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 Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) .

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MessageSujet: Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) .   Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) . Icon_minitimeVen Avr 18 2014, 18:48

Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS)    

 Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) . 908920120 Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) . Saint-14  Les parachutistes français libres du "spécial air service" (SAS) . 908920120 

Parmi les premiers volontaires qui rejoignent le général de Gaulle en 1940 figurent les Parachutistes de la France libre. Créé le 29 septembre 1940 à Londres par le général de Gaulle sous le nom de "1ère Compagnie de l'air", les Parachutistes de la France libre sont intégrés au Special Air Service (les SAS), une unité spéciale des forces armées britanniques.

Aucun de ceux d'entre nous qui, déjà, en 1940, étaient dans une unité de combat, participant depuis des mois à une drôle de guerre, ne pouvaient imaginer le déferlement mécanisé qui se préparait pour, en quelques semaines, disloquer nos armées et infliger à notre Pays la plus grave défaite de son Histoire.

Le 18 juin 1940 de Londres le général de Gaulle lançait son Appel prémonitoire qui disait que la France avait perdu une bataille mais pas la guerre et, pari qui semblait fou, il annonçait la victoire pour demain.

Seule une poignée de volontaires au patriotisme intransigeant le rejoignit.

Il y avait en Grande-Bretagne près de 200.000 soldats français de tous grades, rescapés des combats de Dunkerque. Quelques milliers seulement décidèrent de continuer à se battre, les autres regagnèrent la France sous le drapeau de la Croix rouge internationale. Il en sera de même un an plus tard, après la guerre fratricide de Syrie où l'armée Dentz repartira en France dans sa quasi totalité après s'être battue farouchement contre les alliés au lieu des les rejoindre.

On ne le sait pas assez mais, sous les ordres du général de Gaulle, avec le drapeau tricolore frappé de la croix de Lorraine il n'y eut, longtemps que bien peu de volontaires. Ils furent présents sur tous les fronts.

Parmi eux les Parachutistes de la France libre.

Leur aventure commença le 29 septembre 1940 à Londres. Signé du général de Gaulle, l'ordre n° 765, portait création de la 1ere Compagnie de l'air. C'est donc très tôt que le chef de la France libre, toujours visionnaire, pensa que ce type d'unité serait le jour venu, parmi les premières à se battre à nouveau sur le sol de France pour la reconquête du territoire.

Il en confia le commandement au capitaine G. Bergé qui l'avait rejoint en Angle terre dès le mois de juin 1940 après avoir été blessé au cours de la bataille de France près d'Arras.

Les volontaires pour cette nouvelle unité souvent très jeunes, à défaut du nombre, avaient la détermination, la motivation et l'enthousiasme. Stimulés pendant des mois par un infatigable capitaine Bergé, ils seront parmi les meilleurs à l'issu des très durs entraînements de Paras auxquels ils furent soumis.

Début 1941 la petite unité était opérationnelle et c'est dans ses rangs que le SOE et le SR français qui ne s'appelait pas encore BCRA choisiront les éléments devant effectuer des missions armées en France, étant donc les premiers à se battre à nouveau en uniforme sur notre sol.

C'est ainsi que dans la nuit du 15 au 16 mars 1941 à Elven dans le Morbihan, le capitaine Bergé lui-même, sera parachuté avec quatre de ses hommes : Petit Laurent, Forman, Le Tac et Renault pour effectuer la mission dont le nom de code était Savanna.

Le but de l'opération était d'attaquer les pilotes d'une dangereuse escadrille allemande, la Kampfgeschwader 100, lors du trajet de leur car les amenant de Vannes où ils logeaient jusqu'à Meucon où se trouvait la piste d'envol.

Pourquoi cette cible ?


C'était l'époque des terribles bombardements de nuit sur l'Angle terre. La Royal Air Force dans laquelle des Français se couvriront de gloire, infligeait à l'ennemi des pertes d'autant plus graves que les pilotes descendus outre-Manche étaient irrécupérables par l'ennemi. La relève manquait d'expérience. Pour y parer la Luftwaffe avait formé des escadrilles spéciales composés d'équipages chevronnés. C'est eux qui,précédant les bombardiers, repéraient les objectifs et les balisaient avec des bombes incendiaires. Les formations qui suivaient, délivrées du souci de repérage, n'avaient plus qu'à déverser dans l'espace délimité, leur chargement de bombes. Hélas, Bergé et ses hommes postés en un point de ralentissement pour toute voiture, attendirent en vain le passage du car.

Depuis quelques semaines des baraquements abritaient les pilotes à Meucon même, près de leur piste d'envol et le trajet en car avait été supprimé.

Les cinq hommes depuis une plage près de Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée, furent récupérés par le sous-marin Tigris. Ils ramenaient une masse de renseignements mais avaient été contraints de laisser sur place Joël Le Tac lequel n'avait pu à la fois pousser le Dinghy et y monter.

La deuxième mission porta le nom de Joséphine B. Dans la nuit du 11 au 12 mai, Forman, Varnier, Cabard eurent pour mission de détruire la centrale électrique de Pessac qui alimentait les diesels des sous-marins allemands camouflés près de Bordeaux.

Avec Joël Le Tac qui les avait rejoints, le groupe fit sauter six des huit transformateurs, le feu ravagea les autres.

C'est ainsi que les Parachutistes français libres firent, en uniforme, les première actions de résistance.

Ils vont ensuite sous diverses formes participer à la lutte clandestine.

En effet, lorsque le Général décida d'envoyer la première compagnie au Moyen- Orient, là où se déroulait la bataille, elle était forte de neuf officiers, vingt sous-officiers et soixante-dix-sept hommes, mais à la demande du BCRA et du SOE un tiers de l'effectif fut maintenu en Grande-Bretagne pour assurer les missions à venir, en France. A ce titre et alors sans uniforme, ils assumeront souvent d'importantes responsabilités dans l'action clandestine.

Très tôt donc les Paras à la croix de Lorraine furent mêlés au combat intérieur.

Ils le reprendront au moment du Débarquement.

Mais il ne me paraît pourtant pas possible de franchir cet espace de temps sans vous parler, même brièvement, de la bataille qu'ils livrèrent en Afrique du Nord jusqu'à la défaite totale de l'Afrika Korps en Tunisie.

Le 21 juillet 1941, Bergé et le reste de ses hommes embarquent donc à Glasgow sur le Cameronian. Ils arrivent à Suez, à la mi-septembre après avoir contourné l'Afrique, mais que faire de cette unité dans le combat mené par la 8e Armée contre  l'Afrika Korps de Rommel ? Avec le recul on se demande dans quelle opérations, elle aurait pu être engagée.

Le destin allait leur offrir une fantastique opportunité !


Rommel est aux portes de l'Egypte. La Royal Air Force est refoulée au Nil et toute une portion de la Méditerranée, hors de son rayon d'action est sous le total contrôle de la Luftwaffe qui a ainsi la possibilité d'attaquer les convois sans défense. C'est pour le commandement allié une situation gravissime. Pour renforcer la 8e Armée et lui permettre une contre-offensive, il faudrait que les convois arrivent. Pour qu'ils passent il faudrait que cette 8e Armée ait reconquis le terrain permettant ainsi à la RAF de les protéger.

C'est alors que David Stirling, lieutenant écossais, colosse de 26 ans, issu des Guards mais appartenant depuis longtemps aux Forces spéciales, propose un plan qui, lorsqu'il sera soumis par les généraux Auchinleck et Ritchie à l'Etat-Major en fera ricaner la moitié et consterner l'autre.

Tirant la leçon des échecs des raids importants effectués sur les côtes de Cyrénaïques auxquels il avait participé, il préconisait, au lieu et place, d'envoyer très à l'intérieur des lignes ennemies, des petits groupes d'hommes parfaitement entraînés pour ce genre de missions, afin d'y attaquer des objectifs variables mais principalement détruire de nuit, au sol, les avions de combat allemands sur leurs pistes d'envol.

Finalement parce que cela n'engageait que peu de monde et ne demandait qu'un matériel négligeable, Auchinleck laissa tomber : « Pourquoi non ? »

Il ne restait plus qu'à passer à l'action et réussir.

David Stirling en bon britannique, choisit pour son unité un nom mystérieux : Spécial Air Service et une devise « Qui ose gagne ». Son recrutement principal se fit auprès des aventuriers des diverses « Spéciales forces » qu'il connaissait bien. Deux mois d'entraîne ments spécifiques suffirent pour des hommes déjà très rodés à ces exercices.

Après deux missions de tâtonnement, à la mi-novembre 1941, les premiers groupes appelés sticks, furent transportés à proximité de leur objectif par les véhicules des Long Ranch Desert Group, en passant par les zones fluides du front dans le Sud désertique.

Passant à l'action, Paddy Mayne prototype de cette espèce nouvelle de combattant, avec quatre de ses hommes, va pénétrer la nuit venue sur l'aérodrome de Tamet, et placer dans chaque avion une bombe Lewis amalgame d'explosif et de matière incendiaire dotée d'une mise à feu à retardement. De loin, ayant quitté les lieux depuis des heures il entendra 24 explosions, signes d'autant de victoires.

Chacune de ces missions mériterait d'être racontée. Certaines furent tragiques mais en deux mois le scepticisme de l'Etat-Major fit place à l'euphorie. Paddy Mayne retourné à Tamet la nuit de Noël, avait fait sauter 27 nouveaux avions. Fraser et cinq hommes avaient fait mieux à Agebadia : 34 appareils, mais Lewis l'inventeur de la bombe, ami de toujours de David Stirling avait été tué.

Ces énormes succès avaient tout naturelle ment porté l'Etat-Major à demander la multi plication des raids. Pour cela il fallait des hommes parfaitement préparés exigeant de longs entraînements, ce qui avait été évité au départ, étant donné que le recrutement de David avait porté sur des camarades déjà très affûtés.

Près du Caire à Kabret, il y avait un camp d'entraînement pour parachutistes. Bergé y fut envoyé afin de faire effectuer un stage aux nouvelles recrues engagées dans son unité en Syrie. David Stirling apprenant par hasard leur existence, découvrit ainsi une centaine de Paras tous brevetés, parfaitement entraînés, extrêmement motivés dont le chef avait lui-même déjà effectué des missions clandestines. C'était exactement ce qu'il lui fallait. Le coup de foudre fut réciproque quand les Français eurent connaissance des exploits déjà accomplis par le Spécial Air Service. Il ne restait plus qu'à obtrenir d'y être affecté.

Tout aurait pu être facile.

Ce ne le fut pas. Les relations entre de Gaulle et Churchill atteignaient la crise. Après la bataille meurtrière livrée par les alliés en Syrie, les Britan niques considéraient que le mandat de la France sur ces régions n'avait plus de raison d'être. De Gaulle pensait exactement le contraire et envisageait pour marquer sa détermination de retirer du commandement allié toutes les Forces qui se battaient sous les plis du drapeau à la croix de Lorraine.

Pour mieux affirmer la présence française sur ces territoires, le chef de la France libre avait décidé de s'y rendre. « Il y a là une occasion de le rencontrer à ne pas laisser passer » précisa le général Catroux représentant du Général au Moyen-Orient, au capitaine Stirling qui avait obtenu une audience pour lui présenter sa requête. Il avait ajouté : « Dans la situation actuelle vous avez toutes les chances de n'obtenir qu'un refus. »

« Qui ose gagne », Stirling fraîchement nommé Major un mois plus tard entre, à Beyrouth, dans le bureau du général de Gaulle qui, informé par Catroux des succès des SAS, le félicite chaudement.

Exposant sa demande, habilement, David met en valeur la possibilité pour un petit nombre de Français de s'associer à des actions pouvant par leur résultat, avoir un effet spectaculaire.

La France libre en bénéficierait obligatoirement.

Hélas ! Un « C'est impossible Major » dit fermement et très vite, surprit complètement le patron des SAS. Pensant s'être mal fait entendre, il voulut reprendre son argumentation. Le Général ne lui en laissa pas le temps, se leva et termina la conversation en disant : « Désolé, n'insistez pas ». Comme toujours amène avec ses visiteurs il raccompagna Stirling. Celui-ci après avoir avalé un juron, exprima sa déception avant de quitter les lieux :

« Pour la première fois, mon Général, moi officier écossais j'ai échoué dans ma mission. »
Le Général s'arrêta net. « Vous êtes écossais ? » « Définitivement mon Général » « Alors asseyez-vous. »
En dix minutes l'affaire était réglée et le chef de la France libre accordait à l'Ecossais au nom de la vieille alliance, ce qu'il n'aurait jamais consenti à l'Anglais. C'est ainsi que sous le nom de French Squadron, le capitaine Bergé et ses hommes furent intégrés au Spécial Air Service.

Leur adaptation aux combats dans le désert demanda quelques semaines, et dès le mois de mars 1942, ils participèrent aux côtés de leurs camarades britanniques aux missions réalisées en profondeur derrière les lignes pour, en priorité, attaquer au sol les avions de la Luftwaffe. Ne pouvant pas m'étendre sur les exploits ainsi réalisés je n'en citerai que deux, très symboliques.

Le 6 juin 1942, Bergé fraîchement nommé commandant, avec trois de ses hommes : Mouhot, Loestic et Sibard, le capitaine Lord Jellicoë et le lieutenant crétois Petrakis sont débarqués en Crète d'un sous-marin. Dans la nuit du 13 au 14 ils attaqueront l'aérodrome d'Héraklion détruisant 21 avions, les dépôts de bombes et de carburant. Dans la traque qui suivra, Loestic sera tué. Il avait 17 ans.

En juillet, David Stirling « le Major fantôme » ainsi maintenant appelé par les Allemands, inaugure une nouvelle forme de combat. Il a armé des jeeps de mitrailleuses lourdes d'aviation Browning et de vickers jumelées. Groupées elles ont une puissance de feu considérable. Passant par les oasis du Sud, voyageant aux instruments, comme sur mer, pour traverser les immenses zones désertiques de Tripolitaine, il remonte avec son armada vers le Nord où sont situés ses objectifs.

Opérant ainsi, le 27 juillet, à une heure du matin 18 jeeps, soit 54 mitrailleuses pénétrent sur l'aérodrome de Sidi Hanneisch. Trois ont des équipages français. Balayant tout sur leur passage, elles remontent lentement la piste d'atterrissage, mitraillant les avions de combat rangés de part et d'autre. Arrivé au bout du terrain Stirling debout sur la jeep de tête compte vingt-cinq appareils qui flambent hachés par des balles explosives et incendiaires. D'autres étaient sûrement très touchés mais « pour ne pas avoir de remords » comme il le confiera à son navigateur, il valait mieux refaire un passage en sens inverse. Lorsque l'armada qui n'avait perdu qu'une voiture dans cette attaque éclair quitta les lieux, le travail avait été parachevé.

La traque qui suivit fut féroce. Ne pouvant rouler dans le sable à cause des traces, les jeeps devaient emprunter le lit plein de rochers des oueds à sec.

C'est là que André Zirnheld qui commandait l'une des voitures françaises sera tué le corps criblé des balles d'un Stuka.

A la nuit ses camarades, avec des pierres, feront pour son corps un petit mau solée afin qu'il soit à l'abri des chacals. Dans ses papiers ramenés on découvrit plus tard une bouleversante prière qu'aujourd'hui tous les paras récitent : « Donnez-moi mon Dieu la force et le courage. »
Ces jeeps avant et après l'offensive victorieuse de El-Alamein navigueront sur les arrières ennemis, attaquant sans relâche et provoquant une telle insécurité, qu'un ordre secret signé du Fürher envoyé à ses Généraux le 18 octobre 1942 ordonnait :

« Ces hommes sont dangereux, il faut les abattre. Je rendrai responsable devant le Conseil de guerre tous les commandants d'unités qui n'exécuteront pas cet ordre. »

Rommel ne l'exécuta jamais mais plus tard en France et en Hollande il sera largement appliqué.

En mai 1943, l'Afrika Korps capitulait en Tunisie. Si un autre French Squadron fut créé sous le commandement du lieutenant de Sablé, plus tard tué en Hollande, pour, aux côtés des Britanniques du 1er SAS, effectuer des missions en Italie, les rescapés des batailles de Libye furent ramenés en Grande- Bretagne.

Autour d'eux de nouveaux volontaires évadés de France par l'Espagne ou venus d'Afrique du Nord vont permettre, de créer le 3e et le 4e régiment qui, avec les 1er et 2e Britanniques, vont former la brigade du Spécial Air Service sous les ordres du général Macleod.

Au printemps de 1944 tous étaient fin prêts, parfaitement préparés et motivés dans l'attente du jour « J ». Fin mai ils se retrouvèrent dans un camp secret entouré de barbelés dont ils avaient interdiction de sortir.

Début juin le colonel Bourgoin qui commandait le 4e SAS et son adjoint Puech-San- son étaient informés de ce que l'on attendait d'eux.

Overlord l'opération du débarquement aurait lieu en Normandie et une mission stratégique était confiée aux SAS français. Son énoncé était très clair : coûte que coûte, empêcher les forces allemandes situées en Bretagne d'aller renforcer les défenses ennemies qui s'opposeront au débarquement. Cette unité serait donc, de fait, la première engagée dans la bataille de la Libération.

Les parachutistes de la France libre trois ans après leurs premières missions en France, allaient donc retrouver leur pays les armes à la main.

Pour cette mission il fut décidé que les premiers éléments seraient parachutés dans la nuit précédant le jour J afin d'opérer des destructions d'une part et de créer, d'autre part, deux bases permettant l'arrivée progressive du reste de l'effectif.

L'une Samwest, située dans la forêt de Duhaut, serait confiée aux sticks des lieutenants Botella et Deschamps. L'autre Dingson dans la forêt de Saint Marcel serait attribuée aux
lieutenants Deplante et Marienne. A J+2 dix-huit sticks parachutés chacun dans une zone différente, effectue raient des missions de destructions précises. C'est dans ce cadre que l'un d'eux commandé par Michel de Camaret et Denis Cochin fera sauter un train dans le tunnel de la Corbinière immobilisant pour longtemps toute circulation sur l'une des lignes principales de chemin de fer.

Au cours d'un brieffing il fut précisé que la très active résistance bretonne ayant été en partie décimée par la Gestapo, ses possibilités d'aide étaient mal connues. Les parachutages se feraient donc blind c'est-à-dire secrètement, sans accueil au sol. Seule indication il y avait près de Saint-Marcel un terrain « accrédité » et sans doute des éléments de maquis mais impossibles à évaluer ni en quantité, ni en valeur.

Le 5 juin, un peu avant minuit, les quatre sticks étaient largués en théorie sur des dropping zones faciles à identifier de nuit par les pilotes. En réalité les écarts furent grands approchant parfois vingt kilomètres.

Pour le stick de Marienne ce fut le drame.

Son avion tourna longtemps en rond à l'altitude de larguage soit deux cents mètres, à la recherche des points de repères. Le pilote donna l'ordre de saut en espérant qu'il ne s'était pas trop trompé.

En fait il se trouvait exactement au-dessus du principal poste d'observation allemand de la région, sur les hauteurs de Plumelec. Les guetteurs alertés depuis longtemps par le bruit des moteurs, virent les corolles des parachutes s'ouvrir à quelques centaines de mètres d'eux.

Au moment du saut un espace avait dû se produire car, au sol, un groupe de quatre hommes se retrouva très séparé des autres. Parmi eux Emile Bouétard.

Ils se préparaient à enterrer leurs parachutes, impatients d'avoir des réponses aux imitations de cris d'oiseaux qu'à intervalles réguliers, grâce à des sifflets, ils lançaient dans la nuit pour retrouver les autres éléments du stick.

Pour eux la surprise fut totale. Bouétard un peu à l'écart, finissant de décrocher un parachute difficile à dégager des branches d'un arbre, était le plus proche de la patrouille allemande brusquement surgie. Il fut immédiatement abattu. Ses trois camarades maniaient la pelle ; leurs armes étaient à quelques pas d'eux. Il n'y eut pas de combat. Tué vingt minutes après avoir retrouvé sa Bretagne natale, Emile Bouétard était le premier mort de Overlord, la fantastique bataille pour la libération de notre pays qui serait déclenchée à l'aube.

A deux cents mètres de là, Marienne entendant la rafale d'arme automatique, se demandait comment leur venue avait pu être ainsi détectée. Ignorant tout des poursui vants, et subitement conscient du danger immédiat qu'il courrait avec le reste de son stick, il décida de partir aussitôt dans la direction opposée à celle des tirs entendus. Il mit deux nuits pour rejoindre à Saint-Marcel Desplante dont l'effectif était au complet.

Ils vont rapidement découvrir que les renseignements donnés au départ, n'étaient pas fiables. Près du terrain homologué depuis longtemps pour des parachutages et portant le nom de code « Baleine » il y avait des éléments de valeur du maquis, sous la responsa bilité d'un homme de grande qualité, le colonel Morice.

Les choses évoluèrent alors très vite.

La nouvelle du Débarquement et celle de l'annonce de l'arrivée de parachutistes français qui se propagea à travers la lande telle une traînée de poudre, provoquèrent la venue à Saint-Marcel de groupes parfois bien hiérarchisés mais aussi d'une masse d'incontrôlés qui spontanément quittèrent tout pour venir se battre.

L'ampleur de cet afflux posa rapidement problème à Dingson car cette donnée imprévue ne pouvait que modifier les plans d'action mis au point par les SAS à leur départ.

La question ne se posa pas dans les mêmes termes à Samwest, dans la forêt de Duhaut, où sans trop de difficulté les sticks de Des champs et Botella avaient été droppés. Les premières destructions effectuées, ils découvrirent de petits éléments de maquis, réfugiés dans la forêt qui pouvaient d'une part les aider à organiser la base et d'autre part, leur donner d'utiles informations, sur les objectifs à détruire ou attaquer. Confiants ils avaient donné le feu vert pour la réception des premiers renforts et dans la nuit suivante trois nouveaux les avaient rejoints avec le capitaine Leblond à leur tête.

Leur implantation à peine amorcée, ce rassemblement qui n'avait pourtant rien de comparable à celui du Morbihan, avait été très vite détecté par les services de renseigne ment de l'ennemi.

Le 9 juin les Allemands attaquaient en force.

En fin de journée, après un combat inégal, les sticks se dispersèrent emmenant leurs blessés dont certains, comme Botella, très grièvement. Quatre des leurs, blessés avaient été jetés dans le brasier de la ferme que les Allemands avaient incendiée. L'ennemi avait subi des pertes sévères mais Samwest n'avait pas eu le temps de s'organiser.

Le message annonçant cette nouvelle arriva au Quartier général des SAS alors que le commandement commençait à accepter l'idée d'un changement tactique pour la suite de l'exécution de la mission de Bretagne. Les informations de Déplanté enthousiastes et de Marienne beaucoup plus réservées engageaient à utiliser tous ces volontaires convergeant sur Saint-Marcel, pour constituer des groupes bien armés pouvant réaliser des actions de force aboutissant à créer l'insécurité dans toute la région ce qui correspondait bien à l'un des objectifs de la mission.

La perte de Samwest relança les discussions sur le sujet. Tous admirent qu'il n'était pas possible de laisser se développer en un lieu précis un tel rassemblement. Si la Wehrmacht le décidait, avec ses moyens, artillerie et blindés compris, elle pouvait faire un carnage.

Sans adopter de décision définitive il fut admis que la dispersion devant s'effectuer rapidement, dans les prochains jours il faudrait parachuter un maximum d'armes, de matériels et de renforts en utilisant « baleine » la dropping zone de proximité.

Les divergences persistèrent concernant le délai. Ceux qui, à l'Etat-major, préconisaient l'abandon rapide de Dingson, estimaient que si les Allemands avaient attaqué si vite Samwest ce n'était pas pour permettre à la base de Saint-Marcel de se maintenir en plein coeur de leur dispositif.

Ne pouvant ignorer l'agitation grandis sante dans la région et les dizaines d'avions qui, chaque nuit, sur un terrain éclairé larguaient des hommes et des centaines de containers (700 en une seule nuit le 13 juin, lâchés par vingt-cinq avions) une intervention se préparait peut-être déjà.

Le mystère n'a jamais été levé concernant cette inertie favorisant Dingson alors qu'il y avait eu rapidité et puissance pour attaquer Samwest. On a souvent mis en avant un cer tain cloisonnement entre les différents commandements ennemis de la région sans que cela ait jamais pu être vérifié.

Profitant de cette situation, pendant une semaine ce fut, de nuit et même parfois de jour, une véritable noria d'avions lourdement chargés.

Bourgoin, suspendu à un parachute tricolore, y fut largué avec son adjoint Puech-Sanson et 150 de ses hommes, avait ordre d'apprécier la situation, de rendre compte et d'une part proposer les meilleurs moyens de poursuivre la mission en utilisant les nouvelles forces créées sur place, d'autre part éviter impérativement un affrontement direct avec l'ennemi, lourd de conséquence et donc prévoir une évacuation de Dingson avant l'intervention prévisible des Allemands.

« Dans quatre, cinq, six jours au grand maximum, nous devrons nous être évanouis dans la nature avec des secteurs d'interventions précis pour chaque groupe » décida Bourgoin peu après son arrivée.

Deux événements vont réduire ce délai et totalement modifier les conditions prévues pour le retrait.

Le 16 juin, 120 containers sont largués par erreur sur la gare proche de Roc-Saint-André où un contingent allemand campe dans l'attente d'un train sans cesse retardé.

Le 17, deux voitures allemandes s'égarent dans la nuit et par une petite route, s'engagent dans le bois de Saint-Marcel. Elles sont stoppées et mitraillées au premier poste de garde mais l'un des occupants parvient quand même à s'enfuir dans la nuit. Son rapport va sans doute, accélérer plutôt que provoquer la décision d'intervenir de l'ennemi.

Le 18 tôt le matin, anniversaire de l'Appel du général de Gaulle, la base de Saint-Marcel dans un semi encerclement est attaquée simultanément de plusieurs directions, par une unité de la division de parachutistes allemands Krets et par des commandos de chasse appuyés par des mortiers et une artillerie légère. Bourgoin n'aura pas l'initiative de l'évacuation qu'il espérait. Il n'y avait plus qu'une seule solution, tenir toute la journée pour, en profitant ensuite de la nuit, déclencher un départ général, le plus en ordre possible.

La bataille sera dure, meurtrière.

Les SAS se sont répartis en quelques points vulnérables, entourés de jeunes maquisards qui vont connaître le baptême du feu, mais qui se battront avec un courage remarquable. On ne dira jamais assez combien les hommes de Caro, de Le Garrec, ceux du bataillon de Ploërmel vont dans ce combat contre des professionnels aguerris, étonner par leur sang froid, par leur fermeté face au danger. Ils furent tout au long de cette bataille formidables.

L'ennemi dans ses premières attaques a subi de lourdes pertes qui l'ont obligé à se replier et attendre le renfort d'une unité d'infanterie. En début d'après-midi aidés par des tirs de mortiers lourds contre lesquels les assiégés ne peuvent rien car ils n'ont que des armes légères pour la riposte, une percée des Allemands menace de couper la base en deux.

Bourgoin et Puech qui ont bien mesuré les risques de cette offensive difficile à contenir sans artillerie sont en contact avec Londres et une intervention aérienne. Des avions patrouillent, qui pourront attaquer à l'heure dite des objectifs précis. A 16 h alors que l'ennemi progresse dangereusement, les chasseurs bombardiers font leur apparition, créant la surprise et obligeant à un repli massif et désordonné les unités qui menaçaient si dangereusement Dingson.

Marienne profitant du désarroi chez l'assaillant se lança alors dans une contre- attaque aussi téméraire que le personnage qui eut pour effet de bousculer les positions conquises par l'ennemi depuis le matin, en lui infligeant de lourdes pertes et en le rame nant près de ses bases de départ.

L'offensive allemande ne pouvait reprendre qu'après une réorganisation de ses effectifs et heureusement pour Dingson, la nuit approchait. Le formidable orage qui s'abattit sur toute la région en début de soi rée fut le bienvenu et favorisa l'opération d'évacuation immédiatement engagée.

L'ennemi n'avait jamais réussi l'encercle ment qui était son but et qui aurait été pour les SAS et les maquisards pilonnés alors par l'artillerie, une véritable tragédie.

Dans la nuit sous une pluie diluvienne, les hommes et le principal des armes et du matériel se dispersèrent dans les directions prévues. A deux heures du matin, Puech-Samson malgré ses blessures et Marienne lui aussi blessé, assurant sa couverture avec ses hommes et un groupe du maquis, firent sauter les réserves non transportables, avant de disparaître.

La bataille de Saint-Marcel était terminée. Elle fut le symbole de la lutte menée au coude à coude en Bretagne par les Paras de la France libre et les hommes des maquis. Elle fut une victoire car l'ennemi ne réussit pas à anéantir ce rassemblement de la jeunesse résistante bretonne dont seul le courage avait pu suppléer à son manque d'expérience du feu, encadrée par des paras SAS qui n'étaient pas préparés à ce type de combat.

Les pertes allemandes furent très élevées. Plusieurs centaines de morts.

Maquisards et SAS perdirent près de soixante d'entre eux.

On était le 18 juin, cela faisait 12 jours que la bataille faisait rage en Normandie et les forces ennemies n'avaient pas pu quitter la Bretagne où le combat va se poursuivre pendant des semaines, meurtrier mais victorieux parce que les unités allemandes station nées en Bretagne ne pourront pas venir renforcer les défenses ennemies de Normandie.

Marienne héros de Saint-Marcel dont la légende est devenue telle que sa tête a été mise à prix par la Gestapo, avec le stick qu'il a reconstitué et un groupe de maquisards commandés par le fidèle Morizur qui ne le quitte plus depuis qu'il lui a servi de guide pour rejoindre Saint-Marcel, Marienne frappe et se dérobe, changeant constamment de halte. Il faudra un dramatique concours de circonstance et beaucoup de félonie pour l'abattre.

Londres parachute le 3 juillet, le lieutenant Gray avec un stick et des moyens radios. Mal droppé, séparé de son groupe, une patrouille allemande le capture alors qu'il n'avait pas encore réussi à s'orienter et s'approchait d'un bourg pour tenter de l'identifier, ignorant que l'ennemi y était installé en force.

Il est immédiatement pris en charge par une Gestapo très agressive menée hélas, par Zeller un ancien capitaine de vaisseau français. Ce dernier fait déshabiller Gray et l'exé cute. Son adjoint Munoz également français va alors parcourir la lande en uniforme SAS et, papiers à l'appui, se faire passer pour Gray. C'est ainsi que les Bretons dupés, vont tout faire pour lui permettre de retrouver Marienne.

Deux fois ils arriveront trop tard car par prudence ce dernier change constamment de halte. La troisième, le 12 juillet les renseignements sont bons. La veille Marienne a été rejoint par le lieutenant Martin ancien héros de Libye, rescapé de Samwest, accompagné d'une partie de son stick. Ils vont passer une bonne partie de la nuit à évoquer des souvenirs et faire des plans pour les jours qui viennent.

Avant le lever du jour la Gestapo et un contingent allemand sont précédés par une traction avant. A son bord le faux lieutenant Gray qui abuse facilement la sentinelle FFI. Celle-ci, avant de comprendre pourquoi elle est poignardée, indique sans méfiance le lieu où dort Marienne, ses hommes et le groupe FFI qui l'accompagne.

La ferme est encerclée. Les SAS sont réveillés à coups de bottes pour apercevoir des mitraillettes pointées sur eux. Rassemblés dans la cour, paras et FFI seront allongés sur le sol et c'est dans cette position que les armes automatiques les exécuteront. Un seul, le sergent Judet, s'apercevra incrédule, alors que chargeurs vidés les Allemands exultent, qu'il n'a pas été atteint. D'un bond, courant comme un fou il atteint la lisière proche du bois avant que l'ennemi ait pu réagir. Huit mois plus tard parachuté en Hollande et capturé, il sera fusillé.

Fin juillet une compagnie du 3e SAS sous les ordres du commandant Sicaud et du lieu tenant Tupet Thomet sera droppée dans le Finistère pour favoriser l'avance d'une division mécanisée américaine qui prévoyait de déboucher du Cotentin pour foncer sur Brest. Le lieutenant Quelen empêchera les Allemands de faire sauter le viaduc de Morlaix, pendant que Tupet Thomé aidé d'un groupe de maquisards occupera Landerneau par surprise et tiendra la ville plusieurs heures.

Les combats livrés en Bretagne avaient débuté dans la nuit du 5 au 6 juin. Ils durèrent deux mois, livrés au coude à coude avec la Résistance bretonne.

Sur 430 paras engagés dans cette opération, soixante-dix-sept seront tués, dont le tiers exécutés parfois après tortures ou achevés alors qu'ils étaient blessés, 192 blessés ou disparus.

Pour ces actions d'éclat le drapeau des SAS sera décoré de la croix de la Libération le 4 novembre 1944 par le général de Gaulle à l'Arc de Triomphe.

C'est de l'autre côté du pays dans le Lyonnais et la Bourgogne que les SAS, de façon différente qu'en Bretagne vont également se battre avec les hommes des maquis.

Déjà début août pour préparer le débarquement prévu dans le Midi, des sticks du 3e SAS commandé par Chateau Jobert dit « Conan » ont été parachutés à proximité des nationales 6 et 7, cibles privilégiées avec la voie ferrée qui descend sur le Sud.

Contrairement à ce qui s'est passé en Bretagne, les renseignements concernant les forces de la Résistance dans la région sont parfaitement fiables, car sur place, les commandants militaires désignés par le général de Gaulle pour ces départements sont deux hommes extraordinaires ayant organisé des maquis solides et bien entraînés.

L'un Mary Basset règne dans le Lyonnais. L'autre André Jarrot appelé « Goujon » a déjà, clandestinement, fait plusieurs fois le voyage en Angleterre. Les SAS le connaissent bien, car des réunions avec les chefs de stick ont été organisées pour lui permettre de donner des informations sur les maquis qu'il commande, et étudier ensemble les meilleures façons de les utiliser avec efficacité, le jour venu.

André Jarrot est l'extraordinaire exemple d'un homme que les circonstances vont révéler. Un courage exemplaire, un grand talent d'organisateur, un sens aigu des responsabilités et un meneur d'hommes hors pair. A Londres il s'est lié d'amitié avec Guy de Combaud Roquebrune.

Entre ces deux hommes que bien des choses pourraient séparer un lien qui est celui des hommes de qualité, un lien cimenté par un patriotisme exigeant va se nouer entre eux. L'aristocrate obligé de fuir la Gestapo en quittant son foyer et ses 6 enfants pour rejoindre Londres mais qui refuse de hautes responsabilités diplomatiques pour choisir l'arme la plus exposée car il suppose que c'est celle qui, la première, sera engagée le jour de la reconquête et l'ancien garagiste, champion de France de moto, remarquable autodidacte devenant chef de guerre dans l'action clandestine il y a cette extraordinaire rencontre que seuls provoquent les grands brassages d'individualités des guerres et ces révélations d'individus que les circonstances exceptionnelles et dramatiques favorisent.

A Londres Guy de Combaud utilisant ses relations françaises (il était le beau-frère de François de Menthon) ou britanniques, a influencé de façon déterminante le haut com mandement au moment de son choix des unités devant être engagées dans et les missions qui suivront.

Les sticks du 3e SAS parallèlement aux missions du 4e SAS en Bretagne seront ainsi parachutés dans de nombreuses régions pour effectuer des destructions et semer le désordre dans le Maine-et-Loire et la Vendée avec le capitaine Fournier, dans la Vienne avec le capitaine Simon, en Corrèze avec le capitaine Wauthier et surtout en Saône-et-Loire avec le commandant Conan et d'importants effectifs en prévision du Débarquement du Sud qui se prépare. Partout les paras du général de Gaulle seront épaulés par les hommes des maquis. Partout ils partageront avec eux les succès, les revers, les sacrifices.

C'est ainsi qu'en Bourgogne les sticks de Colcombet et les hommes de Jarrot tendront à l'ennemi les embuscades les plus meurtrières de la guerre dans des opérations typi quement SAS. Les bazookas postés parfois à moins de cinquante mètres de la route dans des taillis, stoppaient les convois qui étaient ensuite hachés par les tirs d'une concentra tion de fusils mitrailleurs.

Rouan et Porot de leur côté avec leurs hommes et l'appui d'un remarquable maquis commandé par l'intrépide Robert Jeandet réussirent près de Blanzy à hauteur du pont de Galuzot un des exploits les plus marquants : celui de la prise d'un train blindé après une assez extraordinaire alternance de bluff et de manoeuvres d'intimidation réussissant à faire croire à l'ennemi qu'il n'y a pas une vingtaine de paras en uniforme prêts à l'attaquer, mais l'avant-garde d'une division aéroportée.

Alors que les SAS et les hommes de Jarrot ici, ceux de Marry Basset ailleurs, se battant ensemble de façon exemplaire, ont déjà rem porté de spectaculaires succès, Londres avise Conan de l'arrivée prochaine de renforts sous forme de jeeps armées.

Certes avant son départ en opération Hilaire Colcombet savait bien que son ami Guy de Combaud qui, parallèlement à son action disons diplomatique, avait reçu le commandement d'une unité de jeeps supérieurement armées pour renouer avec la tradition de cette forme de combat qui s'était illustrée en Libye et Tunisie mais les pro blèmes posés par leur parachutage n'étaient pas résolus. Toute la question était là. Com ment les faire parvenir aux sticks en opération pour renforcer leurs moyens ?

Le capitaine Guy de Combaud va opter pour une solution assez extraordinaire, paraissant folle. Début août, les coups de boutoir des Alliés recommençant à faire bouger le front, il propose de profiter d'une attaque de blindés américains qui doit avoir lieu au sud d'Avranches pour s'infiltrer avec ses jeeps derrière les lignes ennemies et ensuite, en utilisant le tout terrain ou les chemins de campagne, traverser cette partie de la France occupée pour rejoindre ses camarades en Bourgogne. Ni plus, ni moins.

C'est ainsi qu'après avoir parfois croisé des convois ennemis sur des routes secondaires et n'avoir eu qu'un tué et un blessé dans ce parcours aussi insolite qu'audacieux, au cours duquel le plus difficile sera le passage des rivières et des fleuves sur les ponts gardés, une nuit, près de Cluny, Jarrot et Colcombet avisés par Londres, retrouvaient à leur grand étonnement leur ami Guy de Combaud à la tête de quatre jeeps. Les autres avaient pris des directions différentes pour appuyer les actions des SAS en d'autres secteurs.

La participation dès le surlendemain des jeeps à une embuscade sur la nationale 7 au sud de Mâcon eut un effet foudroyant. La tête et la queue d'un fort convoi furent bloqués par des tirs précis de bazookas placés à la corne d'un bois qui surplombait la route à cinquante mètres de distance. Les fusils mitrailleurs Brengun entrèrent alors en action et subitement quatre jeeps après avoir lancé une fusée pour faire cesser le tir des SAS et des maquisards, débouchèrent dans le dos de l'ennemi avec leur puissance de feu cumulée de 12 mitrailleuses à tir rapide. A leur départ le convoi était anéanti.

« Du cousu main » fut la conclusion de Combaud.

Fin août, Londres fit parvenir un message qui ordonnait de s'attaquer non plus aux convois qui descendaient, devenus d'ailleurs de plus en plus rares, mais seulement à ceux qui remontaient car les Allemands préparaient une ligne de défense près de Dijon.

Le 2 septembre au soir, Jarrot qui avait des informateurs partout apprend que le maire de Sennecey-le-Grand, gros bourg sur la nationale 7, a été sommé par la Kommandatur, de préparer un important ravitaillement en vivres pour un millier d'hommes qui seront regroupés dans sa petite ville avant d'être embarqués et dirigés vers le Nord. Dans une réunion tenue avec Jarrot, Conan, de Combaud, Colcombet et plusieurs chefs de sticks, le principe de l'attaque de ce convoi est décidé.

Il y a une difficulté, les SAS sont très au sud de Mâcon et les maquis aux environs de Cluny, donc tous très éloignés. Prévoir une attaque combinée ne sera pas aisée. Guy de Combaud avec ses jeeps peut seul être sur les lieux à temps. Il n'hésite pas et étudie la meilleure façon de réussir l'opération avec ou sans soutien.

Son succès va dépendre d'abord d'une information. Savoir où se formera le convoi et à quelle heure les camions chargés de leurs occupants démarreront. Le maire fait savoir qu'il a ordre de dégager complètement la grande rue et de livrer les vivres à six heures précises. Le départ devant avoir lieu une heure après.

« S'ils sont à l'heure, ce sera leur dernière » commenta Guy de Combaud.

Tous furent exacts. Les quatre jeeps arrivèrent par le sud. Elles abordèrent le village par une petite rue gardée par des mitrailleurs qui déjà démontaient leur arme. Ahuris, ils virent les quatre voitures passer en trombe sans s'occuper d'eux. Un instant après elles débouchaient sur la grande rue, à quelques mètres de la queue du convoi.

Tirant de toutes leurs armes, lançant des gommons bombs faites avec du plastic bourré de ferrailles, les quatre jeeps, Guy de Combaud à leur tête, remontèrent le convoi en hachant et incendiant littéralement à bout portant chaque camion dont les occupants n'eurent jamais le temps de savoir d'où venait cet enfer qui s'abattait sur eux.

En bout de village il y avait une ruelle qui menait après avoir traversé une place à une petite route choisie comme voie de dégagement sur les indications de Jarrot. Hélas des camions imprévus y arrivaient, bouchant le passage. Les jeeps firent demi- tour. Elles furent tour à tour anéanties. Une seule par miracle put s'échapper pour échouer près du cimetière. Les habitants voisins réussirent à en extraire les blessés et les faire disparaître.

On ne sut jamais exactement les pertes allemandes ce jour-là, évaluées de toute façon à plusieurs centaines.

C'est en souvenir de ce raid héroïque, que les SAS français et britanniques ont érigé à Sennecey-le-Grand leur Mémorial dédié à tous ceux qui, sur tous les front sont morts en mission.

Ces quelques faits trop souvent méconnus montrent qu'en France dans toutes les régions les SAS ont livré leurs combats avec le soutien et la participation courageuse des forces de l'intérieur.

Je n'ai pas pu aborder dans cet exposé les missions effectuées par les Britanniques, mais comme nous, ils bénéficièrent partout de l'appui total des maquis et des résistants. Comme nous, ils ont mené leurs combats au coude à coude avec eux. Je citerai par exemple les hommes du Major Fraser (un héros de Libye) dans le Morvan avec une centaine de ses hommes ou ceux du Major Franck dans les Vosges. Au cours de ces opérations quarante- sept d'entre eux seront fusillés et l'ensemble de leurs pertes à l'échelle des nôtres.

Les unités du Spécial Air Service, qui avaient pour devise « Qui ose gagne » sont donc bien les seules à s'être battues sur tout le territoire pour la Libération de notre pays, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest ensemble avec les forces de l'intérieur, partageant avec elles les victoires et les sacrifices.

Pour les paras de la France libre du Spécial Air Service la bataille ne se terminera qu'en Hollande où ils seront parachutés début avril 1945.

Dernières victoires, derniers sacrifices.

En trois ans et demi de combats sur tous les fronts leur drapeau sera le plus décoré de la guerre, recevant la croix de Compagnon de la Libération, la Légion d'honneur, la croix de guerre avec sept palmes, l'US bronze star, le lion de bronze hollandais.

Le général de Gaulle les citera ainsi :

« Pour les parachutistes, la guerre ce fut le danger, l'audace, l'isolement.
Entre tous, les plus exposés, les plus audacieux, les plus solitaires, ont été ceux de la France libre.
Coups de main en Crète, en Libye, en France occupée ; combats de la libération en Bretagne, dans le Centre, dans l'Ardenne ; avant-garde jetée du haut des airs dans la grande bataille du Rhin ; voilà ce qu'ils ont fait, jouant toujours le tout pour le tout, entièrement livrés à eux-mêmes, au milieu des lignes ennemies. Voilà où ils perdirent leurs morts et récoltèrent leur gloire.

Le but fut atteint, la victoire remportée.

Maintenant ils peuvent regarder le ciel sans pâlir et la terre sans rougir ».

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