Le Super Étendard, 40 ans et toujours d’attaque Le 28 octobre 1974, le Super Étendard effectuait son premier vol avec le pilote d’essai Jacques Jesberger aux commandes. À l’époque, l’idée était de mettre au point un avion susceptible de remplacer à la fois les Étendard IV ainsi que les F-8 Crusader alors en service au sein de l’aéronautique navale.
Le programme, lancé en 1973 par Michel Debré, alors ministre de la Défense nationale, et confié à Dassault Aviation, prévoyait la mise en service de 100 exemplaires.
Cinq ans plus, le premier Super Étendard était livré à la flottille 11F de Landivisiau et devenait ainsi le premier avion militaire français à être doté d’un système inertiel de navigation et d’attaque.
D’autres pays s’y intéressèrent. Comme l’Argentine, qui le mit en œuvre armé par le missile antinavire Exocet lors de la guerre des Malouines/Falklands, au grand désarroi de la Royal Navy… L’Irak également, qui en reçut 5 exemplaires entre 1983 et 1985.
Depuis son entrée en service au sein de la Marine nationale, les Super Étendard ont eu souvent à faire parler la poudre.
Comme en octobre 1983, lors de l’opération Brochet au Liban, qui consista à bombarder un camp du Hezbollah près de Baalbeck, en représailles à l’attentat contre le Drakkar, qui fit 58 tués parmi les parachutistes français.
Par la suite, les opérations s’enchaînent : Prométhée en 1988 (Guerre Iran-Irak), Capselle en 1989 (Liban), Alerte Irak en 1991 (Irak), Balbuzard et Salamandre (ex-Yougoslavie), Trident (Kosovo) en 1998-1999, Héraclès et Agapanthe (Afghanistan) de 2001 à 2010 ou encore Harmattan (Libye) en 2011.
Et désormais, il faut y ajouter « Chammal », de nouveau en Irak.En effet, selon un reportage de l’AFP, des Super Étendard embarqués à bord du porte-avions Charles de Gaulle ont été catapultés le 23 février pour une mission a priori de reconnaissance dans le nord de l’Irak, où l’État islamique (EI ou Daesh) s’est emparé de vastes territoires.
Au total, pour cette première journée d’engagement dans l’opération Chammal, 12 avions – dont bien évidemment des Rafale M – ont été sollicités.
Le Super Étendard, quasiment contemporain du F-14 Tomcat américain (qui lui, a été retiré du service en 2006), est polyvalent.
Il peut en effet effectuer plusieurs types de mission (reconnaissance, attaque, supériorité aérienne et même dissuasion nucléaire).
Mais, à la différence du Rafale, il ne peut en assurer qu’une seule à la fois.
La longévité de cet appareil est à souligner… car les avions embarqués sont soumis à des contraintes physiques que n’ont pas à subir ceux mis en œuvre depuis une base terrestre. Pour durer, il a dû faire l’objet de plusieurs mises à jour. La première a eu lieu en 1992 (d’où son nom de Super Étendard Modernisé (SEM).
Puis les suivantes ont consisté à le doter de nouvelles capacités comme le tir par guidage laser (standard 3), l’ajout du pod CRM 280 pour la reconnaissance (standard 4) ou encore l’intégration du FLIR (Forward Looking InfraRed) et de la nacelle de désignation Damocles (standard 5, en 2006).
Normalement, il était prévu de retirer les Super Étendard du service dès cette année. Mais l’avion, mis en œuvre par la Flottille 17F, devrait jouer encore les prolongations.
Pour l’anecdote, rappelle le magazine Cols Bleus, le Super Étendard a bien failli de ne pas voir le jour étant donné que, pendant un moment, la Marine nationale regardait vers le McDonnell Douglas A-4M Skyhawk II (encore en service en Amérique du Sud) quand elle ne misait pas sur une coopération franco-britanniques avec une version navale du Jaguar, autre avion mythique s’il en est.
« Mais la volonté de doter l’aéronautique navale d’un avion de construction entièrement française l’emporte finalement », souligne-t-il.