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Source Le Point.
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Info journalistique sur la force de frappe et de dissuasion
Francaise sous deux vecteurs : Aerien et sous marin
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ar JEAN GUISNEL
Voici un demi-siècle que la France dispose d'une arme atomique opérationnelle, capable à cette époque comme aujourd'hui, de dissuader quiconque de s'en prendre à ses "intérêts vitaux". Depuis le 8 octobre 1964, l'armée de l'air n'a jamais manqué durant une seule heure de tenir prêts les avions, hier le Mirage IV, aujourd'hui le Rafale et le Mirage 2000, capables de délivrer la bombe nucléaire française. Jeudi 20 novembre à l'École militaire à Paris, un colloque organisé par les FAS (Forces aériennes stratégiques) et par le CEA (Commissariat à l'énergie atomique) a marqué cet anniversaire. Le chef des armées François Hollande, qui n'a pas encore prononcé le traditionnel discours sur la dissuasion auquel tous les présidents de la Ve République se sont prêtés une fois au moins durant leur mandat, n'avait pas fait le déplacement. Il a laissé à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le soin de passer le message politique en trois points : la France ne change rien à sa doctrine, elle conserve son organisation à deux composantes (aérienne et sous-marine), elle modernise ses armes.
"Plus que jamais pertinente"
Aux yeux du ministre de la Défense, le contexte stratégique actuel rend pleinement pertinente la stratégie française. Visant implicitement la Russie, le ministre évoque à propos de la situation en Ukraine le "retour à une réalité que d'aucuns pensaient révolue", regrettant que "certains États n'hésitent pas à déployer une politique de puissance militaire au mépris des engagements pris, voire jusqu'au mépris des frontières. Le raidissement des postures, les démonstrations de force, les actes d'intimidation impliquant parfois le recours à des moyens stratégiques, l'émergence d'un positionnement offensif dans le domaine naval sont également significatifs." On voit mal dans ces conditions comment Paris pourrait livrer le premier Mistral russe en tenant un tel discours, mais cela est une autre question ! Quant au discours des antinucléaires, il est rejeté en deux formules ramassées : "Ceux qui entendent délégitimer fondamentalement la dissuasion nucléaire se trompent de combat. Nous devons éviter que l'appel généreux à un monde sans armes nucléaires ne prépare un monde où seuls les dictateurs en disposeraient." À ses yeux donc, la doctrine de dissuasion française demeure "plus que jamais pertinente" dans le "monde plus instable, plus ambigu et plus incertain qui nous entoure".
Maintien de la capacité aérienne
Dans le contexte budgétaire très tendu pour les armées, la question s'est posée de la suppression de l'une des composantes nucléaires françaises, au nombre de deux. La composante aéroportée est formée par les FAS et la Force aéronavale nucléaire (FANu) formée de Rafale de la marine embarqués sur le porte-avions Charles de Gaulle. La FANu n'est pas activée en permanence. La seconde composante est constituée des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins équipés de missiles M-45 ou M-51. Des voix s'élèvent régulièrement pour réclamer la suppression de la composante aérienne, pour des raisons essentiellement budgétaires, mais Jean-Yves Le Drian a rappelé la volonté présidentielle de conserver cette capacité aérienne qui offre "un large choix d'options stratégiques et militaires avec un éventail de modes d'action qui confère une véritable souplesse à l'ensemble du dispositif". Elle permet notamment - avant les frappes plus puissantes des sous-marins - des "effets stratégiques ciblés ou une frappe d'avertissement ultime". Elle "représente aussi une capacité visible qui ouvre en cas de nécessité un espace pour une manoeuvre politico-diplomatique". Il a souligné que la "redondance met nos forces nucléaires à l'abri d'une percée imprévue dans tel ou tel domaine". Il a enfin estimé que son coût était "modéré" : 5 % du budget de la dissuasion dans les dix prochaines années. Signe que cette composante n'est pas négligée : elle verra ses avions ravitailleurs Boeing datant des années 1960 remplacés à partir de 2018 par des Airbus A330 MRTT, pour un montant de trois milliards d'euros.
"Le costume est taillé au plus juste"
Avant que le ministre ne s'exprime, le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, avait lui aussi contesté les arguments des partisans d'une suppression de la composante aérienne de la dissuasion. Il s'est élevé contre une "double idée fausse [qui] voudrait, d'une part, que des économies supplémentaires soient possibles dans le domaine nucléaire et, d'autre part, que les budgets ainsi dégagés profiteraient aux forces conventionnelles". Il a rappelé que d'ici à 2019 les investissements sur la dissuasion s'élèveront à 3,6 milliards d'euros en moyenne annuelle, soit un peu moins de 10 % du budget de la défense : "Que les choses soient dites : le costume est taillé au plus juste. Aucune économie supplémentaire n'est possible sans remettre en cause les choix fondamentaux. Par ailleurs, les économies dégagées [par la suppression d'une composante, NDLR] n'iraient pas abonder les forces conventionnelles, j'en suis persuadé. [...] C'est de la place de la France dans le monde dont il s'agit, de son autonomie stratégique et de son siège au conseil de sécurité des Nations unies."