Le 22 Novembre 845, le Breton Nominoë bat les troupes du roi Carolingien Charles le Chauve à
Ballon près de Redon. Pour le roi cette défaite marque l'échec de la conquête de la Bretagne. Celle-ci devient indépendante du royaume. Elle le restera pendant près de 7 siècles.
Au commencement...
La préhistoire
A l'origine, les premiers Bretons n'étaient pas Celtes. C'était un peuple de pasteurs nomades qui vivaient dans l'immense forêt bretonne. Ils érigèrent les mégalithes que nous pouvons encore admirer. La fonction des menhirs nous est encore inconnue mais nous savons en revanche que les dolmens étaient les tombeaux des chefs. Pendant l'âge de bronze la péninsule armoricaine connaît une grande prospérité, peu avant l'arrivée des Celtes.
Les premiers Celtes
Arrivés avec les Indo-européens, les premiers Celtes s'installent en Armorique où ils cohabitent pacifiquement avec les premiers habitants de la péninsule. Ils introduisent l'usage du fer et des chevaux tout en s'initiant au commerce maritime. Ils apportent aussi un vaste panthéon et une philosophie nouvelle : le druidisme où les femmes jouent un rôle important.
L'arrivée des Romains
En 58 avant J-C. toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur... Mais là je m'égare. En réalité, les Romains ont peu d'influence sur les Celtes, qui vivent dans la forêt armoricaine. Aussi, quand les Vénètes se révoltent, c'est toute la Bretagne qui les suit. Bretons et Romains s'affrontent lors d'une bataille maritime mémorable qui tournera en faveur des Romains. Malgré leur supériorité (d'excellents marins face à des romains plus habitués aux combats sur la terre ferme), les Vénètes ont souffert d'une absence de vent qui a immobilisé leurs voiliers, favorisant ainsi les galères romaines. Il s'ensuit une répression féroce pendant laquelle bon nombre de Bretons doivent fuir l'Armorique. C'est à cette époque que disparaît le druidisme.
L'émigration bretonne
Au cours du Vè siècle, les Romains, qui veulent repeupler le "désert armoricain", facilitent la venue de Celtes de Cornouailles ou du pays de Galles qui fuient la surpopulation. Au VIè siècle la Grande-Bretagne est envahie par les Angles et les Saxons ce qui entraîne à nouveau une émigration massive. Ces Celtes insulaires apportent avec eux la langue bretonne et une ébauche de christianisme. La Bretagne commence enfin à s'urbaniser.
La formation du royaume
La Bretagne des origines
Au début du VIè siècle, la Bretagne ne connaît aucune unité, les Celtes étant peu enclins à supporter une autorité quelconque. Mais à cette époque, l'émergence du royaume franc constitue une menace suffisamment importante pour que les Bretons décident de s’unir. Trois petits royaumes sont alors créés : la Cornouaille, la Domnonée et le Léon.
La création du Vannetais
Dernier royaume à être formé, le Vannetais connaît des origines très tourmentées. Les luttes pour le pouvoir sont extrêmement violentes et fertiles en trahisons. Elles verront s'imposer Makliaw comme chef "incontesté" du Vannetais. Il se fera pourtant tuer en tentant d'envahir la Cornouaille. Son fils Warog, tout aussi prompt à sortir les armes, lui succédera. Au début du VIIè siècle Warog et ses hommes font des incursions de plus en plus fréquentes vers Nantes (ils iront même jusqu'à faire les vendanges sur les terres nantaises). La réaction des Francs est immédiate, ils envoient une armée qui se fait décimer. Pourtant, Warog jure obéissance à Clotaire, mais il y gagne la ville de Nantes. Le quatrième royaume breton est enfin formé.
La réunion des quatre royaumes
Voulant en finir avec les incursions bretonnes, Pépin le Bref puis Charlemagne envoient des troupes en Bretagne. Pour contrer les attaques mérovingiennes, les quatre royaumes prennent pour chef de guerre Warog, le roi du Bro-Warog (Vannetais). Mais celui-ci meurt au cours de la bataille de Morvan. Son successeur Wiomarc'h doit se soumettre à l'empereur, mais en 822 et en 824 il essaye de se libérer de la tutelle franque; il y perdra la vie. Afin d'éviter d'autres révoltes, les Francs nomment eux-même le nouveau chef breton : Nominoë. Celui-ci redonne une certaine grandeur à la Bretagne.
A la mort de Louis le Pieux, Nominoë rend hommage à Lothaire alors que c'est Charles le Chauve qui a hérité de la partie occidentale du royaume. En 845 Charles le Chauve attaque la Bretagne mais Nominoë aidé par Lambert II, futur comte de Nantes, met son armée en déroute. La Bretagne est reconnue libre par le roi. Après avoir conquis l'Anjou Nominoë s'attaque à Chartres où il trouve la mort. Prompt à réagir, Charles le Chauve envoie un détachement en Bretagne mais il est défait par Erispoë, le fils de Nominoë, qui s'empare de Rennes et de Nantes. Il signe quand même en 850 un accord contre les Normands avec Charles le Chauve.
De l'anarchie à la grande Bretagne
Le cousin d'Erispoë, Salaün, fait un coup d'état qui entraîne l'invasion de la Bretagne par les troupes de Charles le Chauve. Salaün négocie et promet de payer un tribut (qu'il ne versera que deux fois). Sous son règne la prospérité revient en Bretagne. A la fin de sa vie, il se retire dans un monastère où il sera assassiné. Après sa mort il sera considéré comme un saint.
Les chefs bretons réclament leur indépendance laissant la Bretagne sans unité. Les attaques normandes sonnent le glas de la grandeur bretonne. Alain le Grand réussit à réunir les Bretons sous sa bannière en 888 et chasse les Normands de Bretagne, qui n'oseront plus revenir de son vivant. Il est reconnu comme roi de Bretagne mais l'Anjou et le Cotentin refusent sa souveraineté. Il favorise l'expansion des abbayes.
A sa mort les attaques normandes reprennent de plus belle. Toute l'élite bretonne fuit en Angleterre, les abbayes et les bibliothèques sont pillées,... la Bretagne connaît une des périodes les plus noires de son histoire. Les Bretons attendent leur "sauveur". Un abbé parvient à convaincre le petit-fils d'Alain le Grand de quitter l'Angleterre pour sauver le peuple breton. Aidé par les Saxons, il débarque en Bretagne en 936 et libère la péninsule dès 939. Il refuse le titre de roi, se contentant d'être duc de Bretagne. Alain Barbe-Torte meurt en 952 laissant derrière lui un pays libre, prospère et indépendant... mais plus francophone que jamais.