Djihad en Aveyron... Bon diou
Un cultivateur de l'Aveyron a été arrêté par les gendarmes et placé en garde à vue,
suite à une conversation téléphonique interceptée, dans laquelle il annonçait à sa
femme: "Je pars pour la scierie".
Aveyron 17 janvier 2015 : arrestation d'un dangereux terroriste présumé
C'est le jeudi 14 janvier dernier que la DGSI se met en rapport avec la brigade de
gendarmerie de Réquista dans l'Aveyron ; un terroriste présumé se préparerait à partir
pour la Syrie faire le Djihad.
Il n'en faut pas plus au brigadier-chef Jean-Loup Sanaïre pour mettre en place un plan
épervier sur le Réquistanais.
Une opération d'envergure qui a porté ses fruits puisque quelques heures plus tard, sur
la D 902 qui relie la commune de Réquista à Cassagnes-Begonhès, le suspect barbu est
intercepté au lieu-dit Le moulin de Clary.
À bord de son véhicule, une Citroën C15, c'est un vrai arsenal que découvrent les
gendarmes : arme blanche de type couteau Laguiole en corne de vache Aubrac
véritable, une hachette à manche fibré bi-matière de marque MacTruchon de chez
Brico, Pipo, un fusil de chasse a priori bien entretenu, une cartouchière richement
fournie de plombs Tunet n°6 ainsi qu'un sac complet d'engrais Monsatanas qui entre,
notamment, dans la composition de certaines bombes artisanales.
Le suspect, Raymond Cubombet, un Réquistanais de 57 ans jusqu'alors inconnu des
services de la gendarmerie, est immédiatement placé en garde à vue pour y être
interrogé.
Ce n'est que 7 heures plus tard qu'il en ressortira libre mais choqué par cette
expérience.
Il témoigne :
– Bon, c'est vrai que cet été, entre le fauchage, l'agnelage tardif et les moissons,
raconte-t-il, j'ai pas trop eu le temps de faire du bois... On s'est vite retrouvé à court à
la maison avec les températures de ces jours-ci ! Du coup, j'ai appelé mon épouse sur
mon Nokia pour lui dire que je partais pour la scierie. Acheter des chutes de bois
quoi... C'est moins cher... Je pensais pas me retrouver au trou !
Une bavure qu'ont bien du mal à dissimuler les gendarmes de la petite bourgade. Le
brigadier-chef Sanaïre s'explique :
– Dès le début de l'interpellation on a eu des doutes. Alors qu'on s'attendait à entendre
'Allahou Akbar' comme il est de coutume avec les terroristes, le suspect n'arrêtait pas
de répéter « Diou me damne ! Diou me damne ! » à tout bout de champ.
Il a donc fallu que Raymond Cubombet apporte la preuve de ses bonnes intentions
pour finalement être mis hors de cause.
– Bon, c'est vrai que je porte la barbe, reconnaît-il. Mais ça fait 40 ans que je la cultive
! Vous savez, il fait pas chaud l'hiver ici, et la seule fois où je l'ai rasée, ma femme ne
m'a plus parlé jusqu'à ce qu'elle repousse... Après, ils m'ont reproché d'être basané.
Moi je veux bien, mais quand on a passé presque 60 ans de sa vie le cul dans un
Massey (Note de la rédaction : diminutif pour la marque Massey-Ferguson qui est au
tracteur ce que Harley-Dadidson est à la moto) à bronzer derrière un pare-brise, ça
tanne la peau vous savez.
Et quand on demande à Raymond de s'expliquer sur les armes retrouvées à l'intérieur
de son véhicule, il n'est pas avare d'arguments.
– Ben, la hachette c'était pour faire du petit bois, c'est plus pratique pour allumer le feu.
L'engrais, c'est pour les champs. Je venais juste d'aller le chercher à la coop. Et le fusil
c'était pour tuer un ou deux lièvres cet après-midi mais c'est foutu maintenant... Ils
m'ont coupé la chique avec leur histoire de terroriste... Quant au couteau, c'est
traditionnel : vous connaissez beaucoup d'Aveyronnais qui porte pas de Laguiole sur
lui, vous ? En plus ça permet de me couper un bout de saucisse sèche en cas de
fringale.
Un bout de saucisse sèche qui a changé le destin de Raymond Cubombet puisque, en
menant leurs investigations, les gendarmes ont retrouvé un bout de ladite charcuterie
estampillée Serres d'Alban dans un coin de la boîte à gant, le mettant définitivement
hors de cause.
La DGSI s'est longuement excusée pour le désagrément occasionné expliquant : « On
est un peu tendus en ce moment »....
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