Décembre 1918 Le roi George V à Bavay Dimanche 1er décembreLe roi d'Angleterre, George V, a quitté Paris.
M. Clemenceau est parti pour Londres, ainsi que MM. Stephen Pichon, le maréchal Foch et Philippe Berthelot : il y conférera avec les ministres anglais et avec les ministres italiens.
L'ex-impératrice d'Allemagne a rejoint en très modeste équipage Guillaume de Hohenzollern.
M. Lloyd George a prononcé à Newcastle un discours électoral où il a abordé la question des indemnités à réclamer de l'Allemagne et celle du châtiment des coupables. "La paix, a-t-il dit, doit être d'une justice rigoureuse et inflexible. "
M. Wilson fait annoncer qu'il viendra en Europe comme chef de la délégation américaine, qui comprendra M. Rouse, le général Bliss et sir Henri White.
Le président de la délégation japonaise à la conférence de la paix est le marquis Saionji, ancien président du Conseil dont la francophilie est bien connue.
La presse berlinoise de tous les partis a engagé une campagne extrêmement violente contre M. Kurt Eisner, en accusant la Bavière de séparatisme. Une réunion orageuse a eu lieu à Berlin, où les partis extrêmes continuent à réclamer la démission de Solf, d'Erzberger et de Scheidemann.
Des massacres d'israélites sont signalés de divers côtés en Pologne.
Des représentations ont été faites par l'Entente aux Pays-Bas.
Une escadre interalliée ira au-devant de M. Wilson.
D'après les statistiques publiées, un million d'Arméniens ont été massacrés au cours de la guerre. Lundi 2 décembreGuillaume II a enfin et réellement abdiqué à la date du 28 novembre. Il déclare qu'il renonce pour toujours à tous ses droits à la couronne de Prusse et aux droits connexes à la couronne allemande. Il rejette, d'autre part, la responsabilité de la guerre sur ses ministres de 1914.
La situation paraît de plus en plus chancelante à Berlin où le comité des commissaires du peuple est attaqué à la fois par l'extrême gauche et par les impérialistes. Les élections à la Constituante ont été fixées au 16 février, sous réserve de ratification de cette date par le congrès général des comités ouvriers et soldats qui siégera le 16 décembre. Le groupe Spartacus s'est rendu maitre des stations de T.S.F. de toute l'Allemagne.
Les 70.000 hommes de Mackensen ont été internés en Hongrie.
La flotte russe de la mer Noire a été remise aux Alliés.
Le Danemark a décidé de poser la question du Slesvig devant la conférence de la paix.
L'amiral Koltchak, qui s'est proclamé dictateur à Omsk, et qui a fait arrêter les membres du directoire panrusse, affirme qu'ils étaient d'accord avec les bolchevistes.
Le comte Czernin, après Bethmann-Hollweg, essaie de se disculper. Il veut démontrer que si la guerre s'est prolongée, le cabinet de Berlin et Ludendorf en sont seuls responsables.
D'après les évaluations faites, 200 sous-marins allemands ont été détruits au cours de la guerre.
Le dernier budget américain s'est élevé à 40 milliards.
Le dernier emprunt français a recueilli 28 milliards.
Mardi 3 décembreLes troupes avancées de la 2e armée britannique, commandées par le général sir H. Plumer, ont traversé la frontière entre Belio et Eupen, et se sont dirigées vers le Rhin. Elles ont atteint la ligne générale Burg-Reuland-Bullingen-Montjoie.
La 3e armée américaine a franchi la frontière allemande et atteint la ligne générale Alfersteg-Wintencheid-Mastliom-Mulbach Cordel-Trèves-Saarburg-Trèves.
Le maréchal Foch a fait afficher une proclamation en Prusse rhénane, à titre de commandant en chef, pour annoncer l'occupation du pays et invitant la population à obéir strictement aux ordres des autorités militaires alliées.
M. Clemenceau et le maréchal Foch ont été reçus à Londres par de vives acclamations. L'assemblée nationale de l'Alsace-Lorraine fait parvenir à M. Poincaré un télégramme de félicitations et de bienvenue.
La commission municipale de Strasbourg a élu son bureau.
Un nouveau cabinet s'est constitué à Belgrade.
Les élections polonaises ont été fixées au 5 janvier. Le gouvernement polonais de Pilsduski proteste contre l'occupation allemande.
La situation de Kurt Eisner paraît ébranlée à Munich. On parle du ministre de l'Intérieur, le député socialiste Auer, comme d'un successeur éventuel.
L'acte d'abdication du roi de Wurtemberg été publié.
Les Russes ont attaqué les Allemands près de Narva.
L'amiral Koltchak, qui a pris la dictature à Omsk, a lancé une proclamation au peuple russe.
Entrée des troupes anglaises à Eupen
Mercredi 4 décembreLa 3e armée américaine, continuant son avance en Allemagne, a atteint la ligne générale Krewinkel-Metterich-Morscheid-Hirschfelderhof. La ville de Trèves a été occupée.
La conférence de Londres a tracé le programme préliminaire de la paix. Une brillante réception en l'honneur de M. Clemenceau et du maréchal Foch a eu lieu à notre ambassade à Londres.
Les souverains belges ont fait leur entrée triomphale à Liège.
Les troupes françaises ont traversé Bruxelles, acclamées par la population.
Le président Wilson a lu son message au Congrès. Il y a déclaré que la paix serait conclue au cours du printemps prochain. Il est parti pour l'Europe à bord du George Washington, à bord duquel il a fait installer un poste très puissant de T.S.F. afin de pouvoir rester en contact permanent avec son pays.
Selon un journal allemand, le gouvernement de Berlin aurait demandé au président de se rendre en Allemagne.
L'Assemblée nationale monténégrine a prononcé la déchéance du roi de Montenegro et L'union de ce pays avec la Serbie.
L'Allemagne acceptera tout, a dit le commissaire du peuple Barth. Les C.O.S. se prononcent dans tout le pays pour la convocation de l'Assemblée nationale. Un complot pour la restauration du kaiser a été dénoncé a Berlin. Ebert déclare qu'il maintiendra l'unité germanique à l'encontre de toutes les tentatives de séparatisme.
L'amiral Koltchak, qui a pris la dictature à Omsk, après avoir exilé le directoire panrusse, annonce qu'il reconnaît toutes les dettes de la Russie, et proclame en même temps illégaux tous les actes des Soviets.
Le kronprinz a renoncé à la couronne pour lui-même, mais non pour ses héritiers.
On annonce que le roi de Grèce viendra à Paris après les autres souverains de l'Entente.
M. Klotz déclare à la Chambre, en lui faisant part des résultats de l'emprunt, que les frais de la guerre devront être payés par les Etats responsables.
Jeudi 5 décembreM. Wilson a quitté les Etats-Unis. Il sera le 12 à Brest et le 13 à Paris.
La conférence de Londres s'est séparée : elle s'est mise d'accord sur le cas du kaiser et a également délibéré, sur l'armistice. MM. Clemenceau et le maréchal Foch ont quitté l'Angleterre. Le colonel House, souffrant, n'a pu assister aux délibérations de Londres.
L'assemblée monténégrine, réunie à Podgoritza. a déclaré Nicolas Ier déchu du trône monténégrin. Le Monténégro se réunira à la Serbie sous la dynastie des Karageorgevitch et entre dans la patrie commune du peuple à trois dénominations; celui des Serbes, des Croates et des Slovènes. Un conseil national sera élu pour gouverner les affaires de la Serbie et du Monténégro réunis.
D'après certaines nouvelles, le roi de Bulgarie Boris se retirerait. La presse suisse demande la démission de trois conseillers fédéraux taxés de germanophilie. L'un d'eux, M.Muller, a déclaré renoncer à la présidence de la Confédération.
Le cabinet espagnol, présidé par M. Garcia Prieto, est démissionnaire. M. de Romanones a été chargé de former le cabinet.
La 3e armée américaine, dans sa marche en Allemagne, a atteint la ligne Dalhem-Berncastel-Steinberg.
Vendredi 6 décembreLe roi et la reine des Belges, accompagnés de leur fils ainé, sont arrivés à Paris, où ils ont été chaudement acclamés.
La 3e armée américaine, continuant sa marche au sud de la Moselle, a atteint la ligne Berncastel-Malborn-Otzenhausen.
Les Allemands, commençant leurs restitutions, ont remis une somme de 300 millions en or, provenant du trésor russe. Ils ont restitué également des objets d'art. On estime, qu'ils en avaient pris pour 2 milliards.
M. de Romanones a renoncé à former à Madrid un cabinet de coalition. Devant le refus des autres chefs de partis de collaborer avec lui, il a pris la décision de constituer un cabinet purement libéral.
M. Wilson a manifesté l'intention de rester environ six semaines en Europe. Il ira en Angleterre, en Italie, et peut-être en Belgique. Au cours de son voyage à Rome, il irait rendre visite à Benoît XV.
Kurt Eisner semble redevenir en faveur à Munich, après avoir provoqué contre ses actes une vive opposition.
L'Entente a refusé d'adoucir les conditions de l'armistice naval conclu avec l'Allemagne. La première journée des élections anglaises - celle de la proclamation des candidats qui n'ont pas de concurrents - a donné soixante-quatre élus à la coalition libérale-conservatrice, c'est-à-dire gouvernementale; quatre au parti Asquith, douze aux travaillistes et vingt-quatre aux Sinn Feiners d'Irlande.
Les troupes franco-anglaises ont été chaleureusement accueillies à Bucarest.
Charles 1er aurait manifesté le désir d'être candidat à la Constituante autrichienne.
Samedi 7 décembreLe roi des Belges et M. Poincaré ont échangé des toasts chaleureux.
Il y a été hautement déclaré que la Belgique renonçait pour l'avenir à la neutralité garantie et qu'elle revendiquait la plénitude de sa souveraineté. Les troupes britanniques progressant vers le Rhin, ont atteint la ligne Kronenberg-Schleiden-Duren.
Les Belges ont occupé Neuss et Odenkirchen. Les Américains ont pris la ligne GlaadtVallenborn-Daun-Ringelkopf.
Les clauses financières de l'armistice ont été arrêtées à Spa. L'Allemagne ne pourra aliéner, concéder, hypothéquer ses chemins de fer, mines, bois, ni les entreprises dans lesquelles l'Etat possède des intérêts. Elle ne pourra touché aux valeurs étrangères appartenant à l'Etat, à l'encaisse-or de la Reichsbank que dans des conditions déterminées.
Elle rendra aux autorités françaises ou belges les titres et valeurs pris dans le nord de la France et en Belgique.
Elle restituera les bons de monnaie de villes, chambres de commerce ou autres qu'elle a en sa possession, les archives publiques, privées et les comptabilités.
Elle restituera dans le courant du mois l'encaisse et les billets de la Banque nationale de Belgique, ainsi que les avoirs des banques françaises et belges qu'elle a enlevés et convertis en marks.
De graves désordres ont éclaté à Cologne et à Essen. La situation est critique en Allemagne, dit le commissaire du peuple Barth. M. Lloyd George a fait un nouvel exposé pour les élections. Il annonce sa ferme volonté et celle de tous les alliés d'obtenir le châtiment des responsables de la guerre et formule son programme électoral en matière économique et ouvrière.
Bien que le comte Romanones ait formé son cabinet à Madrid, la situation reste difficile dans la Péninsule.
Dimanche 8 décembreLes députés d'Alsace-Lorraine, réunis en Assemblée nationale à Strasbourg, ont proclamé le rattachement indiscutable et définitif à la France des deux provinces délivrées.
L'arrivée de M. Wilson à Paris est retardée au 14. M. Lloyd George, a réclamé une fois de plus le châtiment des responsables de la guerre. Il a estimé que l'Angleterre devrait être fermée aux Allemands. Il évalue à 200 milliards l'indemnité de guerre que la Grande-Bretagne peut demander au gouvernement de Berlin.
L'Allemagne refuse l'extradition de Talaat-pacha, ancien grand vizir.
Les bolcheviks ont envahi les pays baltes. La Livonie, l'Esthonie, la Courlande font appel aux alliés.
On annonce que l'armée nationale ukrainienne aurait pris Kiev et que Skoropatsky aurait été fusillé.
On publie l'acte de renonciation du kronprinz. Le séparatisme rhénan inquiète de plus en plus les milieux officiels prussiens. Des troubles graves sont signalés à Berlin.
Un croiseur léger anglais, le Cassandre, a heurté une mine dans la Baltique. Il a coulé, onze marins ont disparu.
Les troupes britanniques ont continué leur marche vers Cologne et le Rhin. Elles ont atteint la ligne Blankenheim-Erfl.
Les troupes américaines ont atteint la ligne Nedelhoven-Doekweiler-Laubach-Briesch-Niederwoerresbach.
Le comte Karolyi représentera la Hongrie à la conférence de la paix et M. Ruy Barbosa, le Brésil.
L'ennemi fit sauter la gare de Douai quelques jours avant l'armisticeLundi 9 décembreLes troupes britanniques ont atteint la ligne Rheinbach-Meilverwist-Bercheim, Wevelinchoven. Leurs éléments avancés sont entrés dans Cologne.
La cavalerie belge a occupé la partie de Dusseldorf située sur la rive gauche du Rhin. Toutes les relations avec la rive droite sont interdites. La cavalerie belge se dirige sur Clèves.
Les Américains ont atteint la ligne Rupperafh-Kempenich-Mayen-Simmern-Kellenbach.
Le général français Dupont, chargé de l'organisation et du rapatriement des prisonniers français est arrivé à Berlin. Il est descendu au palais de l'ancienne ambassade de France.
Des marins et des soldats, qui se réclamaient du gouvernement de Berlin, ont fait un coup de force et incarcéré le comité exécutif des ouvriers et soldats. Ils ont offert la présidence de la République allemande à Ebert, qui a réservé sa réponse.
En tout cas, les commissaires du peuple ont donné ordre de libérer les membres du Comité exécutif. Les députés du centre catholique Trimborn et Barth ont tenu à Cologne une grande réunion à l'issue de laquelle a été décidée la création d'une république du Rhin, qui formerait un Etat dans l'Etat allemand.
La classe 1891 va être démobilisée. Les bâtiments allemands qui étaient à Cronstadt sont rentrés dans leurs ports.
2000 avions ont été livrés par l'Allemagne.
D'après un rapport, neuf prisonniers français ont été assassinés au camp de Langnsalza, en Allemagne, et neuf autres blessés grièvement. Le gouvernement français est décidé à ne pas laisser ce forfait impuni.
Le Président de la République, les ministres et un grand nombre de parlementaires sont partis pour l'Alsace-Lorraine.
Mardi 10 décembreMM. Poincaré et Clemenceau ont fait dans Metz une entrée triomphale.
De vibrants discours ont été prononcés. Le bâton de maréchal a été remis officiellement à Pétain.
La 3e armée américaine a atteint la ligne Meckenheim- Kempenich.
Les combats continuent à Berlin. Le groupe Spartacus y prépare sa revanche. Ebert a refusé la présidence de la République et ordonné de mettre en liberté le Comité exécutif des ouvriers et soldats, mais il a fait entrer de nouvelles troupes dans la capitale.
Des troubles ont eu lieu aussi à Munich où Kurt Eisner a dit intervenir plusieurs fois.
La Suède a rompu avec le gouvernement bolchevik auquel elle reprochait la propagande organisée par l'envoyé Vorovsky.
Une bombe allemande a explosé à Gand en faisant de nombreuses victimes.
MM. Venizelos et Politis sont partis pour la France.
Le prince Alexandre de Serbie a dû ajourner son voyage à Paris car il veut avant tout reconstituer à nouveau le cabinet.
M. Wilson a offert sa médiation au Pérou et au Chili. Cette proposition, que l'Argentine secondera, semble avoir été bien accueillie par le gouvernement chilien.
Un certain nombre de grands industriels rhénans ont été emprisonnés sur l'ordre des conseils d'ouvriers et soldats, et inculpés de haute trahison.
Mercredi 11 décembreL'accueil que Strasbourg a fait au gouvernement de la République ne le cède en rien à celui qui a eu lieu à Metz.
Ç'a été une journée d'enthousiasme profond et où s'exprimait toute l'âme d'un peuple.
L'armée britannique a atteint le Rhin entre Godesberg et Cologne.
La 3e armée américaine a atteint le Rhin de Rolandseck à Bohl. La ligne générale passe par Rolandseck, Brohl, Wassenach, Munstermaifeld et Rheinbollen.
La cavalerie belge est à Cerdingen.
Le gouvernement britannique a manifesté le désir de proposer à la conférence de la paix la suppression du service militaire obligatoire. A Berlin, la situation demeure chaotique. Les meetings sont tenus par dizaines par les diverses fractions socialistes qui se menacent l'une l'autre. Mais Liebknecht semble moins abattu qu'on ne l'avait dît, et le gouvernement manifeste des inquiétudes. D'autre part, la réaction s'agite. D'importantes concentrations de troupes ont eu lieu dans la banlieue de Berlin, sous les ordres d'officiers qui refusent de discuter avec les comités d'ouvriers et soldats.
On annonce officiellement que M. Wilson sera le 22, l'hôte du roi d'Italie au Quirinal, et que, le 23, il rendra visite au pape au Vatican.
M. Lansing a fait savoir aux gouvernements de Berlin et de Vienne que s'ils avaient des réclamations à formuler, ils devaient les adresser à tous les alliés et non pas seulement a l'Amérique.
Le prince régent de Serbie a décidé de constituer un nouveau cabinet où entreront des représentants de toutes les parties du nouvel Etat Sud-Slave, qui comprendra, avec l'ancien royaume, la Croatie, la Dalmatie et la Slovénie.
Le Pérou a accepté la médiation de M. Wilson sans son litige avec le Chili.
Le Conseil national slovaque dément qu'il y ait eu des pogroms à Lemberg.
Lloyd George a prononcé un grand discours au sujet de l'abolition de la conscription.
Le comte Romanones a fait une déclaration au Sénat espagnol sur la politique qu'il compte suivre avec le nouveau cabinet.
Jeudi 12 décembreLes Américains continuant leur avance ont atteint la ligne de Brohl à Andernach, de Boppard à Trechtingshausen.
La ligne générale suit le Rhin de Rolandseck à Andernach, de là à Bassenheim-Boppard, ensuite, le long du Rhin jusqu'à Trechtingshausen, au nord de Bingen.
Trois vedettes françaises vont être dirigées vers le Rhin.
Solf a encore signé une protestation à l'Entente.
L'ex-empereur Charles est inculpé de captation d'héritage.
On annonce que six classes de la R.A.T. seront libérées du 25 décembre au 5 février.
MM. Clemenceau et Poincaré sont entrés à Paris.
George V est rentré en Angleterre.
Les mères de famille lilloises ont déposé une plainte contre Guillaume II. On fait courir le bruit que ce dernier aurait tenté de se suicider. Le gouvernement de Berlin a signé un accord avec le comité exécutif des ouvriers et soldats, mais Liebknecht continue à menacer. A Munich, Kurt Eisner a décidé d'appliquer la manière forte contre les perturbateurs.
On annonce que M. Wilson, tout en demeurant à Paris, ne siégerait pas personnellement à la conférence de la paix. La ville de Genève lui a adressé une invitation.
M. Ador a été élu président de la Confédération helvétique.
Vendredi 13 décembreMM. Deschanel et Clemenceau ont retracé à la Chambre le voyage triomphal que les représentants de la France viennent d'accomplir en Alsace-Lorraine.
M. Lloyd George a prononcé un grand discours à Bristol. Il a déclaré que le traité de paix tranchera la question des armées permanentes; il a ajouté que le maintien d'une forte marine était indispensable à l'Angleterre, et enfin que l'Allemagne devait payer les frais de la guerre.
Ebert a encore accru les contingents armés qu'il a concentrés à Berlin et à Potsdam, et les journaux majoritaires, reprenant de l'assurance, mettent Liebknecht au défi d'exécuter ses plans. Liebknecht se fait fort pourtant de provoquer la grève générale dans les quinze jours. Le comité exécutif des comités ouvriers et soldats a invité le gouvernement à désarmer les troupes qu'il a mandées à Berlin.
Un général allemand, von Tesmy, qui a commandé à Luxembourg, a été interné à la forteresse française de Trèves. Il est tenu pour responsable de l'exécution de 112 hahitants d'Arlon.
Le gouvernement hollandais explique son attitude au sujet de Guillaume II, en alléguant le droit d'asile.
On annonce la démission prochaine de M. Van Karnebeek, ministre des Affaires étrangères de la Haye.
La 3e armée américaine a progressé jusqu'au Rhin et occupé Coblentz. Elle s'étend de Rolandseck au sud de Bonn jusqu'à Trechtingshausen.
Samedi 14 décembreM. Wilson est arrivé à Brest, où il a été reçu par plusieurs ministres et par la municipalité. L'accueil populaire a été très chaleureux. La flotte américaine, sous les ordres de l'amiral Sims, avait pris la mer pour aller à la rencontre du président.
Sur le front de la 3e armée américaine, aucune avance nouvelle ne s'est produite. Le secteur d'occupation a été rétréci et s'étend maintenant le long de la rive ouest du Rhin, de Rolandseck à Brey.
La commission navale anglaise de l'armistice à Wilhelmshafen a menacé de rompre les négociations si certaines clauses ne sont pas plus fidèlement exécutées.
Les plénipotentiaires des Alliés et ceux de l'Allemagne se sont rencontrés à Trèves pour discuter au sujet de la prolongation de l'armistice.
Une seconde note américaine à l'Allemagne et à l'Autriche dit que ce n'est pas au cabinet de Washington mais à tous les gouvernements associés que les demandes ou les plaintes doivent être adressées.
A Berlin, le groupe Spartacus annonce la grève générale. Des perquisitions ont eu lieu dans les locaux du groupe.
Les troupes françaises sont arrivées à Budapest.
Une délégation liégeoise est partie pour Paris afin d'inviter MM. Poincaré, Clemenceau, le maréchal Foch et le président Wilson à venir visiter Liège.
Les polémiques au sujet de l'internement de Guillaume II continuent en Hollande. L'ex-kaiser va déménager.
Lord Grey a prononcé un discours pour exposer son interprétation au principe de la liberté des mers.
Le président Wilson à Paris Dimanche 15 décembreParis a accueilli M. Wilson avec enthousiasme. Des toasts chaleureux ont été prononcés au déjeuner de l'Elysée par M. Poincaré et par le Président des Etats-Unis. Le conseil municipal a décerné à M. Wilson le titre de citoyen de Paris, titre qui fut jadis conféré à George Washington.
Les troupes de la 10e armée ont occupé Kreuznach, dépassé la ligne Bretzenheim-Eichloch-Biebelnheim-Gau-Odernheim, et enfin, pénétré dans Mayence.
Les Britanniques ont traversé le Rhin et commencé l'occupation de la tête de pont de Cologne. Ils ont atteint la ligne Ober-Kassel-Siegburg-Odenthal-Opladen.
La 3e armée américaine a traversé le Rhin et occupé la tête de pont de Coblentz.
Le maréchal Foch et le général Pershing sont arrivés à Trèves pour discuter les conditions de la prolongation de l'armistice.
Le président du Reichstag, M. Fehrenbach, a convoqué brusquement l'assemblée sans prendre l'assentiment du gouvernement Ebert-Haase. Les commissaires du peuple ont répondu par une lettre où ils mettent M. Fehrenbach en face de ses responsabilités.
Dans un dernier grand discours, M. Lloyd George a fait le procès des travaillistes. Il s'est prononcé de nouveau contre la conscription.
Les députés catalans ont quitté brusquement la Chambre espagnole pour protester contre le refus des partis de discuter le régionalisme.
L'Italie démobilise presque toutes ses classes.
Une escadrille américaine est arrivée à Pola.
Mme Wilson sous un déluge de fleurs Lundi 16 décembre L'armistice a été prolongé d'un mois dans le wagon-salon du maréchal Foch. La date d'échéance sera le 17 janvier 1919 à 5 heures du matin. Cette prolongation d'un mois sera étendue jusqu'à la conclusion des préliminaires de paix, sous réserve de l'assentiment des gouvernements alliés.
Le haut commandement des alliés se réserve le droit, s'il le juge bon, pour s'assurer de nouvelles garanties, d'occuper la zone neutre sur la rive droite du Rhin, au nord de la tête de pont de Cologne et jusqu'à la frontière hollandaise. Cette occupation sera annoncée par le haut commandement des Alliés avec six jours de préavis.
M. Erzberger a fait une longue déclaration pour essayer d'établir que l'Allemagne avait exécuté les conditions posées, pour demander la cessation du blocus et l'ouverture immédiate des négociations en vue des préliminaires de paix.
Les avant-gardes britanniques, complétant l'occupation de la tête de pont de Cologne, ont atteint la ligne générale Obr-Kassel-Scelscheid-Hohkeppel-0lpe-Solingen-nord de Hilden.
Un régiment français est entré à Wiesbaden.
A Berlin, la rupture semble complète entre les indépendants et les majoritaires, à la veille de la réunion du congrès des ouvriers et soldats de toute l'Allemagne.
La Norvège a rompu avec les bolcheviks.
Le cabinet norvégien, battu aux élections générales, à démissionné.
Le gouvernement des Pays-Bas publie une note pour dire qu'il n'a jamais pris une position contraire aux intérêts belges depuis 1914.
On a découvert à Potsdam la garde robe impériale qui contenait 600 uniformes.
Mardi 17 décembreM. Wilson s'est rendu à l'Hôtel de Ville, où il a été reçu en grande pompe.
Le gouvernement vient de prendre toute une série de dispositions au sujet de la démobilisation des R.A.T. et des hommes assimilés.
M. Sidonio Paes, président de la république portugaise a été assassiné. Le meurtrier a été tué sur place. Les Chambres ont été convoquées et le ministre de la Marine, chargé de la présidence provisoire.
Il résulte d'un rapport officiel de l'ambassadeur d'Espagne à Langensalza, que 9 Français ont été tués et 8 blessés dans ce camp.
Une note officielle de Bruxelles dit que la Belgique est unanime à réclamer la révision intégrale des traités de 1815 et de 1839.
Les usines Krupp annoncent qu'elles vont être obligées de licencier 200.000 ouvriers. 350.000 personnes sont en grève à Berlin. Le président du Reichstag Fehrenbach, prend décidément position contre le gouvernement d'Ebert.
Ce dernier, dans une interview, a déclaré que le groupe Spartacus ne lui inspirait aucune appréhension.
De sanglantes bagarres ont eu lieu à Barcelone. M. de Romanones a décidé de suspendre les Cortès.
L'Esthonie proteste contre la politique de l'Allemagne à son égard.
On annonce que M. Bourgeois représentera la France à la conférence de la paix.
D'une rive à l'autre du Rhin reconquis...L'occupation par nos troupes des divers points des secteurs des rives du Rhin que leur assignent les clauses de l'armistice s'effectue méthodiquement. Voici le 6e bataillon du 201e d'infanterie de France traversant le Rhin en bac entre Nierstein et Oppenheim, pour se diriger vers la rive droite.
Mercredi 18 décembreOn croit que les conférences de la paix ne commenceront qu'après le 1er janvier.
MM. Lloyd George et Balfour vont partir pour Paris.
M. Noulens, notre ambassadeur à Arkhangel, a quitté la Russie.
On publie les clauses financières de l'armistice conclu à Trèves et qui sont :
Engagement de la part de l'Allemagne de ne pas disposer sans accord préalable avec les alliés, de son encaisse métallique, de ses effets ou avoir en or à l'étranger;
Engagement de la part de l'Allemagne de prendre, d'accord avec les gouvernements alliés, les mesures nécessaires pour régler le plus rapidement possible les conditions dans lesquelles les intéressés pourront obtenir la restitution des titres perdus ou volés dans les régions envahies ;
Obligation, sous certaines conditions, de régler à leurs échéances les créances dues aux Alsaciens-Lorrains et de n'apporter aucune entrave à la libre disposition par les Alsaciens-Lorrains des propriétés, valeurs, titres et dépôts leur appartenant et situés en Allemagne.
Le gouvernement espagnol a suspendu les Cortès et décidé d'établir la loi martiale en Catalogne.
Un gouvernement serbo-yougo-slave a été établi à Belgrade avec M. Pachitch comme président, M. Korosec comme vice-président, M. Trumbitch, comme ministre des Affaires étrangères.
MM. Kokotsef et Milioukof sont attendus à Paris.
On annonce que M. de Romanones, président du Conseil espagnol, va venir à Paris pour conférer avec MM.Clemenceau et Wilson.
De nouvelles manifestations organisées à Berlin par Liebknecht et le groupe Spartacus ont échoué devant l'indifférence du public.
Un vif mouvement contre-révolutionnaire se dessine dans les troupes de la garde et spécialement à Potsdam.
Une réaction s'affirme à Vienne contre le rattachement de l'Autriche allemande à l'Allemagne.
Jeudi 19 décembreM. Wilson a dîné à l'ambassade américaine de Paris où un certain nombre de notabilités avaient été conviées par M. et Mme Sharp.
Le Président du Conseil a fait signer un décret aux termes duquel un casque commémoratif avec inscription serait remis aux soldats de la grande guerre.
M. de Romanones a répondu aux revendications catalanes. Sa réponse est plutôt froidement accueillie à Barcelone.
Les autorités hongroises ont interné le maréchal Mackensen près de Budapest.
L'amiral Canto y Castro a été élu par 137 voix président de la république portugaise, en remplacement de M. Sidomo Paes. Le meurtrier de ce dernier affirme n'avoir pas eu de complice.
Le gouvernement d'Ebert l'a emporté sur toute la ligne au congrès des ouvriers et soldats de Berlin. On a refusé d'admettre Rosa Luxembourg et Liebknecht. Ce dernier a organisé une grande manifestation dans les rues de la capitale. Ses amis ont perdu Neukoln, dont des soldats venus du front ont occupé les édifices publics.
L'escadre anglaise a arrêté par son bombardement l'avance des bolchevicks sur la côte esthonienne.
Le Danemark a rompu avec les commissaires du peuple.
On prévoit l'évacuation de Petrograd, où Lenine et Trotski ne se sentaient plus en sécurité.
M. Kokovtsef est attendu à Paris.
On dément que la Roumanie ait négocié un concordat avec le Vatican.
Von der Goltz et les derniers Allemands ont quitté la Finlande.
LE GROS CANON QUI BOMBARDAIT DUNKERQUEAu cours de cette dernière année de guerre, Dunkerque eut à subir un bombardement acharné au moyen d'une pièce dont l'ennemi réussit à dissimuler l'emplacement. Cependant, elle finit par être repérée à Langenboom, à 42 kilomètres de distance. Elle fut capturée par nos alliés belges le 18 octobre dernier. Le canon, d'un calibre de 380, était installé dans un abri bétonné et camouflé.
Vendredi 20 décembreLe roi d'Italie et son fils sont arrivés à Paris, où i1s ont reçu un accueil enthousiaste. Victor Emmanuel III était accompagné par M. Orlando, président du conseil, et par M. Sonnino, ministre des Affaires étrangères.
M. de Romanones, premier ministre d'Espagne, a quitté Madrid à la suite d'une conversation avec le roi, pour se rendre à Paris. D'après une note qu'il a publiée, il viendrait conférer avec le gouvernement français et avec le président Wilson sur les problèmes internationaux intéressant l'Espagne. M. Ventosa, l'un des chefs du parti catalaniste, est également parti pour Paris.
M. Lloyd George et M. Balfour, qui devaient-être nos hôtes à la fin de la semaine, ont ajourné leur voyage.
Des séances tumultueuses ont eu lieu au congrès des ouvriers et soldats à Berlin. La salle a été envahie par des soldats appartenant au groupe Spartacus. A Munich, une réunion a été troublée par des soldats. A Dantzig, des collisions graves se sont produites.
On annonce que M. Pachitch aurait démissionné et qu'un nouveau cabinet se formerait à Belgrade.
Le maréchal Douglas Haig a été reçu en grande pompe à Londres.
Notre nouvel ambassadeur, M. Alapetite, est arrivé à Madrid.
Un croiseur anglais est arrivé à Kiel.
Le prince de Ratibor, ambassadeur allemand en Espagne, est définitivement rappelé.
Samedi 21 décembreLe maréchal Joffre a été reçu à l'Académie, où il a fait l'éloge de notre armée. M. Jean Richepin lui a répondu.
Le roi d'Italie a visité les hôpitaux organisés par le gouvernement italien et la colonie italienne. Il a déjeuné au ministère des Affaires étrangères, puis s'est rendu à l'Hôtel de Ville. Il a ensuite assisté à la séance de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dont il est membre. Enfin, il a offert un dîner à l'ambassade d'Italie. Après quoi, il a quitté Paris pour aller rendre visite aux divisions italiennes du front.
M. de Romanones est arrivé à Paris, où il vient, on le sait, pour conférer avec MM. Wilson et Clemenceau.
Le maréchal Douglas Haig a été reçu solennellement à Londres.
Le Labour Party demande que les travaux de la conférence de la paix aient lieu au grand jour.
Le gouvernement suédois demande à la Finlande que le cas de l'archipel d'Aland soit tranché par un referendum des populations intéressées.
Le congrès des conseils ouvriers et soldats d'Allemagne a donné pleins pouvoirs au gouvernement des mandataires du peuple.
Une armée polonaise a débarqué à Dantzig.
Le pape a transmis aux chancelleries de l'Entente une nouvelle requête de l'Autriche relative à l'insuffisance des vivres à Vienne.
Le ministre des Affaires étrangères de Hollande a prononcé un nouveau discours pour essayer de justifier son attitude au regard de la question du passage des troupes allemandes à travers le Limbourg.
Dimanche 22 décembreLe président Wilson a été reçu docteur en Sorbonne.
M. de Romanones a eu des conversations avec M. Clemenceau et M. Pichon. Les questions traitées auraient été celles du Maroc et de la participation espagnole à la conférence.
Les Alliés ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient pas les Conseils ouvriers et soldats allemands.
On annonce une fois de plus la démission du cabinet Karolyi.
M. Wilson sera l'hôte de George V à Buckingham.
Dans ses déclarations, le nouveau président du conseil roumain, M. Bratiano, fait savoir qu'il travaillera à la pleine réalisation des voeux de la Roumanie et qu'il établira le suffrage universel.
La Chambre belge a fixé le contingent militaire à 100.000 hommes sur le pied de paix.
Le conseil national de Fiume s'est constitué en gouvernement indépendant.
Le nouveau président de la république portugaise, l'amiral Canto y Castro, a chargé le docteur Nunes de Ponte, ancien président de la Chambre des députés, de former le cabinet.
Les bolchevistes ont essayé en vain de renverser le gouvernement d'Esthonie.
Deux députés belges flamingants sont poursuivis pour trahison.
M. Ludovic Naudeau, le journaliste français emprisonné à Petrograd, par les maximalistes, a été remis en liberté.
Lundi 23 décembreOn annonce l'arrivée à Paris du régent de Serbie, le prince Alexandre. Un nouveau cabinet serbe s'est constitué à Belgrade avec, à sa tête, M. Protitch. M. Korosec devient Vice-président et M. Trumbitch, ministre des Affaires étrangères. M. Pachitch dirigera la délégation serbe à Paris.
Le Pape manifeste le désir de participer à la conférence de la paix, mais on ignore s'il y sera admis.
M. de Romanones, après avoir négocié, a quitté Paris.
Le Congrès des Conseils d'ouvriers et soldats s'est clos à Berlin. Le comte de Brockdorf Rantzau remplace le docteur Solf au ministère des Affaires étrangères d'Allemagne. Kurt Eisner vient de fonder un journal qui sera son organe personnel à Munich.
M. Bratiano a appelé dans le cabinet qu'il a formé à Bucarest, M. Phérékyde, M. Constantinesco, M. Duca.
L'armée Mackensen a été rapatriée en Allemagne.
Le président de l'Etat tchéco-slovaque, M. Masaryk, a fait son entrée dans Prague.
Le maréchal Pétain a été reçu à Bruxelles par le roi et la reine des Belges.
L'Angleterre renonce aux cartes d'alimentations.
Le gouvernement russe d'Omsk, a envoyé une adresse aux puissances de l'Entente pour réclamer leur concours contre les bolchevistes.
M. Kokotsef est arrivé à Paris.
On annonce que l'Allemagne construit une énorme flotte aérienne afin de stimuler ses relations économiques.
Mardi 24 décembreLa zone neutre de la rive droite du Rhin a été délimitée.
La première zone va de la frontière hollandaise à Ratingen; elle aura son siège de commandement à Wesel.
La seconde zone sera contiguë à l'angle formé par les têtes de pont de Cologne et de Coblentz. Le commandement sera installé à Wipperfrierth.
La troisième zone s'étendra dans l'angle formé par les têtes de pont de Coblentz et de Mayence, y compris Lorch. Le commandement sera à Westerburg. La quatrième zone va jusqu'à la frontière helvétique. Le commandement sera à Westerburg.
Le président Wilson a visité les hôpitaux militaires américains et le Val-de-Grâce.
Le prince Lvof, ancien président du Conseil de la révolution russe, est arrivé à Paris. Il a conféré avec différentes personnalités russes.
Le voyage du prince régent de Serbie en France est légèrement retardé.
Le gouvernement allemand a rappelé von Ekhardt, ministre à Mexico, qui fut un des plus ardents agents de la propagande germanophile.
M. de Romanones est rentré à Madrid, se déclarant très satisfait de l'accueil qu'il avait reçu en France.
Une division française composée de cinq unités, dont un croiseur cuirassé, le Montcalm, est en route pour la Baltique. Cette force navale a pour mission de veiller à l'exécution des clauses de l'armistice, de visiter les ports allemands où sont réunis les prisonniers français, de s'assurer que le rapatriement de ces prisonniers s'effectue dans les meilleures conditions possible.
Le roi d'Italie a décoré les généraux Maistre, Guillaumat et le maréchal Foch.
Mercredi 25 décembreAlphonse XIII a adressé un télégramme au Président de la République pour le remercier de l'accueil qui a été fait à M. de Romanones.
Le roi d'Italie, de son côté, s'est, dans un message, déclaré enchanté du voyage qu'il a fait en France.
M. Antonesco, le nouveau ministre de Roumanie, a remis à M. Poincaré les lettres qui l'accréditent comme envoyé extraordinaire en France.
Les décisions du Congrès des ouvriers et soldats qui s'est tenu à Berlin ne seront que partiellement appliquées. On dit que le géneral Gröner est venu protester en effet contre les résolutions qui avaient été adoptées. Hindenburg et Gröner restent d'ailleurs en fonctions et Solf, qui a abandonné les Affaires étrangères, demeure aux Colonies.
Des pourparlers ont échoué entre majoritaires et minoritaires. Le clergé bavarois a pris catégoriquement position contre Kurt Eisner.
De nombreuses distinctions américaines ont été distribuées aux généraux français.
L'Angleterre et l'Amérique font une vive opposition a une entreprise d'intervention armée en Russie.
Les troupes yougo-slaves ont occupé Marbourg.
La nouvelle revient une fois de plus de la retraite prochaine de Karolyi, président du Conseil de Hongrie, qui serait débordé par la situation.
Ce n'est qu'en janvier que le régent de Serbie viendra à Paris.
D'après des informations puisées à bonne source, les gouvernements alliés ne songeraient plus à envoyer une expédition en Russie.
Les bolchevistes progressent en Esthonie.
Les Tchéco-Slovaques ont occupé une partie de la Hongrie.
Un certain nombre d'Allemands ont été expulsés d'Alsace-Lorraine.
Jeudi 26 décembreLes journaux espagnols annoncent qu'au cours de son séjour à Paris, M. de Romanones a traité la question du Maroc.
Le gouvernement français a converti le ministère du Blocus en ministère des Régions libérées.
La première brigade de cavalerie belge est entrée en Allemagne, atteignant Dalfdorf.
Les troupes françaises ont occupé le faubourg de Nied, près de Francfort-sur-Mein.
La Chambre turque a été dissoute. On sait qu'elle était composée à peu près exclusivement de créatures d'Enver pacha.
Un envoyé polonais, M. Hompel, est arrivé à Paris.
De nouvelles instructions ministérielles ont été envoyées aux armées concernant la démobilisation.
Le président Wilson a quitté Paris pour aller visiter les troupes américaines sur le front.
M. Poincaré a quitté également Paris pour se rendre dans les Ardennes.
Un office de liquidation des stocks de guerre a été créé au ministère de la Guerre.
La délégation roumaine à la conférence de la paix aura à sa tête M. Bratiano.
Plusieurs villes sont proposées pour siège de la future Constituante allemande: Bayreuth, Cassel, Erfurt, Weimar, Nuremberg.
100.000 officiers allemands ont formé une ligue pour défendre leurs droits. Les marins ont tenté un coup de force à Berlin, mais ils ont été repoussés. Il y a eu 68 morts et blessés.
Vendredi 27 décembreDe nouveaux troubles ont éclaté à Berlin, où les marins ont tenté un coup de force et se sont rendus temporairement maîtres de la chancellerie. Ils ont même fait prisonniers plusieurs membres du gouvernement, qu'ils ont relâchés à la suite d'un compromis avec les troupes restées fidèles. Il y aurait eu 68 morts et blessés. Le commandant de la place, Wels, qui déplaisait de longue date aux Spartaciens, a remis sa démission. Richard Molkenburg a pris possession du poste. Deux amiraux ont été arrêtés à Kiel.
Un tribunal spécial a été constitué à Stamboul pour juger les tortionnaires.
M. Wilson a harangué les soldats américains qu'il avait passés en revue dans la HauteMarne.
Une réunion importante a eu lieu à Leipzig en faveur de l'annexion de L'Autriche allemande à l'Allemagne.
Les Allemands ont commencé à restituer les valeurs volées. Plus de 6 milliards ont déjà été rendus par eux. Les valeurs provenant de Lille, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes ont été réintégrées dans ces villes mêmes; celles de Douai, Cambrai, Caudry et Saint-Quentin ont été remises à Paris, Lille ou Valenciennes. Un train en chargement à Bruxelles rapportera à Valenciennes des coffres-forts que les Allemands déclarent n'avoir pas ouverts.
Des délégations Parisiennes ont visité Metz.
Un ultimatum italien a été adressé à l'Autriche allemande. L'Autriche a accepté sur-le-champ les conditions formulées.
Samedi 28 décembreLe sous-secrétaire d'Etat à la Guerre a donné des chiffres précis sur les pertes de la France durant la guerre. Il signale 31.300 officiers et 1.040.000 soldats tués, 3.000 officiers et 311.000 soldats disparus, 8.300 officiers et 438.000 soldats prisonniers.
La Chambre a fixé à 2400 francs le taux maximum des pensions.
Le gouvernement a décidé que des avions de bombardement concourraient à ravitailler le Nord.
Le président Wilson est arrivé à Londres, où il a été acclamé. Il a dîné au palais de Buckingham.
M. Poincaré a visité Sedan, Mézières, Charleville, Rethel et Vouziers.
De nouveaux troubles ont eu lieu à Berlin. Le groupe Spartacus s'est emparé temporairement du Worwärts. Bernstein a quitté le groupe indépendant pour rentrer dans la social démocratie majoritaire.
On annonce la mort de Conrad de Hohenlohe, ancien président du Conseil d'Autriche.
Une crise ministérielle a éclaté à Budapest, par la démission du ministre de l'instruction publique, Martin Lovaszy.
Le pape a prononcé une allocution pour la paix.
L'anniversaire d'Oberdan a été célébré en grande pompe à Trieste.
Le président Wilson, invité à se rendre dans la Haute-Loire, a, en raison de ses occupations, décliné cette invitation.
M. Guillemin, ancien ministre de France à Athènes, est nommé ministre à Christiania.
Dimanche 29 décembreLe débat de politique générale a commencé à la Chambre à propos des douzièmes. Un premier scrutin a donné au gouvernement 382 voix contre 93. M. Marcel Cachin a posé des questions au sujet de l'intervention en Russie, de la rive gauche du Rhin et plus spécialement du bassin de la Sarre. M. Briand, dans une intervention, a fait une distinction entre pourparlers confidentiels et traités secrets.
Boris Savinkof, qui fut un des plus rudes adversaires de Lenine, est arrivé à Paris.
Les bolchevistes avançant dans les provinces baltiques, les habitants s'enfuient en masses sur leur passage. Deux contre-torpilleurs bolchevistes ont été capturés par les Anglais dans le voisinage de Reval.
Les socialistes français qui avaient donné leur démission à la commission de l'armée ont décidé de reprendre leurs sièges.
M. Wilson a prononcé un toast au banquet de Buckingham Palace, en insistant sur son désir de fonder la Société des nations.
M. Kramarcz, président du Conseil de l'Etat tchéco-slovaque, a prononcé devant notre ministre à Prague, M. Clément Simon, un discours d'hommage à la France.
On annonce que le gouvernement d'Ebert aurait démissionné à Berlin. En tout cas, la situation est des plus critiques. Les Spartaciens disposeraient, contre le pouvoir, d'armements considérables.
Lundi 30 décembreLes élections britanniques ont été un triomphe pour M. Lloyd George. La coalition libérale-conservatrice-travailliste, fondée sous ses auspices, a 477 sièges sur 707. Les élections sont caractérisées, en outre, par le succès des unionistes, les progrès des travaillistes et du Sinn Fein, la défaite des libéraux doctrinaires et des nationalistes irlandais. M. Asquith, M. Henderson, M. Ramsay Mac Donald ont été battus.
M. Bissolati est sorti du cabinet italien pour des motifs de politique internationale. M. Orlando s'efforce de le ramener.
La situation est des plus confuses à Berlin.
On dit, d'autre part, qu'Ebert et Scheidemann refusent de quitter le pouvoir, et, de l'autre, qu'un gouvernement Ledebour-Liebknecht-Eichhorn s'est constitué. Les majoritaires ont organisé une grande manifestation et le Worwärts réclame plus que jamais la répression. Des troubles graves ont éclaté dans la région houillère de Hamboorn.
M. Wilson, après avoir prononcé un grand discours sur la Société des nations, au Guildhall, a quitté Londres pour Carlisle.
Un bataillon français a débarqué à Cattaro.
On annonce que les maximalistes russes ont fait une démarche en vue de négociations auprès des Alliés.
Un courant se manifeste à Vienne pour adjoindre l'Autriche allemande à une Fédération danubienne.
Les socialistes allemands adhèrent à la conférence internationale de Lausanne.
Le commandement français aurait renoncé à l'occupation de Mannheim.
La fille de Trotsky a été arrêtée à Varsovie.
Mardi 31 décembreM. Clemenceau a obtenu une énorme majorité à la Chambre. Les crédits ont été votés à la presque unanimité; un scrutin sur une motion tendant à n'accorder qu'un douzième au lieu de trois a recueilli 93 voix.
La crise allemande s'est dénouée, au moins temporairement: les commissaires du peuple minoritaires sont sortis du gouvernement ; ils sont remplacés par trois majoritaires : Noske, hier gouverneur de Kiel, l'un des leaders du vieux parti social démocrate ; Löbe, rédacteur au journal socialiste de Breslau ; et Wissel, député au Reichstag. Hindenburg a envoyé de nouvelles troupes à Berlin pour prêter main-forte au gouvernement contre le groupe Spartacus.
En Bavière, Kurt Eisner a pris position pour les indépendants, et en réclamant le départ d'Ebert.
Des conflits ont éclaté également en Saxe entre socialistes majoritaires et socialistes indépendants. Les mineurs de la Ruhr ont saccagé deux mines. Ils ont livré une bataille en règle aux troupes.
Les renseignements qui arrivent d'Angleterre confirment le grand succès de M. Lloyd George, mais le chiffre des votants a été restreint. Il n'a pas dépassé 50%. Un tiers à peine de l'armée a voté.
Les troupes françaises sont à Odessa, et l'escadre britannique à Batoum, mais les maximalistes continuent a progresser en Esthonie.
Une bataille de rues a eu lieu à Posen, entre la foule et les troupes allemandes, à propos de l'arrivée du grand pianiste Paderewski.