Gregory "Pappy" Boyington"Boyington"L'avant guerre : Passionné de vol dès son enfance (il réalise son baptême de l'air à l'âge de 8 ans), Gregory Boyington lit tous les livres sur la Première Guerre Mondiale traitant d'aviation.
Il subit jeune le divorce de ses parents, ainsi qu'un beau père alcoolique.
Il part à Tacoma en 1926 où il fait ses preuves en tant que lutteur, (il est champion de son collège), dans les salles mais aussi dans la vie, et affiche déjà son tempérament de futur meneur d'hommes.
Sa mère travaille comme standardiste pour lui payer ses études.
Il entre à l'université de Washington en 1930, et participe au ROTC (l'école de formation des officiers de réserve).
Il reçoit son diplôme en construction aéronautique en 1934 puis part travailler pour Boeing comme ingénieur aéronautique.
Il rentre ensuite dans le corps des Marines en juin 1935. C'est lors de son inscription qu'il réalise avec son acte de naissance que son père n'est pas son véritable père.
Il est affecté au nouveau programme naval de la marine (USMC) à Pensacola (Floride) le 18 février 1936.
Il se marie secrètement avec sa première femme, Helen qu'il a rencontré en 1934, car l'école n'accepte que des célibataires.
Elle lui donne un fils 10 mois plus tard « Gregory Clark Boyington ».
C'est également à Pensacola que débute son goût pour l'alcool, tout comme sa réputation de bagarreur.
Son « futur pire ennemi », Joe Smoak, alias le colonel Lard est là-bas l'un de ses responsables, et l'animosité à son égard date de cette époque.Gregory Boyington reçoit ses ailes de pilote le 11 mars 1937, et en profite pour retourner se réconcilier avec sa femme Helen, qui lui donnera un deuxième enfant.
Il rejoint la VMF-1 en 1938 à Quantico (Virginie) puis la VMF-2 à San Diego (Californie).
Il y obtient le surnom de « Rat » en raison d'une ressemblance avec Gregory Ratoff.
Il quitte l'armée de réserve le 1er juillet 1937, pour pouvoir être accepté le lendemain dans le corps des marines comme lieutenant.
Affecté à Pensacola en 1938 comme pilote instructeur, il devient premier lieutenant le 4 novembre 1940.
Sa vie, (alcool, femmes, jeu, bagarres...) devient vite incompatible avec celle de l'armée, dont il faillit se faire expulser.
Il est sauvé par Claire Chennault qui visite Pensacola à l'été 1941 à la recherche de volontaires pour la CAMCO (Central Aircraft Manufacturing Company) qu'il monte en Asie pour défendre la Chine de l'invasion Japonaise.
Gregory Boyington démissionne le 26 aout 1941 pour le rejoindre.
La Chine et les Tigres Volants de Chennault :L'origine des dents de requin dessinées sur les P40 des Tigres Volants est controversée.
Selon une première explication, Eric Shilling, découvre dans un journal une photographie d'un Messerschmitt 110 de la Luftwaffe, de l'unité Haifischgruppe (groupe des requins), et décide d'orner le nez de son P-40 d'une gueule géante de requin surmontée d'un oeil menaçant.
Il demande à Chennault si tout son groupe peut recevoir le même ornement.
Chennault, appréciant l'idée, décide d'en décorer toute l'escadre des Tigres Volants.
Selon d'autres sources, ces ornements pourraient provenir des « sharmouths » dessinés sur les Curtiss Tomahawks II britanniques du 112th Squadron de la RAF, alors en opération en Tunisie.
La Chine est envahie par le Japon depuis 1937, et livre un combat acharné à l'ennemi nippon. Pour se défendre, elle fait appel à des « conseillers » militaires, notamment américains. Chennault y est invité par madame Chiang Kai-shek et y fonde la CAMCO qui, pour des raisons légales, est une compagnie civile destinée à la protection de la route de Birmanie.
Le gouvernement américain ne peut en fait intervenir directement dans ce conflit, alors qu'il n'est pas en guerre avec le Japon à l'époque.
Cette société est donc montée dans le plus grand secret.
Devenue opérationnelle, la CAMCO prend le nom d'AVG (American Volunteer Group), les fameux « Tigres Volants » sont nés.
Dès 1938, Chennault recrute des pilotes parmi les rejetés de l'armée, les pilotes civils en rupture de contrat, américains ou étrangers.
Les premiers pilotes partent le 7 juillet 1941 sur le paquebot hollandais « Jaegersfontaine ».
Un deuxième groupe les suit le 26 août, Boyington en fait partie. Il a alors 28 ans.
Arrivés à Rangoon en septembre, les pilotes font des ravages dans les bars de nuit de Batavia et Singapour, semant la zizanie à chaque fois.
On ne peut pas en attendre moins de pilotes attirés par l'appât du gain.
Après plus de 250 km de voyage en train, ils arrivent enfin à la base de la RAF de Toungoo.
Ils combattent alors vaillamment avec des machines dépassées, presque sans approvisionnement, et souffrant de la malaria.
Boyington vole sur le fameux Curtiss P-40 (escadrille Adam et Eve) durant son engagement en Chine.
Il effectue sa première mission sur Rangoon le 26 janvier 1942 où il est pour la première fois touché au combat.
Le 29 janvier il abat cinq avions, deux victoires sont confirmées.
En avril 1942, il quitte l'AVG, du fait de problèmes relationnels avec Chennault."Gregory Boyington au sein de l'American Volunteer Group"
(au centre, revolver à la main)L'AVG est intégré à « l'Army Air force » du général W.Stilwell le 4 juillet 1941. La plupart des pilotes démissionnent, ne souhaitant pas être enrôlés dans l'armée régulière. Seuls cinq pilotes choisissent de rester, l'AVG est dissout.
Retour aux USA :Le retour de Boyington aux États-Unis en cet été 42 se passe fort mal.
Il se retrouve à Seattle en attente d'affectation.
Sans rémunération, puisqu'il ne figure toujours pas sur les fiches de paie de la marine, il épuise son épargne et doit se remettre à travailler en garant des voitures pour 0,75$ de l'heure.
C'est à son retour également qu'il rencontre sa deuxième femme, Lucy Malcolmson, qui inspirera bien plus tard un surnom devenu célèbre : « Lucybelle ».En janvier 1943, lassé d'attendre ses ordres, il contacte directement le haut commandement de la marine pour connaître sa situation réelle.
Il reçoit trois jours plus tard son affectation aux corps des marines, ainsi qu'un galon de commandant de la VMF 122, qu'il dirige d'avril à mai 1943, sans aucun contact avec l'ennemi.
Il apprend bien plus tard qu'en réalité, un officier de haut rang a rédigé un ordre précisant que les membres de l'AVG peuvent être considérés comme déserteurs et doivent être écartés par précaution des postes à responsabilités.
Boyington, fidèle à lui même, explose, et le qualifie de manière fort peu flatteuse, rajoutant qu'il a conquis ses galons par d'autres moyens qu'au combat au sein de l'AVG.
En été 43, la marine a besoin de plus en plus de pilotes pour ses F4U « Corsair » dans le théâtre du Pacifique Sud.
Après quelques démêlés, il obtient le commandement de la VMF 124.
Commence alors l'histoire de la VMF-214 devenue les « brebis galeuses », où il reçoit le surnom de « Gramps », et non « Pappy » comme le prétend alors la propagande américaine. I
Il est à noter que Boyington apporte de nouvelles tactiques de combats pour lutter contre les zéros japonais, profitant de son expérience en Chine.
Il fait de son escadrille la plus célèbre des unités des marines dans le Pacifique."Boyington montant dans son Corsair"Lorsqu'il est abattu par les « zéros », il vient juste de protéger son ailier, Ashmun, qui se posait sur la mer.
Boyington est touché juste après au réservoir, l'obligeant à sauter en parachute.
L'histoire raconte qu'il est alors mitraillé par les japonais et laissé pour mort sur les flots.
Il ne gonfle son canot de sauvetage que deux heures après la fin des combats.
Il est ensuite recueilli par un sous-marin japonais à la tombée de la nuit, et interné au camp d'Ofuna pendant 18 mois, sans que les japonais avouent le détenir.
Ses compagnons le croient donc mort, la Medal of Honor lui est ainsi décernée en mars 1944 à titre posthume.Publié en 1955, son ouvrage « Baa Baa Black Sheep » est adapté à la télévision avec la série « Les Têtes Brûlées » diffusée en 1976, qui lui apportera la notoriété.
Cette série télévisée connaît un grand succès, du fait notamment des décors exotiques du Pacifique, et de la présentation de cette partie de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale encore relativement peu connue à l'époque en Europe.
"Robert Conrad dans le rôle de Gregory Boyington"