Ali Khodja est né à Alger le 12 janvier 1933, et en octobre 1955, ils sont trois à déserter de la caserne d'Hussein Dey, emportant avec eux plusieurs armes.
Ayant rejoint le maquis de Palestro, dirigé par Amar Ouamrane, Khodja se voit confier le commandement d’une section de l’ALN, forte de cent-dix hommes[8], qui se distinguera rapidement par ses actions[9], devenant plus tard sous le nom de commando Ali Khodja l'une des légendes de l'ALN[10].
Dans le but de récupérer armes et vêtements, l’unité de Khodja, comme toutes les autres unités de l'ALN à cette époque, privilégie les embuscades, qui sont exécutées conformément à la devise « Frappe, récupère et décroche[11] ».
Hervé Artur est né à Paris le 17 septembre 1926 ; après son service militaire en Algérie, il prépare une agrégation de philosophie qu'il abandonne pour un emploi dans une société de transports ; fin avril 1956, il est rappelé à sa demande sous les drapeaux et il est affecté avec le grade de sous-lieutenant au 9e régiment d'infanterie coloniale stationné en Kabylie[12].
Cet officier qui croit en l’œuvre de pacification de l’armée française assure le commandement d'une section de vingt fantassins composée de deux sergents, de deux caporaux-chefs, de deux caporaux et de quatorze soldats, la plupart étant des ouvriers dans le civil[13].
Le 18 mai au matin, il part en mission de reconnaissance dans les villages proches d'Ouled Djerrah.
Chronologie
18 mai 1956 : la section Artur en patrouille
18 mai 1956 : l'engagement
L'embuscade a lieu le vendredi 18 mai 1956. Le combat de type guérilla dure moins de vingt minutes, il se solde par la victoire de l'ALN.
Seuls cinq membres de la 2e section survivent à l'embuscade.
Il s'agit du sergent Alain Chorliet, du caporal-chef Louis Aurousseau, du marsouin Lucien Caron, les trois sont blessés, ainsi que de deux autres marsouins, Jean David-Nillet et Pierre Dumas.
Grièvement blessé, Caron est laissé sur place avec les villageois kabyles du douar, les autres survivants sont emmenés par les moudjahidin.
Les deux blessés sont confiés aux villageois du douar voisin de Bou Zegza, David-Nillet et Dumas sont gardés comme prisonniers par Khodja qui poursuit sa retraite dans les montagnes.
Les mutilations
L'Écho d'Alger du 20 mai 1956 titrant : « 21 jeunes rappelés atrocement massacrés par la population d'un douar passé à la dissidence ». Au moment de quitter les lieux de l'embuscade, le soldat Pierre Dumas emmené comme prisonnier, voit arriver des civils du village voisin de Djerrah.
La presse d'alors rapporte sans nuance que ces habitants commencèrent à mutiler les soldats. S'il est fait état d'« atroces mutilations », le déroulement réel n'étant pas connu, elles n'ont pas l'ampleur évoquée.
Le sous-lieutenant Artur est égorgé et ses hommes portent des traces de couteau un peu partout sur le corps ; les yeux de certains sont crevés, mais sans qu'on puisse exclure que ce puisse être dû aux bêtes.
Des écrits perdurent jusqu'à nos jours, où l'on parle de lèvres et nez coupés, d'yeux crevés, de gorge tranchée, de ventres vidés de leurs entrailles et bourrés de cailloux ou de testicules coupé,
Selon Bernard Droz et Évelyne Lever, « ces mutilations furent effectuées par les survivants de la population locale, au lendemain d'un ratissage particulièrement brutal[20] ».
Ce point de vue est partagé par Yves Courrière, qui précise que les mutilations eurent lieu « après la mort des soldats français »[21].
23 mai 1956 : riposte et représailles de l'armée française
Le 19 mai, sans nouvelle de la 2e section, l'armée française envoie trois bataillons et quatre hélicoptères pour la retrouver.
Le 23 mai, les parachutistes du 1er REP et du 20e BPC retrouvent 19 membres du commando Ali Khodja retranchés dans une grotte avec les deux prisonniers, près de Tifrène.
Un combat s'ensuit au cours duquel 16 moudjahidines sont tués et trois sont faits prisonniers ; Jean David-Nillet est tué accidentellement lors de l'assaut tandis que Pierre Dumas, blessé, est libéré.
Raphaëlle Branche précise en outre que dans l'après-midi qui suit la découverte des cadavres français « quarante-quatre Algériens sont liquidés sommairement » alors que « la majorité, de l'aveu même des autorités militaires, sont des fuyards qui cherchent à échapper à l'encerclement organisé par les troupes françaises au nord de l'embuscade »[22] ; par ailleurs, le village de Djerrah est détruit en totalité en représailles.
Parfois, l'action de l'aspirant Maillot, un militant du PCA, désertant quelques semaines auparavant avec un camion d'armes, a été mise en relation avec l'embuscade du 18 mai 1956.
Cette hypothèse n'est pas retenue par Raphaëlle Branche qui souligne l'hostilité du FLN à l'égard de Maillot