Les Français favorables à un service civique obligatoire Défilé militaire du 14 juillet 2013 sur les Champs-Elysées à Paris.Sept Français sur dix ont aussi une bonne opinion de l'armée, selon un sondage exclusif Yougov pour «20 Minutes»…L’armée a la cote auprès des Français. Ils sont 72% à en avoir une bonne opinion, loin devant la police (51%), selon un sondage exclusif YouGov pour 20 Minutes*. Tout aussi massivement, à 67,9%, les sondés ont une bonne opinion de la professionnalisation des armées, réalisée en 1996. Un engouement qui pourrait même, pour un peu plus d’un tiers des sondés (34,1%), les pousser à envisager de travailler pour l’armée.
Quant au service militaire, suspendu en 1997, il a lui aussi toujours la cote: Ainsi, 56,7% des sondés seraient favorables à son rétablissement, quand 64,4% des Français souhaiteraient un service civique obligatoire pour les 16-25 ans. Cet engagement volontaire, de 6 à 12 mois, est indemnisé 573 euros net par mois. Il peut être effectué auprès d’associations, de collectivités territoriales ou d’établissements publics en France ou à l'étranger, dans des domaines comme la culture, l'éducation, la santé ou encore le sport. Ce dispositif n'est aujourd'hui pas obligatoire, même si certains politiques le réclament.
Qu'est-ce que le service civique? «Cette bonne opinion du service civique obligatoire est à mettre en rapport avec la fin du service militaire, car il y a une nostalgie», souligne Elyamine Settoul, chercheur à l'institut européen de Florence. «Il y a un rapport paradoxal avec le service militaire. Si le dispositif était inégalitaire et décrié jusqu'à sa fin, paradoxalement, le mythe du service militaire continue de se construire aujourd’hui. Les Français y sont attachés», explique Sébastien Jakubowski, maître de conférences à AgroSup Dijon. Quant à rendre obligatoire un service civiquen «cet attrait peut également provenir du fait qu’il n’est pas forcément militaire, mais aussi civil», précise-t-il.
La place des femmes dans l'arméeUne armée européenne plutôt que des armées nationales? L’idée d’une mutualisation progresse, avec 48,3 % de sondés favorables, contre 38,5 % qui n’en veulent pas. Les hommes adhèrent plus largement à cette idée (55,2 %) que les femmes (41,8 %), et ce sont les 55 ans et plus qui y sont le plus favorables (55,4 %). Une seule armée européenne qui pourrait permettre de réduire les coûts, alors que l’Europe est en crise? Pas forcément. Alors que le budget de l’armée est de 31,4 milliards d’euros (soit 1,5 % du PIB français), 57,6 % des Français estiment que «cela reste dans l’ordre des choses», alors que 22,2 % le jugent trop élevé, et 10,2 % insuffisant.
Quant à l’arme nucléaire, considérée comme le fleuron de l’appareil militaire français, elle apparaît de moins en moins indispensable aux Français pour garantir la sécurité nationale. Quand 38,4 % des sondés juge l’arme nucléaire «indispensable», ils sont 34,4 % à l’estimer «nécessaire mais pas indispensable», et 18,1 % «pas nécessaire».
La bombe atomique pas toujours indispensableAu chapitre de la place des femmes dans l’armée, les Français semblent très égalitaires. Ainsi, 72,3 % estiment normal que les femmes puissent accéder à toutes les fonctions dans l’armée, ce qui implique les métiers en première ligne. Pour 14 % des sondés, elles ne devraient pas avoir accès à toutes les fonctions disponibles, et 7,7 % des Français pensent qu’il faudrait leur limiter les fonctions à risque. Enfin, 6 % des sondés jugent que les femmes n’ont pas du tout leur place dans l’armée.
«L’armée française est l’une des plus féminisée au monde, même si la place des femmes n’a pas été facile à conquérir», explique Sébastien Jakubowski. «Mais je ne dirais pas que les Français soient égalitaristes, notamment vis-à-vis de la mort. En opération à l’extérieur, un jour ou l’autre, une militaire française sera tuée. Quelle sera alors la réaction de l’opinion publique face à cette mort? Je pense plutôt que les Français souhaitent une plus grande équité entre les hommes et les femmes dans les armées».
Mais si les Français ont une bonne opinion de l’armée, ce n’est pas le cas du chef des armées, qui est le président de la République: François Hollande totalise 52,8 % de mauvaise opinion, tandis que 31,5 % en ont une opinion favorable. Un scepticisme qui rejaillit également sur les interventions militaires des trois dernières années, en Libye, au Mali et en Centrafrique. Si 39,2 % des Français estiment ces opérations justifiées, ils sont 49,7 % à penser le contraire.