Sauve qui peut! La course aux mariages
Date de diffusion : 9 juillet 1990
En juin 1940, le gouvernement canadien vote la Loi de mobilisation des ressources nationales. Les hommes et les femmes de 16 ans et plus doivent s'enregistrer. Le gouvernement appelle en priorité les hommes plus jeunes et les célibataires pour le service militaire, puis les hommes mariés.
Le 12 juillet 1940, le gouvernement annonce la mobilisation de tous les hommes célibataires dans un délai de trois jours. La nouvelle déclenche une course folle au mariage. Entre le 12 et le 15 juillet, les magasins de robes de mariées sont dévalisés et les mariages sont célébrés en série à travers le pays. Une de ces cérémonies a lieu au parc Jarry, à Montréal, et réunit plusieurs centaines de couples. Cinquante ans plus tard, des dizaines de couples à travers la province célèbrent leurs noces d'or.
Outre le mariage, plusieurs tactiques sont utilisées pour échapper à l'enrôlement dans l'armée. Des jeunes hommes tentent de berner le médecin militaire au moment de l'examen d'entrée. Ils prennent des pilules pour accélérer leur rythme cardiaque ou portent des chaussures orthopédiques. Certains vont jusqu'à se mutiler pour être exemptés. D'autres encore choisissent la fuite ou entrent en religion. Toutefois, ceux dont le stratagème est découvert risquent une peine d'emprisonnement de six mois.
En 1944, après l'imposition de la conscription pour le service outre-mer, la police militaire multiplie les descentes afin d'arrêter les déserteurs et effectue des centaines d'arrestations. En 1947, le gouvernement fédéral accorde l'amnistie aux déserteurs.
Des milliers de femmes passent la durée de la guerre à attendre avec angoisse que leur mari ou leur fils revienne du front sain et sauf. Lorsque leur conjoint est envoyé outre-mer, les jeunes femmes retournent fréquemment vivre chez leurs parents ou cohabitent avec leurs beaux-parents, ce qui est parfois source de conflits.
Certaines épouses accompagnent leur mari dans les camps militaires au pays. Elles sont invitées à prendre soin de leur époux et à « lui faire oublier un peu l'uniforme et la caserne », peut-on lire dans les pages féminines de La Presse du 13 avril 1943.