnant à chacun un revenu universel d’environ 750 euros par mois, et il reçoit seulement environ 15 pour cent de soutien dans les sondages.
Il ne semble donc pas qu’il y ait un candidat à la présidence française qui veuille à la fois favoriser le vrai capitalisme et éradiquer l’idéologie marxiste. Les citoyens vont devoir en choisir un. Le choix n’est même pas exprimé d’une manière simple. En dehors de l’éventualité peu probable qu’un candidat obtienne plus de 50 pour cent des voix lors du premier tour du scrutin, il y aura un second tour deux semaines plus tard. Le résultat de la finale est en grande partie décidé par des gens forcés de se boucher leur nez et de choisir un candidat pour lequel ils n’ont pas voté au premier tour.
Les sondages suggèrent que si les Français le pouvaient, ils voteraient pour une alternative antisystème, avec la version libre-échangiste de Fillon fusionnée avec le conservatisme patriotique, culturel Le Pen et la défense de la classe ouvrière. C’est dommage qu’il n’y ait aucun candidat qui leur offre cette possibilité.
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