LE PHOSPHORE
Le phosphore blanc est mou à cireux, translucide et de couleur ambrée. Certains manuels de langue allemande le dénomment phosphore jaune. Il a une odeur alliacée très caractéristique, et cristallise dans le système cubique. Il est très toxique.
Il fond à 44,4° et a une densité de 1,83. Il entre en ébullition à 278°.
Il est insoluble dans l'eau mais assez bien soluble dans les graisses et le sulfure de carbone.
Sa combustion a lieu avec une flamme très vive et éblouissante et produit une épaisse fumée très blanche. Il prend feu également spontanément au contact des halogènes : fluor, brome, iode, chlore. La meilleure manière de conserver indéfiniment le phosphore blanc est encore l'immersion dans l'eau.
A température normale, le phosphore blanc se lie spontanément à l'oxygène de l'air, réaction qui s'accompagne d'effets lumineux (phosphorescence) et d'un accroissement de la température, pour atteindre soudain le point d'inflammation.
Ce processus se réalise d'autant plus vite que la surface de contact avec l'oxygène est grande.
Outre la claire flamme jaune, très caractéristique, la combustion du phosphore génère du pentoxyde de phosphore P2O5 :
2 P2 + 5 O2 ====> 2 P2O5
Le pentoxyde de phosphore se sublime à 250°, prend la forme gazeuse au niveau de la flamme, et forme donc par condensation des particules de fumée blanche, très hygroscopiques.
Celles ci, en se liant avec toute l'humidité disponible de l'air, se transforment en microscopiques gouttelettes d'acide orthophosphorique. Dans l'air humide les gouttelettes d'acide formant la fumée deviennent de plus en plus grosses et lourdes, et tombent sur le sol.
Le phosphore est dangereux à stocker et à manipuler.
Un feu de phosphore blanc est très difficile à éteindre, de préférence avec de l'eau et du sable mouillé. Chaque trace de phosphore s'allumera spontanément au contact de l'air.
En plus du danger du feu, les personnels d'intervention seront exposés au risque toxique et à la contamination.
En outre, les brûlures de phosphore sont très douloureuses, et très difficiles à guérir du fait de l'effet nécrosant de ce toxique.
L'intoxication par le phosphore s'appelle le phosphorisme.
Il semble que seul le phosphore blanc soit susceptible de provoquer cet empoisonnement.
Le phosphorisme aigu se caractérise par une phase digestive, avec des brûlures d'estomac, des vomissements, des coliques, à laquelle succède bientôt une phase hépatique, présentant une sorte de jaunisse provoquée par la destruction des globules rouges, et accompagnée d'hémorragies. Quant au phosphorisme chronique, il se caractérise par une nécrose des os maxillaires.
BRÛLURES PAR LE PHOSPHORE BLANC.
Les brûlures de phosphore ne doivent jamais être prises à la légère : elles doivent toujours être soignées en milieu hospitalier, car les nécroses doivent être excisées par un chirurgien.
En cas de brûlure, arrêter immédiatement l'apport d'oxygène, de préférence par immersion dans l'eau froide, ou en recouvrant la zone touchée par de l'étoffe mouillée ou tout autre matériau ininflammable et non fondant.
La zone contaminée sera ensuite lavée avec une solution de bicarbonate de soude, à quatre cuillères à café par litre d'eau, afin de neutraliser les acides phosphoriques caustiques.
On la lavera ensuite avec une solution aqueuse à 5 % de sulfate de cuivre.
Chaque particule de phosphore blanc se couvre alors d'un film noir de phosphate de cuivre, ininflammable, lequel fera écran à l'oxygène, et montrera au chirurgien les surfaces à traiter.
En cas d'attaque aux yeux, utiliser une solution diluée, à 2 % de sulfate de cuivre.
Ne pas utiliser de corps gras, pommades, etc. et joindre de toute urgence un hôpital, les soins ultérieurs devant être pratiqués sous eau courante.
TOXICITE DES FUMEES DE PHOSPHORE :
Les fumées de phosphore ne sont pas sans danger. Acides, elles renferment en outre fréquemment des produits d'oxydation incomplètement brûlés, notamment le trioxyde de phosphore P2O3, très toxique.