Sujet: Max, commando marine . Ven Avr 11 2014, 19:01
Max, commando marine
Quand on lui pose la question, Max dit qu’il « travaille pour la défense ».
Marin, parachutiste et tireur d’élite, il s’entraîne « au pire », en permanence.
En fait, son corps, c’est son outil de travail.
Max (le prénom a été changé) est entraîné pour sauter en parachute en pleine nuit, palmes au pied, barda encordé et fusil d’assaut en bandoulière.
Puis à rester plusieurs heures sous l’eau, avant de débarquer et d’entamer une incursion nocturne de 50 km en « zone hostile ».
Son corps est son outil de travail, qu’il passe beaucoup d’heures à muscler et endurcir avant de le mettre à l’épreuve sur le terrain.
Le jeune homme est commando marine depuis près de dix ans.
Ils sont seulement 450 à exercer ce métier en France, sous la direction du commandement des opérations spéciales (COS).
Ces hommes sont l’équivalent français des Navy Seals – les soldats d’élite américains qui ont éliminé Oussama Ben Laden le 2 mai 2011 au Pakistan.
Max est multi-qualifié : en tant que marin, il dispose du permis hauturier, mais il est aussi parachutiste, tireur d’élite, spécialiste de la démolition et secouriste.
« Les commandos marine sont le fer de lance des forces spéciales. Nous sommes les seuls à pouvoir évoluer dans les trois milieux : terre, air, mer. »
Documentaire sur les forces spéciales du COS (première partie)
Soumis au secret, Max témoigne sous anonymat et évite de donner des précisions sur ses missions.
Rares sont les commandos qui se dévoilent – ce fut cependant le cas de Marius, ancien instructeur.
« On n’est pas des Rambos »
Dans le civil, Max adopte une totale discrétion :
« Quand on me demande, je dis que je travaille pour la Défense. Si la personne connaît le secteur, je parle des fusiliers marins. Mais de toute façon, commando marine, ça n’évoque rien en général. »
Il dit qu’il reste discret pour ses proches, pour éviter d’éventuelles représailles :
« Et puis, notre travail n’est pas destiné à être connu. »
Un béret commando marine
« On n’est pas des Rambos », lance-t-il. « Ni des cinglés de la gâchette, ni des têtes brûlées. On est tout ce qu’il y a de plus posé. »
Attention à ne pas les confondre avec les légionnaires : leur béret, d’un vert un peu plus foncé, porte le badge à gauche, héritage du commando Kieffer.
La prise de Gao, c’était eux
Secrètes mais pas clandestines, les missions des forces spéciales finissent souvent par être révélées.
Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye, aujourd’hui Mali et Centrafrique... Officiellement, les forces spéciales sont présentes où la France est engagée. Ils sont très souvent en première ligne.
Au Mali par exemple : la prise de Gao et de son aéroport, c’était eux. Les parties de cache-cache dans le massif de l’Adrar des Ifoghas avec les jihadistes, c’était eux. Objectif de ces missions : reprendre rapidement et efficacement certains points stratégiques, pour ouvrir le « théâtre d’opération » à l’armée dite conventionnelle.
Le métier de Max est surtout centré sur le milieu marin. Il va du renseignement à la destruction à distance, en passant par la protection de bateaux de pêche, le narcotrafic ou la « récupération de cibles » (leaders jihadites, chefs de guerre, etc.).
Le contre-terrorisme libération d’otages (CTLO) fait également partie des prérogatives de ces unités.
Le Ponant et le Carré d’As en 2008, le Tanit en 2009 : trois voiliers, trois missions conduites par les commandos marine. « Des opérations très médiatisées, mais qui représentent en fait 5% de notre boulot », explique Max.
Des « réflexes qui ne pardonnent pas »
Le 10 avril 2009, à bord du Tanit, le skipper français Florent Lemaçon est abattu d’une balle dans la tête, lors du « feu vert assaut » ordonné par Paris aux soldats français. L’enquête établira que « le tir était bien d’origine militaire ».
Des commandos marine à l’entraînement dans une embarcation de type Etraco
« Une mission est réussie quand pas un coup de feu n’a été tiré », atteste Max. C’est le cas des missions dites « conformes » :
« Nos opérations sont répétées des centaines de fois ; elles sont préparées au millimètre et à la seconde. On passe notre vie à s’entraîner. Sauf que le risque zéro ne peut pas exister. Il y a des réflexes qui ne pardonnent pas. »
Du coup, il y a aussi les « cas non-conformes, comme la réaction imprévisible d’un otage, pouvant entraîner un dommage collatéral ». Des cas rarissimes pour ces unités d’élite. Max les regrette, mais trouve que l’on oublie aussi un peu trop vite « toutes les missions réussies ».
« S’engager sous les drapeaux, c’est fini »
De sa famille, Max est le seul en uniforme. Une voie qui s’est dessinée au lycée :
« Je voulais faire un métier hors du commun, avec de l’action pour éviter l’ennui. J’ai vite pensé à l’armée. J’ai été pris à l’école des sous-officiers de Saint-Maixent (Ensoa). Mais je voulais surtout faire partie de l’élite. »
Le goût de l’aventure l’a poussé à rentrer dans le rang. Bien plus que le patriotisme, valeur un peu surannée selon lui :
« Bien sûr qu’on aime notre pays. Mais le coup de s’engager sous les drapeaux, tout ça, c’est fini. Au contraire, si tu dis ça à un recruteur, il te prend pour un illuminé. »
Au lycée, Max était déjà très sportif. Sur la piste d’athlé, il avait toujours deux longueurs d’avance. Une année plus tard, ses épaules avaient doublé en largeur, ses bras en volume, le torse bombait naturellement, et son visage était devenu nettement plus carré. La voix, enfin, semblait avoir mué une seconde fois. En somme, une petite métamorphose.
« Avec les 3 F, tôt ou tard, tu craques »
Entre temps, il y a eu l’Ecole des fusiliers marins de Lorient, à l’issue de laquelle Max se présente aux évaluations : deux semaines intensives aux côtés de 110 candidats. Seuls quatorze d’entre eux sortiront du lot... Pour accéder au stage commando (Stac), d’une durée de neuf semaines – dont deux de parachutisme :
« A ce moment, tu penses avoir un bon niveau de base. En fait, il y a en gouffre entre le Stac et l’intégration en unité, où tu exploses les performances. »
A ce stade, le corps des peut-être futurs commandos – 18 ou 20 ans –, est déjà largement éprouvé.
Parmi les épreuves, deux d’entre elles sont plus redoutées que les autres :
• La cuve :
Aller chercher un mannequin situé à 4m de profondeur, en apnée, dans une eau glauque à 7 ou 8 degrès.
Max :
« C’est techniquement facile, mais avec le froid, le manque de visibilité et le stress de l’épreuve, ça devient plutôt psychologique. »
• Le coxage :
« Une situation de stress. On nous “enlève” durant la nuit pour nous séquestrer et nous soumettre à des questions. »
Les prisonniers doivent ensuite s’évader par un parcours semé d’embûches en temps chronométré. « Le but est de simuler au plus près du réel ce qui pourrait arriver si on était capturé par l’ennemi. C’est un moment marquant du stage. L’important, c’est de ne pas se blesser et de respecter la procédure. »
Et de ne pas succomber aux « trois F » : la fatigue, la faim, le froid. « Trois leviers pour te faire craquer, tôt ou tard », se souvient Max.
« Les pieds plats, ce n’est pas éliminatoire »
Pour beaucoup, pas besoin d’en arriver là pour se voir recaler à jamais. La simple visite médicale a brisé plus d’un rêve. Le Sigycop est un sigle fatidique pour ce corps d’élites :
S : membres supérieurs
I : membres inférieurs
G : Général
Y : yeux
C : chromatisme
O : oreille
P : psychologie
Les commandos appartienne au seul corps qui requiert la note maximale de 1 partout, sauf pour « Général » où le 2 est toléré, et à « Psychologie », la perfection dans le domaine n’existant pas.
« On a tous nos petits défauts physiques. Les pieds plats, ce n’est pas éliminatoire ! Par contre, une colonne vertébrale pas parfaitement alignée... Il y a deux cases, “oui” ou “non”, en bas de la feuille du médecin. C’est vite réglé. »
Leur condition physique, si elle est hors du commun, n’en est pas pour autant ostentatoire. Max mesure environ 1,75m. Il explique, tout en gestuelle :
« Le profil type, c’est un mec de taille moyenne, trapu, rustique, endurant, avec des pectoraux, des bras, mais discrets. »
Une émulation poussée à l’extrême
En dix ans d’intervention en Afghanistan, l’armée française a perdu 89 de ses soldats, dont dix forces spéciales. A plusieurs reprises, Max cite Jonathan Lefort et Benjamin Bourdet, morts en 2010 et 2011 en Afghanistan. Deux commandos marines qu’il avait côtoyés.
Max admet qu’« il n’y a pas d’entraînement qui te prépare au pire. Personne ne peut dire comment il va réagir, quelles sont ses limites ». Il affirme n’avoir jamais tué.
Dans les équipes, pas de concurrence malsaine pour écraser les autres, mais une émulation poussée à l’extrême, dans laquelle chaque individu doit imprimer sa marque. La solidarité et la confiance entre les membres d’un groupe en mission (quinze personnels, dix en mission) doivent être maximales. Elles sont cultivées pendant les périodes d’entraînement :
« On fait des repas. C’est un poncif de dire ça, mais on est un peu une famille. »
« Soit tu montes, soit tu dégages »
Chez les commandos, la sélection ne s’arrête jamais. En tout, ils peuvent passer jusqu’à quatre « stacs » pour devenir successivement opérateur, chef d’équipe, chef de groupe, chef de mission, ou bien changer de voie. La carrière d’un commandos s’étend de trois à seize ans, ou plus pour les meilleurs. Les plus âgés ont environ 45 ans.
« On remet en jeu notre béret tous les deux ou trois ans. Il n’est pas permis de stagner ou de ne pas évoluer en grade : soit tu montes, soit tu dégages. Le but est de garder un niveau très élevé à chaque pallier d’emploi. Cet univers est d’un élitisme absolu, propre aux commandos. »
Entraînement des forces spéciales à Lorient (Ouest-france)
Questions/Réponses
• Quel est votre contrat de travail ?
Après dix années sous contrat, je suis désormais militaire de carrière, donc fonctionnaire au ministère de la Défense. C’est la Marine nationale qui m’emploie.
• Quel est votre salaire ?
Je gagne 2 300 euros net par mois. Mon salaire inclut une prime à l’air de 700 euros dont bénéficient tous les personnels navigants aériens, donc les parachutistes.
Lorsque je suis en mission, mon salaire double, grâce à la prime « Opex » [opérations extérieures, ndlr]. On est indexés sur la grille de la fonction publique : à grade égal, je gagne autant qu’un cuisinier.
Si je me blesse gravement, je perds automatiquement mon aptitude à sauter en parachute, donc ma prime à l’air s’envole, et je retombe à 1 600 euros. Je gagne bien ma vie, mais on aimerait parfois plus de reconnaissance.
• Quels sont vos horaires ?
En période d’entraînement, je travaille de 8 heures à 17h30, avec au moins une activité de nuit par semaine et certains week-end. En mission, je reste disponible H24. Les horaires, on ne les connaît pas vraiment. On ne va pas stopper une opération à 10 km de la cible parce qu’il est 17 heures.
• Quand vous débarrassez-vous de votre tenue de travail ?
Je vais à la base en civil et je la quitte en civil : ma tenue et mon équipement restent là-bas. En mission, on revêt la tenue arktis, avec pare-balle, brêlage (chargeur et matériel), holster pour arme de poing, chaussure de trekking, casque kevlar, et jumelle de vision nocturne.
Elle est très variable, en fonction du milieu : désertique, marin, urbain... Il arrive, mais rarement, que l’on opère en civil, pour des missions type renseignement ou garde du corps.
Dans la rue, on est des anonymes. Jamais de la vie nous ne ferions nos courses en uniforme, ce n’est pas du tout notre état d’esprit. C’est un boulot comme un autre. Chez moi, il n’y a absolument aucune référence à l’armée. Le week-end, je vois des amis autres que militaires. Je fais du tourisme comme tout le monde. En fait, l’image que je préfère est celle du bon père de famille.
• Quel rôle estimez-vous jouer ?
Mon rôle est de contribuer à la sécurité de la France au-delà de ses frontières pour éviter tout problème sur le territoire. Nous intervenons pour préserver les intérêts français, que ce soit dans des opérations uniquement françaises, ou dans le cadre de coopérations internationales avec l’Otan ou l’ONU.
• Votre travail vous demande-t-il un effort physique ?
Oui ! Les épaules, le dos, et les pieds sont hyper sollicités. Les genoux trinquent aussi. Depuis dix ans, mon corps a énormément évolué. Surtout le haut, des muscles poussent. A 18 ans, en stage commando, tu es à des années lumières de savoir ce qui t’attend.
• Votre travail vous demande-t-il un effort mental ?
Cela demande de l’autogestion, de la rigueur. On n’a pas besoin de faire de remarque au type qui n’est pas au point : il va s’auto-exclure.
Et celui qui n’a pas de mental va ressentir beaucoup plus la douleur physique. J’ai tendance à dire que c’est 70% de mental. Les recruteurs recherchent des profils complets physiquement, mais surtout des gens qui encaissent énormément. Pas de vertige, à l’aise dans l’air comme dans l’eau. L’épreuve de la marche lourde – courir 30 km avec 17kg –, personne ne se lève le dimanche matin pour s’y entraîner. C’est au mental que tu y arrives.
• Avez-vous l’impression de bien faire votre travail ?
Oui, je l’espère ! Si je suis devenu militaire de carrière, cela signifie que je fais l’affaire. Pour quelqu’un de mon âge, ma carrière est bien avancée. J’ai été décoré plusieurs fois.
• Votre travail laisse-t-il des traces sur vous ?
Les douleurs de Max
[Il regardant le schéma : « Je pense qu’on peut tout mettre en rouge ! », dit-il en riant.] Heureusement, je n’ai pas séquelles physiques ni psychologiques, à part quelques blessures anodines – surtout des cicatrices. Chez nous, tu fais tout pour ne pas être malade ou blessé car c’est frustrant : on n’est pas là, on manque quelque chose...
Ceci dit, ça peut arriver, et on ne nous jette pas dehors pour autant. Sur le terrain, on préfère « verrouiller » : quand on marche durant des heures avec des ampoules ou des blessures, on souffre en silence.
Le risque de stress post-traumatique est réel. Depuis 2009, tous les militaires qui partent en mission en Afghanistan passent par un sas de décompression à Chypre. Aujourd’hui, l’aspect psy est de plus en plus pris en compte. Quand on voit les massacres en RCA, où des villages entiers sont passés à la machette, personne ne peut connaître sa réaction avant de l’avoir vécu.
• Qu’y a-t-il de plus pénible dans votre travail ?
Le manque de visibilité pour gérer la vie privée, même si c’est aussi ce qui fait le charme du métier. Il faut trouver quelqu’un qui accepte de nous voir partir souvent, longtemps et brusquement. J’ai des collègues qui ont dû décaler plusieurs fois leur mariage ! On peut être en déployé jusqu’à huit mois dans l’année. Sur dix ans, je suis parti en moyenne quatre mois par an.
• Si vous deviez donner une note sur 20 à votre bien-être au travail ?
17/20. Mon métier me plaît, tout se passe bien. Je ne suis pas un acharné du travail, je sais faire la part des choses. Et je suis fier d’en être arrivé là. Quand on part en mission, on a des étoiles plein les yeux.
Comme si c’était la première.
J’attends toujours la prochaine avec excitation.
Papa schulz Admin
Nombre de messages : 12008 Age : 64 Emploi : Apéro à plein temps! Date d'inscription : 23/10/2007
Quand je vois la sélection pour arrivée au bout de ces différents stage !! je préfère regarder dans mon fauteuil, quoique ... si j'avais fait le gabarit avec le mental et un peu de culot ??? cela m'aurait plu !!! comme je suis un peu marin et para ?? mais ...mais ??
latisse
Nombre de messages : 24 Age : 60 Emploi : FDP- ESR OPS Marine Nationale - Bénévole PMM KIEFFER Villeneuve St Georges Date d'inscription : 31/10/2010
J'ai acheté il y a qq mois la Commémo de la Dague des Cdos Marine , la No 30 sur 177 , avec le certificat signé par Mme Dominique KIEFFER , présidente de "Fier de Servir"
latisse
Nombre de messages : 24 Age : 60 Emploi : FDP- ESR OPS Marine Nationale - Bénévole PMM KIEFFER Villeneuve St Georges Date d'inscription : 31/10/2010