Le bagne militaire de Biribi

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  Mlle Francine je ne crois pas que vous allez m'en vouloir pour cela au contraire je serai sur que après la guerre il y aura une Amnistie. Au moins je serai vivant.
  Vous pouvez m'écrire autant que vous le voudrez mais dans votre réponse vous ne causerez de cette lettre. Vous direz que c'est par mes parents ou par les journaux que vous avez apris que j'étais punis. Francinette vous serez bien gentille aussi de me faire savoir si les journaux ont fait mention de mon Conseil de Guerre, et si mon patron et Mlle Marcelle ne savent rien. N'en parlez à personne; si vous le permettez je pourrai vous écrire tout les dimanches, mais il faut avant cela que j'ai reçu une de vos lettres: pour quand aux lettres passant aux autorités, elles portent seulement comme toutes les autres, le cachet du Comt de la Place sans avoir besoin besoin d'inscrire envoi de untel. Il n'y a que votre adresse et C Militaire, c'est tout. Personne ne saura que c'est moi qui vous écris, et vous, vous pouvez même me dire cher Cousin sur vos lettres. Tachez de savoir aussi si Fernande, de Badinière, ne sais rien. Je vous expliquerez tout après. J'ai bonne santé c'est le principal.
  Rappelez vous, Francinette, le lundi de la fête de . . . . le bon champagne. Enfin patience nous irons encore.
  Bien de choses à votre soeur Marie et à Maman.
J'attends une très longue lettre de 5 pages.
             Mes sincères et tendres Amitiés
                                                     Raoul

Enseignements à tirer:
  Il est surprenant  de laisser la parole à un Déserteur sur le Forum Paras, mais comme l'on dit, c'est pour la bonne cause: un témoignage du passé.
  Chacun peut s'intéresser à la motivation de l'intéressé en s'imaginant qu'il n'était pas le seul dans ce cas et qu'il y avait un risque de contagion.
  Ensuite entrons dans le vif du sujet:
- Lieux de la sanction différents suivant les motifs: d'un côté les punis occasionnels pour non respect des réglements donc non dangereux et de l'autre les"fortes têtes" dont la mauvaise conduite est une contrainte permanente, un trouble pour la communauté militaire. Les Travaux Publics pour les uns et les unités disciplinaires pour les autres.
- Nécessité d'une censure pour permettre un isolement du monde extérieur pour différentes raisons.
D'où la possibilité de la création d'une dissuasion. Mélange du vrai et du faux dans les supputations.
  En conclusion, cette correspondance montre que dans certains cas, la sanction était moins terrible que la légende.

Bonjour Ancien38,un grand merci pour le partage de cette lettre.

Photo de la première de la lettre pour authentification de ma source d'information sur le sujet.

Merci Ancien 38 pour ce témoignage et particulièrement pour le temps que tu as consacré à le rédiger. Je viens d’en prendre connaissance seulement ce soir.
Raoul a déserté donc au moment des Dardanelles en ne rejoignant pas son navire. C'est un pari risqué car le Conseil de Guerre aurait pu demander la peine de mort. Ses motivations sont d’ordre personnel, refus de rejoindre son unité. Pendant que ses camarades risquaient leur vie, lui cassait des cailloux mais ne risquait pas de recevoir une balle.
Est-ce qu'il y avait des bataillons disciplinaires comme les ’joyeux ’ en 1940 ?

Bonjour Alexderome, je n'ai pas de réponse à apporter, le centre d'intérêt de l'époque est très éloigné de notre sujet. Pourtant je me suis attardé sur l'entrée en guerre que mon pére a faite au sein des Chasseurs Alpins et je n'ai retenu que l'Esprit Chasseur qui nous éloigne des soucis personnels du soldat.
Je n'ai pas vu de documents s'attarder sur les problèmes disciplinaires de l'époque.

Pour la compléter, j'apporte la suite de la lettre.