Pantelleria, un îlot à mi chemin entre la Sicile et la Tunisie. Considérée comme imprenable, la ’’Gibraltar ’’ de la Méditerranée dispose d’un terrain d’aviation et de multiples batteries côtières. C'est une île où je passais mes vacances d'où est originaire ma mère.
Un immense hangar à deux étages, long de 300 m, large de 28 m et haut de 16 m a été conçu par l'architecte Pier Luigi Nervi spécialiste des voûtes en béton armé lors des travaux de fortification de l'île à partir de 1936. La piste d'aviation, longue de mille cinq cents mètres, a été construite en nivelant deux volcans. Le Duce en personne est venu sur l’île le 18 août 1938 pour inspecter l'avancement des travaux.
Un réseau de tunnels souterrains permet de rejoindre les différents secteurs de défense (Gruppi Capisaldi). La Piazza Marittima di Pantelleria est placée sous la responsabilité de l'ammiraglio di squadra Gino Pavesi.
Les batteries côtières, servies par les artilleurs de la 9a legione Milmart (Milizia Artiglieria Maritima, branche de la MVSN ) sont équipées de:
L'amiral PAVESI-trois batteries à quatre canons Schneider-Ansaldo de 152/45 (dans le sens des aiguilles d'une montre: batteries U. Bellotti, Rossi et N. Grasso
-trois batteries de 120/50: Giuseppe Caminata, Agostino Stroscio et Paolo Rametta
-deux batterie de 90/53 de cinq pièces à Punta Karuscia et six pièces à Punta Sideri
-treize batteries de 76/40 ( pour leur emplacement, voir la carte).
La construction de deux batteries de 320/40 et deux de 203/45 avait été prévue mais abandonnée en raison du coût élevé et de l'évolution du conflit.
La défense de l'île repose sur une garnison appelée brigata mista Pantelleria de 11657 Italiens (420 officiers, 620 sous-officiers et 10617 hommes de troupe) sous le commandement du generale di brigata Achille Maffei, composée des:
-I° Battaglione du 5° reggimento fanteria ''Aosta'';
-II° Bn/5° reggimento fanteria ''Aosta'' ;
-III° Bn/ 140° reggimento fanteria ''Bari'' ;
-d'une dizaine de compagnie de mitrailleuses appartenant à la GaF (Guardia alla Frontiera);
-cinq compagnies du génie;
-une compagnie de tank légers L3/35;
-un peloton de Carabinieri Reali (CCRR).
78 Allemands servent à la Funkmeßstellung Pollux comprenant un radar Wurzburg D et un autre type Freya. Au début du siège, ils étaient six cents, la plupart appartenant à la Luftwaffe.
Quant à l'aviation, la Regia Aeronautica a fait rapatrier ses avions sur les aéroports siciliens à partir du 15 mai. Les quatre derniers MC.202 du 151° Gruppo CT (Caccia Terrestre) quitteront l'île le 4juin 1943 pour l'aérodrome de Sciacca.
La population compte 9000 insulaires vivant principalement dans la ville de Pantelleria. Le problème majeur de l'île est son absence de sources pour approvisionner la population et la garnison en eau potable, néanmoins quelques puits ont été creusés et des citernes aménagées.
Le blocus de l’île débute le 14 mai 1943, seuls quelques Siebel-Fähren escortés par des vedettes MAS échappent à la surveillance de la Royal Navy et apportent 630 tonnes de ravitaillement entre le 22 et 29 mai. Le bateau-citerne Arno parvient à approvisionner en eau les assiégés peu avant la reddition du 11 juin 1943.
Les premiers bombardements massifs commencent le 18 mai avec comme principaux objectifs le port de Pantelleria et l'aéroport de Marghana, empêchant la remise en état de la piste. De nombreux appareils sont détruits au sol. La destruction des installations portuaires et des quais a pour but d'éviter l'accostage de tout navire venant approvisionner l'île.
Entre le 11 et 12 mai, le croiseur HMS Orion et les destroyers HMS Isis et HMS Patard viennent pilonner les batteries côtières puis à nouveau entre le 31 mai et le 5 juin. Le 18 mai, une sortie de quarante-deux B-25 et quarante-quatre B-26 escortés par quatre-vingt-onze P-38 et P-40, déverse 97 tonnes de bombes sur les docks, la jetée, un coup au but permet de couler un navire dans le port (probablement une barge de type Siebel-ferry ravitaillant les assiégés). L'aviation de l'Axe, ayant à défendre les aérodromes siciliens de Sciacca, Chinisia et Trapani ne réagit pas. La défense antiaérienne se révèle inefficace. Le 21 mai, la station-radar Würzburg D est détruite. Quelques JU-52 ou SM.81 pipistrello et Fiat G.12 italiens parviennent à se poser au prix d'énormes risques afin d'approvisionner la garnison et la population en vivres, munitions et médicaments. Le dernier ravitaillement est effectué le 9 juin par trois SM.81 et sept JU-52.
Durant la nuit du 28 au 29 mai, un commando britannique formé de dix hommes du 2nd SAS, commandé par le major Geoffrey Appleyard est débarqué du sous-marin HMS Unshaken (opération Snapdragon) à Punta Kharace pour s'emparer de quelques sentinelles afin d'obtenir des renseignements. Un Italien est capturé mais il réussit à donner l'alerte. Le commando repart bredouille, laissant sur place un des leurs blessé et en tuant trois Italiens.
Le professeur Solly Zuckermann est détaché d'Oxford comme conseiller scientifique pour évaluer et analyser les relevés photographiques, les effets des bombardements: Pantelleria devient un laboratoire pour les Alliés qui étudient les pourcentages de coup au but, la destruction des défenses ou le moral des défenseurs.
Le 31 mai, le croiseur HMS Orion accompagné des destroyers Troubridge et Petard viennent bombarder les installations portuaires et les batteries antinavires et repartent sans avoir été inquiétés. Les Alliés concluent que l'absence de réaction des batteries côtières est dû au dérèglement des appareils de tir, à moins que les artilleurs de la Milmart s'abstiennent de répondre pour ne pas dévoiler les emplacements des canons.
Le 1er juin, les B.17 déversent 141 tonnes de bombes sur les batteries côtières et les pièces antiaériennes. Les HMS Petard, Paladin et Penelope viennent tâter à nouveau les défenses qui répondent mollement mais la Penelope est encadrée par les tirs des batteries et touchée par un obus qui n'explose pas.
Le 4 juin, 200 tonnes de bombes sont larguées par B.17 B.25 et B.26, relayés par les Lancaster la nuit. A partir du 6 juin, comme prévu, les sorties augmentent, 230 tonnes de bombes sont lâchées, 600 le 7 juin.
Le 8 juin, Eisenhower veut se rendre compte personnellement du résultat des bombardements et assiste à bord du croiseur HMS Aurora avec l'amiral Cunningham au pilonnage des défenses côtières par les croiseurs HMS Newfoundland, Penelope, Euryalus et Orion et les destroyers HMS Whaddon, Tartar, Jervis, Nubian, Laforey, Lookout et Loyal. Trois motorboats se permettent de s'approcher de l'entrée du port avant de rejoindre l'armada. Une formation de Focke-Wolf 190 tente de s'en prendre au Nubian et au Tartar, sans résultat. Juste après le bombardement naval, des tracts sont lâchés par trois pilotes du 33 FG, exigeant la reddition sans condition de la garnison. Un répit de six heures est laissé aux défenseurs, et sans réponse de l'amiral Pavesi, le déluge d'acier recommence: 700 tonnes de bombes sont déversées sur Pantelleria.
Au 10 juin, les B-17 du 32nd BS (301st BG) lancent des tracts renouvelant la demande de reddition et pour rappeler le troisième anniversaire de l'entrée en guerre de l'Italie, 1500 tonnes de bombes sont déversées sur Pantelleria lors de 1000 sorties. En tout, sur l'île, 6315 tonnes de bombes ont été larguées lors de 5285 sorties.