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milguerres
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Sujet: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Dim Oct 05 2014, 21:23
Napoléon n'a pas été vaincu par les canons ou l'hiver russes
«La retraite de Moscou», d'Adolph Northen
Sans les poux, les Russes n’auraient pas pu battre l’empereur français lors de la campagne de Russie de 1812.
Nos livres d’histoire nous ont appris que Napoléon, lors de son invasion de la Russie en 1812, avait marché sur Moscou avec une armée à peu près intacte et n’avait été forcé de battre en retraite que parce que les Moscovites avaient incendié les trois quarts de leur ville, privant ainsi son armée de nourriture et de vivres. Le rude hiver russe avait alors décimé l’armée en retraite. La victoire russe, commémorée par l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski, resta dans les mémoires comme l’un des grands revers de l’histoire militaire. Mais personne n’a reconnu la véritable grande puissance de cette guerre. A Vilnius, en Lituanie, à l’hiver 2001, des ouvriers creusèrent des tranchées pour enfouir des lignes téléphoniques et démolirent les vieux baraquements soviétiques qui se dressaient là depuis des décennies. Un jour, un bulldozer déterra un objet blanc. Le conducteur descendit de sa machine et, à sa grande surprise, découvrit un crâne et des os humains. Un autre ouvrier raconta plus tard que «les choses ne cessaient de sortir du sol—il y en avait des milliers». Huit ans plus tôt, une fosse contenant les dépouilles de 700 personnes assassinées par le Comité pour la sécurité de l’Etat, ou KGB, avait été mise au jour. Etait-ce l’un de ces endroits secrets où le KGB disposait de ses victimes? Ou bien l’une des fosses communes où des Juifs avaient été massacrés en masse par les nazis? Quand les archéologues de l’université de Vilnius arrivèrent, ils constatèrent que les corps étaient enfouis sur trois rangées dans des tranchées en forme de V, apparemment creusées pour servir de positions défensives. Il apparut que les squelettes étaient les dépouilles de soldats. Deux mille d’entre eux furent exhumés, ainsi que des boucles de ceinture portant des numéros de régiment. Ils trouvèrent également des pièces de 20 francs datant du début des années 1800. Les scientifiques finirent par comprendre ce sur quoi ils étaient tombés: les vestiges de la Grande Armée. Napoléon avait conduit 600.000 hommes en Russie avec la ferme intention de conquérir le pays; pas plus de 30.000 y survécurent, et parmi eux, on dit que moins d’un millier furent capables de reprendre un jour du service.
L'ennemi microscopique Quelles incroyables circonstances ont-elles bien pu causer la déroute de l’une des plus grandes armées du continent européen, menée par l’un des plus grands généraux de tous les temps? Etonnamment, ce ne fut pas les soldats ennemis ou les privations que les soldats subissent d’ordinaire qui décimèrent l’armée de Napoléon. La plupart de ses soldats étaient de jeunes hommes endurcis par la guerre, normalement capables de supporter le froid, les longues marches et l’épuisement. Non, l’armée de Napoléon et ses grands projets de conquête furent ravagés et annihilés par un organisme microscopique: le microbe du typhus, propagé lors d’une invasion de poux. Au départ, Napoléon n’avait aucune raison valable d’envahir la Russie. Son armée avait vaincu l’armée russe à la bataille de Friedland en juin 1807, et le 7 juillet de la même année, la France et Alexandre Ier de Russie avaient signé le traité de Tilsit qui faisait des deux pays des alliés (et, entre autres choses, interdisait à la Russie toute relation commerciale avec la Grande-Bretagne). Curieusement, Napoléon ne s’empara d’aucun territoire russe ni ne demanda de réparations de guerre. Début 1812, la plus grande partie des territoires compris entre l’Espagne et la Russie était sous son contrôle. Cependant, l’Angleterre maîtrisait les mers, et Napoléon voulait l’Inde, colonie anglaise à l’époque. Le seul espoir de s’en emparer était de la prendre par la terre, et donc de contrôler la Russie. Depuis le traité de Tilsit, la France et la Russie étaient des alliés à couteaux tirés. La Russie avait violé le traité en faisant des affaires avec l’Angleterre, et Napoléon, lassé de cet état de choses, l’utilisa comme prétexte pour l’envahir. En juin 1812, l’armée napoléonienne se rassembla dans l’est de l’Allemagne. Napoléon passa ses troupes en revue en grandes pompes sur la rive ouest du Niémen le 22 juin 1812. Ses ingénieurs jetèrent un pont flottant sur le fleuve et le lendemain, l’armée pénétra dans la Pologne contrôlée par la Russie. C'est en Pologne que cela commença à se gâter Tout se passait bien –l’été, bien que chaud et sec, permit aux soldats de marcher facilement sur les routes. Les colonnes de ravitaillement restaient un peu en avant, assurant ainsi la nourriture nécessaire, et les soldats étaient en bonne santé. Bien que des hôpitaux militaires aient été mis en place sur le chemin de la Pologne à Magdeburg, Erfurt, Poznań et Berlin, ils n’étaient que très peu nécessaires. L’armée rejoignit Vilnius en quatre jours, sans rencontrer de résistance de la part des troupes russes. C’est en Pologne que les choses ont commencé à se gâter pour Napoléon. Il se retrouva dans une région d’une saleté incroyable. Les paysans étaient crasseux, les cheveux emmêlés, couverts de poux et de puces, et les puits étaient souillés. Comme l’armée était à présent en territoire ennemi, les voitures de ravitaillement avaient dû se déplacer vers l’arrière. Les routes étaient couvertes d’une poussière molle ou creusées de profondes ornières après les pluies du printemps; les chariots de vivres prenaient de plus en plus de retard par rapport au principal corps de troupes, à qui il devint difficile de fournir eau et nourriture. L’armée était si gigantesque qu’il était presque impossible de garder une formation militaire intacte, et la majorité des soldats s’éparpillèrent, formant des groupes immenses et débandés. Une forte fièvre, des plaques rouges... Nombre de soldats pillèrent les maisons, le bétail et les champs des paysans. Presque 20.000 chevaux de l’armée moururent faute d’eau et de fourrage sur le chemin de Vilnius. Les maisons des paysans étaient si répugnantes et grouillantes de cafards qu’elles en semblaient vivantes. Les maladies typiques des champs de bataille, comme la dysenterie et autres pathologies intestinales, firent leur apparition, et bien que de nouveaux hôpitaux fussent établis à Danzig, Königsberg et Toruń, ils s’avérèrent incapables d’absorber les innombrables soldats malades renvoyés vers l’arrière. Mais les problèmes de Napoléon ne faisaient que commencer. Plusieurs jours après la traversée du Niémen, plusieurs soldats furent atteints de forte fièvre et virent des plaques rouges apparaître sur leur corps. Certains d’entre eux, dont le visage avait pris une teinte bleue, ne tardèrent pas à mourir. Le typhus venait de faire son apparition. Le typhus sévissait en Pologne et en Russie depuis de nombreuses années, mais il avait gagné du terrain depuis que l’armée russe avait dévasté la Pologne en battant en retraite devant les forces napoléoniennes. Le manque d’hygiène associé à un été inhabituellement chaud avait créé les conditions idéales pour la propagation des poux. Le typhus est provoqué par l’organisme Rickettsia prowazekii. Il faudrait attendre un siècle après la campagne de 1812 pour que les scientifiques ne découvrent que le typhus est présent dans les déjections de poux. Saleté et sueur, l'environnement idéal Le soldat français moyen était sale et en sueur, et ne changeait pas de linge pendant des jours; l’environnement idéal pour que des poux se nourrissent sur son corps et s’abritent dans les coutures de ses vêtements. Une fois les habits et la peau du soldat contaminés par les excréments de poux, la plus petite égratignure ou écorchure suffisait pour que le microbe du typhus pénètre dans le corps du soldat. Circonstance aggravante, pour des raisons de sécurité les soldats dormaient en grands nombres dans des endroits confinés, de peur que les Russes n’attaquent ou que les Polonais ne se vengent. Cette proximité permettait aux poux de contaminer rapidement les soldats encore sains. Un mois à peine après le début de la campagne, Napoléon avait perdu 80.000 soldats, morts ou invalides, frappés par le typhus. Sous l’autorité du baron Dominique-Jean Larrey, chirurgien militaire, les mesures médicales et sanitaires de l’armée étaient les meilleures du monde mais personne n’aurait pu venir à bout d’une épidémie de cette ampleur. Voici le récit d’un témoin oculaire direct d’une invasion de poux: «Bourgogne s’endormit sur un matelas de roseaux et ne tarda pas à être réveillé par l’activité des poux. Se découvrant littéralement couvert de bêtes, il enleva sa chemise et son pantalon et les jeta dans le feu. Ils explosèrent comme les tirs de deux rangées de fantassins. Il ne put s’en débarrasser pendant deux mois. Tous ses compagnons grouillaient de poux; beaucoup furent piqués et contractèrent la fièvre tachetée (typhus).» Le 28 juillet, trois des officiers de Napoléon lui soumirent leur inquiétude à l’idée que la bataille contre les Russes était en train de devenir périlleuse. Les pertes causées par les maladies et les désertions avaient réduit sa force de frappe effective de moitié environ. Pour ajouter à cette difficulté, trouver des provisions en territoire hostile devenait un réel défi. Napoléon écouta leurs arguments et accepta de mettre un terme à la campagne, mais deux jours plus tard, il revint sur sa décision et affirma à ses généraux: «C’est le danger même qui nous pousse vers Moscou. Les dés sont jetés. La victoire nous justifiera et nous sauvera.» Napoléon et ses soldats malades et épuisés continuèrent donc d’avancer. Smolensk tomba le 17 août, rapidement suivi par Valoutina. Les Russes battaient en retraite à mesure que les Français avançaient, attirant Napoléon toujours plus profondément dans le pays. L’empereur avait divisé son armée en trois parties. Le 25 août, Napoléon avait perdu 105.000 hommes de son armée de 265.000, ce qui ne lui laissait plus que 160.000 soldats. En deux semaines, le typhus la réduisit à 103.000 têtes.
Obligé de battre en retraite Le général russe Mikhaïl Koutouzov adopta une position défensive à Borodino, à environ 110 km à l’ouest de Moscou. Le 7 septembre, les forces françaises affrontèrent les Russes. Les deux camps subirent de lourdes pertes. Napoléon entra ensuite dans Moscou, mais ce fut une victoire à la Pyrrhus; il ne restait qu’environ 90.000 soldats français. L’empereur s’attendait à une reddition des Russes; mais ces derniers se contentèrent de lui abandonner la ville. Les trois-quarts de Moscou avaient brûlé quand la Grande Armée y pénétra, et il n’y avait plus de nourriture ni aucune sorte de provisions. 15.000 hommes en renfort rejoignirent l’empereur à Moscou, dont 10.000 furent décimés par la maladie. Devant l’imminence de l’hiver russe, Napoléon n’eut pas d’autre choix que de battre en retraite et de retourner en France. L’empereur et ce qu’il restait de son armée se réfugièrent à Smolensk, espérant y trouver abri et nourriture. En y arrivant le 8 novembre dans un froid glacial, Napoléon trouva les hôpitaux déjà débordant de malades et de blessés. La discipline se détériorait, et il reçut le coup de grâce en découvrant que les provisions sur lesquelles il comptait avaient été consommées par les troupes de réserve et de communication.
L’armée quitta Smolensk le 13 novembre et arriva à Vilnius le 8 décembre. Il ne restait plus que 20.000 soldats en état de se battre. Ayant eu vent de l’imminence d’un coup d’Etat fomenté en France par le général Claude-François Malet, Napoléon passa le commandement au général Joachim Murat et se hâta de rentrer à Paris.
La fin du grand rêve Murat refusa de défendre Vilnius –il abandonna ses canons et le butin obtenu à Moscou aux Russes qui progressaient et battit en retraite vers le Niémen, qu’il traversa le 14 décembre avec moins de 40.000 hommes, la plupart invalides. C’est ainsi que s’acheva le grand rêve de Napoléon d’atteindre l’Inde en passant par la Russie. Beaucoup des soldats morts furent ensevelis dans les tranchées défensives creusées pendant la retraite. C’est dans l’une de ces tranchées que, presque deux siècles plus tard, des ouvriers ont trouvé les vestiges de la Grande Armée de Napoléon. Didier Raoult, de l’université de la Méditerranée de Marseille, a analysé la pulpe dentaire de 72 dents prélevées sur les corps de 35 des soldats découverts à Vilnius. La pulpe de sept soldats contenait de l’ADN de Bartonella quintana, organisme responsable de la fièvre des tranchées, autre maladie transmise par les poux, très répandue pendant la Première Guerre mondiale. L’ADN de trois soldats contenait des séquences de R. prowazekii, responsable des épidémies de typhus. En tout, 29% des dépouilles portaient des preuves d’infection par R. prowazekii ou B. quintana, ce qui témoigne du rôle majeur des poux dans la défaite de Napoléon. La plupart des Américains connaissent bien le final de L’Ouverture 1812 de Tchaïkovski, commandée par la Russie pour célébrer la défaite de Napoléon.
Le morceau s’achève par le grondement du canon et le carillon des cloches; cependant, si Tchaïkovski avait voulu retranscrire précisément le son de la défaite de Napoléon, on entendrait seulement le son doux et discret du pou qui dévore la chair humaine. Un organisme trop petit pour l’œil de l’homme, qui a changé le cours de l’histoire humaine.
Joe Knight Spécialiste de l'histoire médicale Traduit par Bérengère Viennot Pour en savoir plus en anglais: The Illustrious Dead: The Terrifying Story of How Typhus Killed Napoleon's Greatest Army de Stephen Talty. http://www.slate.fr/story/66541/napoleon-defaite-typhus-pous-hiver-russe
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milguerres
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Sujet: Un document inédit sur la campagne de Russie de 1812 Dim Oct 05 2014, 21:33
Un document inédit sur la campagne de Russie de 1812
A VOIR ICI
http://fr.calameo.com/read/002152756f193517c5e77
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milguerres
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Sujet: UNE CAMPAGNE DE RUSSIE TRONQUÉE.... Dim Oct 05 2014, 21:45
UNE CAMPAGNE DE RUSSIE TRONQUÉE OU QU'ÉTAIENT DEVENUS LES QUATRE RÉGIMENTS SUISSES?
J.-R. SURATTEAU
On peut trouver du neuf en trouvant du vieux. Le récit que j'exploite date de... 1867. Publié alors dans une revue locale de Suisse alémanique, il n'avait attiré l'attention que de quelques spécialistes pour qui Napoléon était un monstre qui avait placé leur patrie sous un joug intolérable. Alfred Rufer qui, dans sa jeunesse, était au contraire un admirateur de Napoléon (on l'appelait Napoléon Alfred), avait conservé le tiré à part de cet article et l'avait annoté. Il me l'a légué. En élargissant le sujet, on peut tirer aujourd'hui quelques leçons de ce récit. Il est dû au major bernois Ambros Sprecher von Bernegg et a été publié par l'historien et homme politique patricien bernois Franz von Erlach (1) sous le titre Erlebnisse im Feldzug nach Russland (2) (Récits vécus au cours de la campagne de Russie, 1812-1813). Ce récit permet tout d'abord - en le prenant au premier degré - de montrer que dans cette si célèbre campagne, certains éléments ne jouèrent qu'un rôle quasi-passif avant la débâcle finale. Les régiments suisses dont il est question ne dépassèrent pas Polotsk, à environ 600 km à vol d'oiseau de Moscou, laissant filer le principal des troupes suivant le rêve insensé de Napoléon, jusqu'à la sainte métropole « asiatique » qui obsédait l'Empereur comme l'Egypte avait fasciné, quinze ans plus tôt, le général du Directoire.
(1) Bern, 1868, Hallers'che Verlag, Separatabdruck aus den Alpenrosen, 1867, 64 p. Le major Ambros Sprecher von Bernegg ne figure pas parmi les trente-cinq membres de cette famille dans le volumineux Historisch-Biographisches Lexikon der Sckweiz. On lit sur la page de garde du fascicule qu'il était né en 1773 et qu'il mourut en 1838. (2) On voit le choix des mots : im Feldzug nach Russland et non von Feldzug..
Les quatre régiments suisses agglomérés à des éléments disparates (Bavarois, Croates, Hollandais) relevaient de deux brigades, les 1er et 3e régiments de la 2e brigade (général Amey), les 2e et 4e régiments de la 3e brigade (général Candras) ; ces deux brigades faisaient partie de la 3e division que commandait le général Merle et relevaient du 2e corps d'armée sous le maréchal Oudinot, duc de Reggio (3). Les régiments suisses étaient commandés par les lieutenants-colonels suisses Rosselet et Bégoz et les majors Sprecher von Bernegg - le narrateur - et Schnyder (4).
Les Suisses traversèrent le Niémen dans la nuit du 24 au 25 juin 1812, passèrent par Kovno et Vilkomir, s'arrêtèrent sur la Drina (Duna) puis repartirent et, ayant passé la Drissa, arrivèrent à Polotsk où ils devaient rester jusqu'à la fin de la campagne. Le narrateur raconte avec force détails les escarmouches et la vie des premiers jours (5). Oudinot gravement blessé (6) céda le commandement du corps d'armée à Gouvion Saint-Cyr. La raison d'être du stationnement de ce corps était la surveillance de l'armée russe de Barclay de Tolly (7) qui verrouillait la route du nord afin de parer à un mouvement possible de Napoléon vers Saint-Pétersbourg (il en fut question lors du conseil de guerre de Smolensk le 19 août, le maréchal Davoût étant partisan de ce mouvement). Le corps russe, qui à Polotsk faisait face aux hommes de Gouvion Saint-Cyr, était commandé par le général germano- russe Wittgenstein (8)
Puis... plus rien. Après le chapitre IV, qui termine la première partie, commence une « drôle de guerre ». Le chapitre V commence ainsi : « Die Tage vom 17 bis 20 Oktober bei Polotsk, vom 19 August bis 17 Oktober verhielten sich die Russen sehr ruhig. Gegen Abend dieses Tages aber werden unsere Vorpoten angegrieffen » (Du 19 août au 20 octobre les Russes restèrent très tranquilles. Mais vers le soir de ce jour, nos avant-postes furent attaqués.) Si on veut dépasser le récit lui-même, on voit dans ce qu'écrit cet officier suisse ce que ses compatriotes comme lui-même pensaient
(3) Sur Jacques Candras que le narrateur appelle Canderas, G. Srx, Dictionnaire des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire, t. 1, p. 188. Sur Pierre Merle, ibid., t. II, pp. 181-182. Sur François Amey, ibid., 1. 1, p. 94. Oudinot et Gouvion Saint-Cyr sont assez connus. (4) Sur Abraham Rosselet, Hist. Biogr. Lexikon der Schweiz, t. V, p. 705. Sur Louis Marc Begoz, neveu de l'ancien ministre des Relations extérieures de la République helvétique, ibid., t. II, p. 77. Rien sur Schnyder dans ce même dictionnaire.(5) Notamment les deux combats devant Polotsk, l'un victorieux, l'autre indécis (?). L'auteur raconte comment Gouvion Saint-Cyr fit « goûter le dessert » aux Russes qui banquetaient le 18 août (« Das unerbetene Dessert des 18 August ». Le dessert importun...). (6) C'était la huitième blessure de ce « dur à cuire ». Il en reçut deux autres plus tard! (7) Michail Bogdanovich prince Barclay de Tolly, d'une ascendance écossaise mais né en Livonie, avait quitté le poste de ministre de la Guerre pour commander la lrc Armée russe dite de l'Ouest. On l'appelait toujours le plus souvent « le ministre ». (8) Louis Adolphe prince Wittgenstein, d'ascendance prussienne mais né en Russie, se rendit surtout célèbre plus tard en remplaçant le prince Bagration blessé à mort à la Moscova (Borodino) ; plus tard en 1813 il remplaça Koutousov à la tête de toutes les années russes qui combattirent à Leipzig et envahirent la France en 1814.
de l'Empereur, Médiateur de la Confédération helvétique. Lorsqu'on annonce en août son passage, le cri est : « Sieht das, der Napoleon ! », un objet de curiosité (p. 13). À la fm de la campagne, après le passage de la Berezina, le narrateur note sobrement : « Der grosse Kaiser Napoleon war schon fern von uns, nach Frankreich abgegangen » (Le grand empereur Napoléon était déjà loin de nous, parti pour la France, p. 46) (9). On note entre les lignes de ce récit plein d'anecdotes combien l'image de la Grande Armée marchant tout entière d'un pas égal vers Moscou doit être corrigée, alors que, comme nos Suisses, de nombreux camarades non français avaient été laissés en route (voir la note 3), loin du but et furent récupérés lors de la retraite pour partager le sort général, à la bataille de Studienka, à la Berezina et après. D'ailleurs Candras, que le narrateur aimait beaucoup, fut tué d'un coup de feu à la poitrine le 28 novembre 1812 comme le rappelle Sprecher von Bernegg («Viele Schweizer verloren bei der Attaque sammt unseren guten General Candras». De nombreux Suisses perdirent la vie, et avec eux notre bon général Candras). Deuxième leçon : le peu de considération que Napoléon et ses maréchaux - sauf peut-être Gouvion Saint-Cyr - accordaient aux hommes soumis de toutes nationalités et intégrés dans le Grand Empire et ses royaumes satellites. Ce n'étaient pas l'élite des grognards et surtout la vieille garde, mais ils ne semblent pas s'être conduits ni mieux ni plus mal que les Français de souche.
J.-R. SURATTEAU
(9) II n'avait que répété ce que le général Bonaparte avait fait en laissant pourrir et périr ses troupes en Egypte en 1799 pour rentrer en France avec quelques fidèles et y « faire » le 18 Brumaire !
SOURCE PERSEE.FR Annales historiques de la Révolution française Année 1997 Volume 309 Numéro 309 lien pp. 480-482
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milguerres
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Sujet: La Russie la France et la Turquie à la veille de la campagne de Russie Dim Oct 05 2014, 21:54
La Russie, la France et la Turquie à la veille de la campagne de Russie [Un document des archives de l'Empire ottoman présenté et traduit par C. Lemercier-Quelquejay] Chantal Lemercier-Quelquejay l Cahiers du monde russe et soviétique Année 1965 lien Volume 6 Numéro 6-2 pp. 240-244 source PERSEE.FR
Un document inédit des Archives de l'Empire Ottoman Le curieux document dont nous publions la traduction intégrale* figure sous le n° 44418 С dans la collection des Hatt-i Hïimâyûn (rescrits impériaux) des archives de l'Empire ottoman ( Baçbakanhh Ar§ivi) à Istanbul. Il s'agit de la version déchiffrée d'un rapport en code expédié par l'un des plénipotentiaires turcs à la Conférence de la paix de Bucarest, probablement Mehmed Said Ghalib Efendi, Kahya bey (adjoint au Grand Vizir) et président de la délégation turque au Grand Vizir, en date du 13 Rabi al-Thanî 1227 de l'ère hégirienne, soit le 26 avril 1812, c'est-à-dire 20 jours avant la signature du traité de paix de Bucarest (16 mai 1812) et 59 jours avant le passage du Niémen par la Grande Armée. Le Gouvernement de la Sublime Porte se voyait à ce moment pressé de tous côtés, par ses adversaires russes, comme par ses alliés français et anglais, et même par des neutres, notamment les Suédois, de prendre position et jeter le poids de ses armées dans le conflit imminent où le sort du monde allait se décider. Le message envoyé de Bucarest éclaire d'une lumière nouvelle la complexe conjoncture diplomatique à la veille de la campagne de Russie. La guerre commencée à l'automne de 1806 — dont le traité de Bucarest allait être la conclusion — , est la plus longue des luttes entre la Russie et l'Empire ottoman. Les armées russes avaient franchi le Dniester et occupé assez rapidement les principautés de Moldavie et de Valachie, mais la campagne n'avait pu se conclure par une victoire décisive, la majeure partie des forces russes étant, à cette même époque, engagée contre Napoléon. Après Tilsitt, grâce à la médiation de la France, un armistice fut signé le 24 août 1807 à Slobodzeia : les belligérants s'engageaient à évacuer les principautés roumaines. Ces promesses ne furent jamais tenues, de longues négociations n'aboutirent qu'à la reprise des hostilités au printemps de 1809, mais au bout de plusieurs mois aucun résultat spectaculaire n'était obtenu ni d'un côté ni de l'autre. En 1810, le printemps vit à nouveau la suspension des combats qui, dès le mois de mai, reprirent et furent marqués de quelques succès russes. Au mois de septembre, la Prusse offrait ses bons offices pour l'ouverture de nouvelles négociations, mais en vain, la Turquie refusant de céder la Moldavie et la Valachie. • La traduction du document a été faite par M. Pertev Boratav, chargé de recherches au C.N.R.S.
Dès lors, la certitude d'un conflit décisif entre la France et la Russie détermina les rapports russo- turcs. La Russie avait hâte de mettre fin à cette guerre qui immobilisait plus de cinquante mille hommes de ses troupes sur le Danube, mais elle conservait l'espoir de garder les territoires occupés, c'est-à-dire la Moldavie et la Valachie. De son côté, Napoléon cherchait à se rapprocher de la Porte. Latour-Mau- bourg, envoyé de l'Empereur à Constantinople, s'efforça d'amener les Turcs à l'alliance française, leur promettant, en cas de leur participation au conflit, outre les deux principautés danubiennes, la Crimée. Cependant à la fin de l'année 18 11, les deux adversaires entamèrent les pourparlers en vue de la cessation des hostilités. N'étant pas parvenus à s'entendre, les combats reprirent et enfin, au début d'octobre, Kutuzov remporta une grande victoire à Slobodzeia. La Turquie céda alors et le 13 octobre s'engagèrent de nouvelles négociations à Giurgiu, où les exigences de la Russie portaient sur la cession de la Bessarabie, de la Moldavie et une contribution de 20 millions de piastres en échange de la Yalachie. Après un nouveau refus de la Turquie, les plénipotentiaires Kutuzov et Italianski, ambassadeur de Russie à Constantinople pour la Russie, Ghalib Efendi et Ham id Efendi, officier supérieur du Corps des Janissaires pour la Porte, se rendent le 25 octobre à Bucarest où les pourparlers se poursuivirent. Sur les négociations planait la menace de la guerre franco-russe. Napoléon conseilla au Sultan de ne pas accepter l'armistice et offrit son alliance ; les Turcs, conscients que le temps travaillait en leur faveur, firent traîner les discussions. Les Russes cherchaient à aboutir sans trop céder. En janvier 18 12, Napoléon par l'entremise de Latour-Maubourg revint à la charge avec pour promesses à l'appui île rétablir l'indépendance de la Pologne, l'une des revendications de la diplomatie ottoman, et de rendre la Crimée à la Turquie. Mais en même temps, la Suède, à son tour, intervint et Bernadotte chargea son envoyé à Constantinople de mettre la Porte en garde contre Napoléon qui après sa victoire sur la Russie pourrait retourner ses armes contre la Turquie. La pression suédoise s'ajoutait ainsi aux résistances des plénipotentiaires russes à Bucarest qui voyaient l'armée russe immobilisée sur le Danube. Le 24 mars 18 12, l'Autriche s'alliait à la France. L'heure était venue pour la Russie de céder. La lettre de Ghalib Efendi est le reflet fidèle de ces pressions qui s'exerçaient de tous côtés sur les diplomates turcs : France, Russie, Angleterre, Suède... Elle révèle la traditionnelle prudence de la diplomatie ottomane et laisse transparaître la profonde méfiance des Turcs envers tous les pays d'Europe, tant envers la Russie qui demeurait l'ennemie numéro un, qu'envers Napoléon dont la puissance, alors à son apogée, apparaissait comme une menace. Enfin la paix fut conclue le 28 mai 18 12. La Porte abandonnait la Bessarabie, mais la Russie renonçait à ses prétentions sur la Moldavie et la Valachie. La frontière était ramenée au thalweg du Prout et du Danube. Le 24 juin suivant, la Grande Armée franchit le Niémen. Bien que le traité de Bucarest ne satisfît personne, car la Russie comme le Sultan espérait bien marchander davantage, il dégagea tout de même l'armée russe du Danube, la laissant libre de participer aux combats de 1813-1814. La Turquie, de son côté, put garder sa neutralité dans le conflit, ce qu'espérait bien Ghalib Efendi. Paris, mars 1965. Chantai Lemercier-Quelquejay.
С LEMERCIER-QUELQUEJAY DÉCHIFFREMENT DU RAPPORT EN CODE ARRIVÉE DES DÉLÉGUÉS TURCS A LA CONFÉRENCE DE BUCAREST Comme il nous a été communiqué de la part de Votre Ministère à la Porte (Ottomane), il est évident qu'une alliance de l'Empire ottoman avec n'importe quelle puissance chrétienne ne saurait avoir que des conséquences désastreuses. D'autre part, les raisons pour lesquelles l'Empereur de France propose maintenant avec une manifeste sincérité d'établir des liens d'amitié et de prendre ses engagements envers la Porte peuvent s'expliquer de deux façons : ou bien ses intentions sont trompeuses et il cherche à égarer l'Empire ottoman (Dieu nous en garde !), ou bien, ces propositions correspondent à la vérité. Pour le moment, on ne peut se prononcer en faveur ni de l'une ni de l'autre de ces deux possibilités. Peut-être serait-il possible de faire des prévisions d'après les comportements et les agissements (des intéressés) à Istanbul ; mais votre serviteur les ignore. Il est certain que les événements qui se déroulent en ce moment même en Pologne, amènent la Russie à concentrer ses forces dans ce secteur, aussi ne peut-elle guère en disposer contre l'Empire ottoman ; d'ailleurs l'hiver est là qui l'empêche d'exercer ses méfaits (contre notre pays). Ces circonstances sont avantageuses pour nous. Les Russes en effet n'ont pu, jusqu'ici, que tramer quelques intrigues. D'autre part, la situation actuelle prouve que de tous les Etats chrétiens, seule la Russie peut freiner la course fougueuse de l'Empereur de France vers ses visées de conquête. Trouver une solution à l'affaire de Pologne était depuis longtemps l'une de ses préoccupations. En outre, aux termes du traité qu'il avait conclu avec la Russie, l'Empereur attendait de celle-ci une attitude hostile envers l'Angleterre et l'interdiction de toute activité commerciale (des Anglais) en Russie. Or, en raison de l'indulgence délibérée des Russes, les Anglais ont pu poursuivre leurs affaires commerciales avec la Russie ; les échanges diplomatiques se sont même effectués (entre les deux puissances) ; ce qui a entraîné l'Empereur de France à prendre des mesures récentes (contre la Russie). L'un de ses buts les plus immédiats est très probablement de réduire les Russes à l'état de soumission souhaité. Bien qu'on ne puisse qualifier de sincères les avances (que l'Empereur de France) fait à l'Empire ottoman dans le seul but de mener à bien ses affaires et, compte tenu des expériences antérieures, peut-on ne les considérer que comme des promesses trompeuses ? Il se peut qu'il nous propose des relations amicales sans arrière-pensées malveillantes. Mais comme certains indices le laissent supposer, cette façon d'agir ne peut aussi viser que le problème des rapports de la Porte ottomane avec l'Angleterre, à savoir : interdire aux Anglais la navigation dans les eaux maritimes et fluviales de l'Empire ottoman, et toute activité commerciale, officielle ou privée sur le territoire ottoman. Dans ces conditions, l'Empire ottoman devrait refuser d'adhérer à l'un ou à l'autre des systèmes d'alliances, de la France ou de la Russie, et rester neutre ; il devrait assumer tout seul ses fardeaux. Si on arrive enfin comme on le souhaite à conclure la paix, l'Empire ottoman aurait profit à se décharger des conflits qui le gênent par la seule voie de la négociation, et demeurer en spectateur à l'écart des événements ; il semble que ce soit la meilleure des lignes à suivre. Bien qu'il paraisse égal, dans ces conditions, que le traité de paix soit signé (par nous) tout de suite, ou plus tard, comme on ne peut guère savoir d'avance quelle couleur prendra l'étoffe tissée sur les métiers de la Russie, de la France et de l'Autriche, il me semble — ainsi qu'il en est fait mention dans l'ordonnance de mon Généreux Maître — que les avantages tangibles que nous obtiendrions en arrangeant l'affaire sans attendre de l'avenir des profits possibles, sont préférables, en raison des circonstances actuelles. Il est incontestable qu'une prévision sur l'issue de la guerre est chose impossible pour la raison humaine, et qu'elle ne dépend pas toujours de la force apparente des belligérants ; toutefois, étant donné les antécédents et le grand potentiel militaire de la France, et des dispositions extraordinaires qu'elle a prises, on serait plutôt tenté de prévoir sa victoire sur la Russie, auquel cas, si toutes ses avances sont rejetées (par l'Empire ottoman), dès qu'elle aura réalisé ses plans concernant la Russie, elle trouvera un prétexte pour ajouter de nouvelles matières à sa vieille rancune (envers les Turcs), de sorte que, s'entendant avec la Russie, lors de la signature de paix, elle entreprendra — Dieu nous en garde ! — toutes sortes d'actes hostiles (contre la Turquie) ; ou encore, dans le cas où elle ne pourrait pas venir à bout de la Russie, elle tentera de comploter contre l'Empire ottoman lors des pourparlers de paix avec la Russie. Il est donc indispensable (pour nous) d'éviter toutes ces conséquences fâcheuses. D'autre part — et par la nature même des choses — l'ennemi principal de l'Empire ottoman est la nation russe plus qu'une autre. Les propos malveillants (au sujet de la Turquie) attribués à la France et divulgués tout récemment par Kutuzov, ont été sûrement suggérés aux Français par les Russes ; de même, lors de la dernière rencontre des empereurs de France et de Russie à Erfurt, les projets hostiles à l'Empire ottoman, qui n'ont pu être élaborés en raison de l'opposition de l'Empereur d'Autriche, ont été probablement soumis par les Russes. Aussi conviendrait-il pour l'Empire ottoman d'éviter de s'engager dans une alliance avec l'une ou l'autre de ces deux puissances, et de déployer tous ses efforts pour empêcher l'intervention de l'une et de l'autre dans ses affaires. Mais si, en fin de compte, tout compromis s'avère impossible pour lui et qu'il se sent forcé à choisir entre les deux camps, il (me) semble que préférer la France serait la moindre des catastrophes. Toutefois, comme l'hostilité des Anglais qui serait une conséquence de l'alliance avec la France, nous sera en toute probabilité extrêmement préjudiciable (Dieu nous en garde !), c'est une affaire bien difficile que de trouver une solution moyenne, et de découvrir la perspective la moins lourde de conséquences. Dans ces conditions, le plus sage serait de tout expliquer très ouvertement à l'Empereur de France en ces termes : « L'Empire ottoman serait très content de s'allier avec un État aussi puissant que la France. Et il n'hésiterait même pas à accepter la condition posée préalablement ou en conclusion de déclarer son hostilité à l'Angleterre si l'adoption d'une telle politique était en son pouvoir. Or, vous le savez vous-même, qu'il ne peut l'adopter car les Anglais barreront le détroit des Dardanelles et ne laisseront pas même passer une barque. Bien qu'ils ne puissent forcer le détroit des Dardanelles et passer dans la mer de Marmara pour faire pression sur la capitale de l'Empire, on ne peut rien faire contre eux du côté de l'Egée et de la Méditerranée, ils priveront l'Empire de tout l'approvisionnement qui lui parvient de ce côté et on aura à subir toutes sortes de conséquences fâcheuses. En ce moment-là, la France ne pourra pas nous venir en aide pour nous débarrasser des Anglais ; car, vous le savez bien, vous-même, qu'il est impossible de venir à bout des Anglais sur mer. Ainsi provoquer l'hostilité de l'Angleterre serait une politique préjudiciable à tous égards à l'Empire ottoman qui devrait être excusé de devoir la refuser. » Par des propos de ce genre, et en avançant à l'appui de multiples arguments, on peut lui expliquer (l'affaire), et peut-être, le convaincre que la France n'a rien à craindre de l'Empire ottoman, ni dans le présent, ni dans l'avenir et que nous sommes prêts à tout consentir excepté une rupture avec l'Angleterre. Si l'on y réussit, il n'y aura plus aucun inconvénient à s'allier à la France sous réserve de ne porter (par cette entente), aucun préjudice à nos rapports avec l'Angleterre. Cette entente, conclue par l'intermédiaire de l'Autriche, pourra même apporter certains avantages. On observe actuellement de la part de l'Autriche (une attitude de) cordialité à l'égard de l'Empire ottoman (qui s'explique) par les circonstances. Il (me) semble probable que ces considérations du gouvernement ottoman pourront être transmises à l'Empereur de France par l'intermédiaire de l'Autriche. D'un autre côté (en ce qui concerne les pourparlers avec la France) il ne sera guère opportun de les annoncer à un ambassadeur ou à un chargé d'affaires (français) à Istanbul, ni de lui faire écrire une lettre adressée à son souverain, et d'entamer une correspondance à ce sujet. Il serait préférable de désigner et d'envoyer d'urgence pourvu de pouvoirs extraordinaires et d'instructions particulières à cet effet, un autre délégué que l'ambassadeur chargé d'affaires de l'Empire ottoman auprès de la France ; une personne d'Istanbul, sage, raisonnable, éloquente, capable de riposter, honnête, qui même si elle n'est pas d'un haut grade, serait un serviteur de Votre Seigneurie, pourvue de qualités à la hauteur de la tâche à assumer et capable de représenter l'Empire auprès de l'Empereur de France. De cette façon, l'Empire ottoman serait épargné, avec l'aide de Dieu, de multiples dangers; cette mesure nous permettrait, au moins, de gagner du temps, d'attendre pour voir ce qu'il adviendra dans la suite et agir en conséquence. Telles sont les réflexions qui me viennent à l'esprit. Bien que de tels propos soient trop osés pour un humble serviteur de Votre Seigneurie, j'ai pris la liberté de formuler mon opinion encouragé en cela par le texte de votre firman où apparaît le désir de connaître les mesures à prendre dans l'état actuel des relations entre les grandes puissances. Personnellement, votre serviteur n'est guère à la hauteur de la discussion et de la résolution de ces questions, d'autant plus que les charges que je dois assumer ont profondément troublé mon esprit. Je vous prie donc humblement de me pardonner et d'accorder votre indulgence aux erreurs de jugement que je pourrais commettre. Il me reste à dire en conclusion que ni l'Autriche, ni la France ne semblent être disposées à accepter un autre traité de paix que celui qui assurera à l'Empire ottoman l'intégrité de son territoire. Il faudrait encore savoir de façon précise, si les garanties et les engagements (des deux puissances mentionnées) vis-à-vis de l'Empire ottoman — au cas où ils seraient formulés et contractés — impliqueront aussi les pays envahis récemment par les Russes. En tous cas, si la proposition de retarder (la signature du) traité étant venue de la France, on a dû s'y conformer, ceci ne constitue pas un gros inconvénient puisqu'il reste maintenant cinq ou six jours avant le début de mai, date que vous indiquez ; d'autre part, comme quelques jours passeront encore jusqu'à ce que votre réponse à la présente lettre de votre serviteur puisse parvenir ici et que nous puissions la communiquer (aux intéressés), nous verrons quelle sera l'attitude des Russes d'ici là ; nous ne pouvons la prévoir. En tous cas, je vous prie de bien vouloir me faire savoir votre volonté, et donner des instructions précises et explicites sur l'initiative à prendre, à savoir, si l'on doit, d'après les récentes réponses (des Russes) et les circonstances actuelles, conclure un traité ou le dénoncer, et plus particulièrement, si l'on doit arriver à une entente urgente ou (attendre pour) obtenir des concessions. 13 Rebi' II 1227 = 26-IV-1812.
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Dim Oct 05 2014, 21:56
Plus la peau du Papou pue, plus le pou du Papou bouffe
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Lun Oct 06 2014, 12:28
Merci Hayet
Super , je ne savais pas
Persuadé que la défaite venait du "Général Hiver"
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Lun Oct 06 2014, 12:53
La guerre des Poux, c'est le cas de le dire ! dans toutes les guerres les parasites donnèrent du fil à retordre aux soldats ! En Algérie j'eu affaire a d'innombrable poux de corps, en apportant un pull de l'armée en perm, ma mère y découvrit des poux incrustés dans la laine du pull !! Coriaces les bêtes
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Lun Oct 06 2014, 13:00
OUI , comme les morpions
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812 Lun Oct 06 2014, 14:14
bretirouge a écrit:
La guerre des Poux, c'est le cas de le dire ! dans toutes les guerres les parasites donnèrent du fil à retordre aux soldats ! En Algérie j'eu affaire a d'innombrable poux de corps, en apportant un pull de l'armée en perm, ma mère y découvrit des poux incrustés dans la laine du pull !! Coriaces les bêtes
C'était caractéristique des meulons, les poux... et les mouches autour des yeux des pitchoux !
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Sujet: Re: Les Grandes Epopées : La Campagne de Russie 1812