COMPOSITION ET PRESENTATION DE L’ARMEE FRANCAISE pour 1914
Pourquoi parler de l’armée de terre de 1914 à 1918, alors que le thème de cette étude est l’organisation de l’armée entre septembre 1939 et juin 1940 ?
En novembre 1918, la France sort victorieuse de ce qu’on appelle communément « La Grande Guerre ». Elle possède une armée de terre dense et solide, elle est à la fois massive par le nombre de ses divisions d’infanterie et de cavalerie mais souple dans ses échelons qui sont eux-mêmes structurés de manière hiérarchique.
Partie au combat avec l’expérience de la guerre « de 1870 », elle voit sa physionomie se transformer aux vues de l’évolution du conflit et de l’essor technologique qu’il engendre.
Cette armée est le fruit conjoint des quarante et une divisions d’infanterie et des dix divisions de cavalerie de l’armée d’active d’août 1914 (construite pas à pas depuis 1873 dans le seul but de la reconquête des provinces perdues de l’Est perdues par le traité de Versailles signé avec l’Allemagne impériale) et de l’armée des tranchées de ces quatre années de conflit qui ont vu naître en son sein des restructurations et innovations changeant de manière totale son image de 1914.
Ainsi l’artillerie, arme de seconde ligne, peu préparée à un conflit moderne et dynamique mais possédant une arme symbole qu’est le canon de « 75 » (canon léger de 75 mm) se retrouve dans un rôle de premier plan lors des grandes offensives de 1914 et 1918, par son action puissante et dévastatrice. L’armée de terre met également en oeuvredes canons et obusiers de type courts et longs à calibre lourds, tel le canon de 155 mm Schneider de 1917 ou le canon de 400 mm sur plateforme ferroviaire.
L’infanterie, « Reine des batailles » voit son action accrue par la montée en puissance de son armement collectif et la restructuration de son organisation divisionnaire. L’évolution ultime de son appui direct se concrétise par la naissance du « char » ou « tank », véritable mitrailleuse sur chenille, permettant à la ligne d’attaque d’effectuer des percées significatives par la neutralisation des points de défense ennemis.
Les chars lourds de type Schneider ou Saint Chamond et plus encore le char léger Renault FT offre de nouvelles possibilités aux armes françaises.
Cependant, cette théorisation des chars comme accompagnement d’infanterie porte déjà en elle, le fruit de la discorde sur l’utilisation des blindés lors du second conflit mondial.
Cette première partie nous présente l’armée de terre française de 1918 à 1939. Il est en effet intéressant de comparer la structure militaire de la France lors des deux conflits majeurs qui ont marqués ce 20ème siècle et de saisir aussi la place et l’importance de l’armée en temps de paix ainsi que son organisation.
Cet ensemble peut-être considéré comme une vaste introduction au sujet qui nous concerne, mais se situe surtout comme la base de référence de nos travaux sur l’armée de terre française de 1939-1940.
- Nous verrons tout d’abord dans un premier chapitre, ce qu’est cette armée de terre française par son organisation territoriale et ses éléments organiques en août 1914 et en novembre 1918 pour nous pencher ensuite sur les conséquences de la 1ère guerre mondiale, et ce qu’elles induisent sur l’état d’esprit des chefs militaires et de leurs initiatives.
- Le deuxième chapitre traite de l’armée d’active de l’entre-deux guerre, qu’elle soit de métropole ou des colonies et territoires d’outre-mer, dans son organisation administrative ainsi que divisionnaire. Nous verrons que l’organisation territoriale de 1939 ne diffère que peu de celle de 1914.
I – L’armée de terre de 1914 a 1918 et la France de l’entre-deux guerre.
L’armée de terre en août 1914 est structurée en cinq grands ensembles de commandement combinés de manière hiérarchique et pyramidale.
Les deux derniers échelons existent de manière permanentes en temps de paix comme en temps de guerre. Les trois premiers ensembles sont mis sur pied à la déclaration de guerre ou lorsque le besoin s’en fait sentir, cependant ils sont prévus dès le temps de paix :
® le Grand Quartier Général (c’est l’état-major du généralissime, commandant les armées françaises et autres troupes étrangères sous commandement français), l’organisation de ce Grand Quartier Général est établi selon le décret ministériel du 28 juillet 1911.
® les groupes d’armées,
® les armées,
® les corps d’armées et corps de cavalerie,
® les divisions d’infanterie et divisions de cavalerie (montées ou à pied).
A – Le groupe d’armées.
En temps de paix et pendant les premières semaines des hostilités, le groupe d’armées n’existe pas, il est pourtant prévu selon le décret du 28 octobre 1913 (règlement sur la conduite des grandes unités). Le commandement de ces groupes d’armées est assumé dès le temps de paix par un officier général issu du « conseil supérieur de la Guerre ».
Ce « conseil supérieur de la Guerre », mis sur pied au cours du 19ème siècle et remanié par Freycinet en 1888, compte une douzaine d’officiers généraux désigné pour la responsabilité du commandement des armées et groupes d’armées en campagne.
Le décret du 28 octobre 1913 expose que le groupe d’armées est un « ensemble d’armées dont les opérations sont liées entre elles par les plans du Général en Chef » dans le but « d’imposer à l’ennemi la bataille générale dans des conditions susceptibles d’entraîner des résultats décisifs pour l’issue de la guerre ».
Le premier groupe d’armées (groupe d’armées Nord) est créé le 4 octobre 1914 sous le commandement du Général Foch. Cinq autres groupes d’armées seront mis sur pied au cours de la Grande Guerre dont deux sous commandements alliés :
® le groupe d’armées Centre,
® le groupe d’armées Est,
® le groupe d’armées de réserve ou de rupture,
® le groupe d’armées des Flandres (sous commandement belge),
® le « British Expeditionnary Forces » (sous commandement anglais).
Le groupe d’armées n’est donc qu’un organe de commandement et de décision. Il ne compte pas de troupes combattantes en son sein mais possède des moyens de transmissions pour diriger les échelons subalternes et des services divers.
B – L’armée.
La manoeuvre stratégique pensée au niveau du Grand Quartier Général et du Groupe d’armée est appliquée par l’échelon inférieur qu’est l’état-major d’armée. Le commandement de l’armée dirige les opérations sur le champ de bataille par l’intermédiaire des unités de cavalerie et d’infanterie qu’il a sous ses ordres.
De la même façon que le groupe d’armées, l’état-major d’armée n’existe pas en temps de paix. Il est cependant prévu selon le décret du 28 octobre 1913 (vu au paragraphe précédent). Les officiers généraux commandant les armées sont issus du « conseil supérieur de la Guerre ».
L’armée est composée d’un état-major et d’éléments organiques d’armées (E.O.A) regroupant les armes de l’infanterie, de la cavalerie et de l’artillerie et de service. De manière hiérarchique, l’armée dépend du groupe d’armées, mais a autorité sur les corps d’armées mis à sa disposition.
Lors de l’attaque allemande en août 1914, le Grand quartier général déclenche le plan XVII (plan de réaction à l’attaque allemande), cinq armées (1ère à 5ème) sont créées et mises sur le pied de guerre. Neuf autres armées sont créées au cours du conflit, deux sont dissoutes, leurs numéros repris par d’autres corps.
® 1ère armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918
® 2ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918
® 3ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918
® 4ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918
® 5ème armée : 02 août 1914 – 11 novembre 1918
® 6ème armée : 26 août 1914 – 11 novembre 1918
® 7ème armée1: 04 avril 1915 – 11 novembre 1918
® 8ème armée2: 16 novembre 1914 – 04 avril 1915
® 8ème armée3 :02 janvier 1917 – 11 novembre 1918
® 9ème armée4: 05 septembre 1914 – 05 octobre 1914
® 9ème armée 06 juillet 1918 – 07 août 1918
® 10ème armée5: 05 octobre 1914 – 11 novembre 1918
® Armée des Alpes6: 10 août 1914 – 17 août 1914
® Armée d’Alsace7: 10 août 1914 – 28 août 1914
® Armée de Lorraine : 17 août 1914 – 27 août 1914
® Armée d’Orient : 03 octobre 1915 – 11 août 1916
1 Détachement d'armée des Vosges, ou Détachement d'armée Putz, du 08 décembre 1914 au 04 avril 1915. 7ème armée à partir du 04 avril 1915.
2 Détachement d'armée de Belgique du 22 octobre 1914 au 16 novembre 1914. 8ème armée du 16 novembre 1914 au 04 avril 1915. Détachement
d'armée de Belgique du 04 avril 1915 au 22 mai 1915.
3 Détachement d'armée de Lorraine du 11 mars 1915 au 02 janvier 19178. 8ème armée à partir du 02 janvier 1917.
4 Détachement d'armée Foch du 29 août 1914 au 05 septembre 1914. 9ème armée à partir du 05 septembre 1914.
5 Détachement d'armée de Maud'huy du 01 octobre 1914 au 05 octobre 1914. 10ème armée à partir du 05 octobre 1914.
6 Appelée aussi armée de Lyon. Inspection du « Sud-est » à partir du 03 août 1914.
7 Devient Groupement des Vosges le 28 août 1914.C – Le corps d’armée et le corps de cavalerie.
Les corps d’armées d’infanterie existent en temps de paix sous la forme de régions militaires. Dix huit régions militaires sont mises sur pied en vertu de la loi du 24 juillet 1873 et du décret ministériel du 06 août 1874.
Le 28 septembre 1873 est créé en Algérie le 19ème corps d’armée. La loi du 05 décembre 1897 et le décret ministériel du 08 février 1898 créent une 20ème région militaire, mise sur pied dans l’est de la France. Le 22 décembre 1913, on dénombre vingt régions militaires en métropole et le 19ème corps d’armée en Afrique du Nord.
On compte également un corps d’armée colonial et le gouvernement militaire de Paris. A la déclaration de guerre, les corps d’armée sont intégrés dans les armées et prennent le chemin de la frontière du Nord-Est.
1 – Répartition des corps d’armée sur le territoire métropolitain.
- 1er Corps d’armée : Lille(E.M : 1ère et 2ème D.I)
- Nord
- Pas de Calais
- 3ème Corps d’armée : Rouen(E.M : 5ème D.I)
- Calvados
- Eure
- Seine inférieure
- 5ème Corps d’armée : Orléans(E.M : 9ème D.I + 7ème D.C)
- Loiret
- Loir et Cher
- Seine et Marne
- Yonne
- 7ème Corps d’armée : Besançon(E.M : 14ème et 41ème D.I)
- Ain
- Haute – Saône
- Jura
- Territoire de Belfort
- 9ème Corps d’armée : Tours(E.M : 17ème et 18ème D.I + 9ème D .C)
- Deux Sèvres
- Indre
- Indre et Loire
- Maine et Loire
- Vienne
- 2ème Corps d’armée : Amiens(E.M : 3ème et 4ème D.I + 3ème D.C)
- Aisne
- Oise
- Somme
- 4ème Corps d’armée : Le Mans(E.M : 7ème et 8ème D.I)
- Eure et Loir
- Mayenne
- Orne
- Sarthe
- 6ème Corps d’armée : Chalons sur Marne(E.M : 12ème, 40ème et 42ème D.I + 4ème et 5ème D.C)
- Ardennes
- Marne
- Meuse
- Meurthe et Moselle
- 8ème Corps d’armée : Bourges(E.M : 15ème et 16ème D.I + 8ème D.C)
- Cher
- Côte d’Or
- Nièvre
- Saône et Loire
- 10ème Corps d’armée : Rennes(E.M : 19ème et 20ème D.I)
- Côte du Nord
- Ile et Vilaine
- Manche
1 Le corps d’armée colonial a autorité sur les trois divisons d’infanterie coloniale cantonnées à Brest (3ème division d’infanterie coloniale), Paris (1ère division d’infanterie coloniale) et Toulon (2ème division d’infanterie coloniale). Les trois régiments d’artillerie coloniale sont sous le commandement de la brigade d’artillerie coloniale sise à Paris, en fait seul le 3ème régiment d’artillerie coloniale se trouve dans la région parisienne (Vincennes). Le 1er régiment d’artillerie coloniale est basé à Lorient alors que le 2ème régiment d’artillerie coloniale stationne à Cherbourg et Brest. Tous les services dévolus au corps d’armée colonial sont affectés à Paris. Seuls la section d’infirmiers militaires des troupes coloniales de Marseille et le dépôt des isolés des troupes coloniales de Marseille (avec annexe à Bordeaux et Saint-Nazaire) ne demeurent pas en région parisienne.- 11ème Corps d’armée : Nantes(E.M : 21ème et 22ème D.I)
- Finistère
- Loire inférieure
- Morbihan
- Vendée
- 13ème Corps d’armée : Clermont-Ferrand(E.M : 25ème et 26ème D.I)
- Allier
- Cantal
- Haute – Loire
- Loire
- Puy de Dôme
- 15ème Corps d’armée : Marseille(E.M : 29ème et 30ème D.I)
- Alpes Maritimes
- Ardèche
- Basses Alpes
- Bouches du Rhône
- Corse
- Gard
- Var
- Vaucluse
- 17ème Corps d’armée : Toulouse(E.M : 33ème et 34ème D.I)
- Ariège
- Haute Garonne
- Gers
- Lot
- Lot et Garonne
- Tarn et Garonne
- 20ème Corps d’armée : Nancy(E.M : 11ème et 39ème D.I + 2ème D.C)
- Aube
- Haute Meuse
- Meurthe et Moselle
- Vosges
- Corps d’armée colonial : Paris(E.M : 1ère, 2ème et 3ème D.I.C 1)
- Brest
- Paris
- Toulon
- 12ème Corps d’armée : Limoges(E.M : 23ème et 24ème D.I + 10ème D.C)
- Charente
- Corrèze
- Creuse
- Dordogne
- Haute – Vienne
- 14ème Corps d’armée : Lyon(E.M : 27ème et 28ème D.I + 6ème D.C)
- Basses – Alpes
- Drôme
- Hautes – Alpes
- Haute – Savoie
- Isère
- Rhône
- Savoie
- 16ème Corps d’armée : Montpellier(E.M : 31ème et 32ème D.I)
- Aude
- Aveyron
- Hérault
- Lozère
- Pyrénées Orientales
- Tarn
- 18ème Corps d’armée : Bordeaux(E.M : 35ème et 36ème D.I)
- Charente Inférieure
- Gironde
- Landes
- Basses Pyrénées
- Hautes Pyrénées
- 21ème Corps d’armée : Toul(E.M : 13ème et 43ème D.I)
- Haute – Marne
- Vosges
- Gouvernement militaire de Paris : Paris(E.M : 6ème, 10ème D.I + 1ère D.C)
- Seine
- Seine et Oise
En théorie, chaque corps d’armée est composé d’un état-major de corps, de deux états-majors de divisions d’infanterie. Ces deux unités ont une infanterie de type binaire, à deux brigades de deux régiments d’infanterie chacune.
S’y ajoute une brigade à trois régiments d’artillerie de campagne, d’un régiment de cavalerie et les services. Il convient cependant d’y ajouter les unités constituant les dix divisions de cavalerie.
Le corps colonial engerbe les trois divisions d’infanterie coloniales, cependant celles-ci sont réparties entre le gouvernement militaire de Paris, la 10ème région militaire de Rennes et 16ème région militaire de Montpellier. Le corps de cavalerie n’existe pas en temps de paix, il est créé en application du plan de mobilisation appelé « plan XVII », il remplit les mêmes fonctions qu’un corps d’infanterie.
Durant le conflit, en sus des vingt corps d’armées d’infanterie métropolitains, du 19ème corps d’armées d’Algérie, du corps colonial et du corps de cavalerie précédemment cités, sont créés onze corps d’armées, un corps colonial et deux corps de cavalerie. A la fin du conflit, il reste en ligne trente corps d’armées, deux corps coloniaux et deux corps de cavalerie.
2 – Composition du corps d’armée d’infanterie.
a - Le corps d’armée en 1914.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant le corps d’armée.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- deux régiments d’infanterie de réserve (à deux bataillons par régiment),
- un régiment de cavalerie à quatre escadrons montés1,
- un régiment d’artillerie à quatre groupes de 75 mm modèle 1897,
- quatre compagnies de génie :
. deux compagnies de Sapeurs mineurs,
. une compagnie d’équipage de pont,
. une compagnie de parc,
- un détachement télégraphique,
- une section de projecteur.
® SERVICES :
- Parc d’artillerie du corps :
. une équipe mobile de réparation,
. dix sections de munitions d’artillerie,
. quatre sections de munitions d’infanterie.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande,
. deux sections de convoi administratif.
- Santé :
. un groupe de brancardiers du corps,
. huit ambulances,
. six sections d’hospitalisation,
. une section sanitaire automobile.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes – détachement de remonte mobile – train hippomobile.
1 S’y ajoute deux escadrons de cavalerie montée rattachés pour emploi aux deux divisions d’infanterie de rattachement.
b – le corps d’armée en 1918.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant le corps d’armée.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- un bataillon territorial de mitrailleurs,
- un régiment de cavalerie à quatre escadrons montés,
- un régiment d’artillerie lourde longue à deux groupes de 155 mm,
- trois compagnies de génie :
. deux compagnies de Sapeurs mineurs,
. une compagnie d’équipage de pont,
- une compagnie télégraphique à trois sections et un détachement radio,
- deux à trois escadrilles d’observation,
- une à deux compagnies d’aérostiers.
® SERVICES :
- Parc d’artillerie du corps :
. une compagnie d’ouvriers d’artillerie,
. une section de munitions hippomobile,
. une section de munitions automobile.
- Train :
. une compagnie hippomobile,
. une compagnie automobile.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande.
- Santé :
. un groupe sanitaire du corps :
. deux ambulances chirurgicales légères,
. un groupe sanitaire de ravitaillement hippomobile,
. une section hygiène, lavage, désinfection.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
3 – Composition du corps de cavalerie.
a - le corps de cavalerie en 1914.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant le corps de cavalerie.
Général commandant la cavalerie.
Colonel commandant l’infanterie.
Colonel commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Détachement télégraphique.
® TROUPES :
- un groupe d’artillerie à cheval à trois groupes de 75 mm modèle 1897,
- un groupe de chasseurs cyclistes,
- une section de mitrailleuses
- un détachement de sapeurs cyclistes,
- un détachement télégraphique.
b – le corps de cavalerie en 1918.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant le corps de cavalerie.
Général commandant la cavalerie.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- un groupe d’auto-canons,
- un régiment d’artillerie à deux groupes de 75 mm et un de 105 mm,
- trois compagnies de génie :
. deux compagnies de sapeurs mineurs,
. une compagnie d’équipage de pont,
- une compagnie télégraphique à trois sections et un détachement radio,
- trois escadrilles d’observation,
- deux compagnies d’aérostiers.
® SERVICES :
- Parc d’artillerie du corps :
. une compagnie d’ouvriers d’artillerie,
. une section de munitions hippomobile,
. une section de munitions automobile.
- Train :
. deux compagnies automobiles.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande.
- Santé :
. un groupe sanitaire du corps :
. deux ambulances chirurgicales légères,
. un groupe sanitaire de ravitaillement hippomobile,
. une section hygiène, lavage, désinfection.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
D – Les divisions d’infanterie et de cavalerie.
La division d’infanterie type que nous étudierons en détail dans le quatrième chapitre de cette étude sur les grandes unités de l’armée de terre française en 1939-1940, trouve son origine et sa structure dans les évolutions organiques des troupes lors du premier conflit mondial.
En effet la division d’infanterie française a vu sa structure, basée sur le règlement du service en campagne du 02 décembre 1913, passer d’une structure monolithique à une base plus souple avec la suppression des deux brigades à deux régiments d’infanterie et ses services prélevés sur le corps d’armées dont il dépend. Dès lors, elle possède trois régiments d’infanterie indépendants et des services propres et fournis, aptes à suivre le gros de la troupe.
En 1914, il existe quarante et une divisions d’infanterie métropolitaines, trois divisions d’infanterie nordafricaines en Algérie et trois divisions d’infanterie coloniales. Seront créées pendant les premiers mois du conflit, vingt cinq divisions de réserve, douze divisions territoriales.
En janvier 1915, les effectifs sont de quarante neufs divisions d’active, vingt trois divisions de réserve et treize divisions territoriales.
Fin 1916, on décompte cent sept divisions d’active ou de réserve et sept territoriales. L’année qui suit, le nombre des divisions atteint son maximum avec un total de cent treize divisions d’active ou de réserve et une territoriale.
La division de cavalerie qui a souvent combattu à pied lors du conflit dans les tranchées, retrouve son allant à la fin du conflit lors des grandes offensives de 1918.
Sur les dix divisions de 1914, seules six divisions sont encore en selles, deux divisions montées sont transformées en divisions de cavalerie à pied (sur le même type que la division d’infanterie), deux autres sont dissoutes.
En novembre 1918, les armées alliées sont sous commandement français. Outre les armées du Royaume-Uni, de la Belgique, de l’Italie, des Etats-Unis et autres troupes mineures, l’armée française regroupe cent dix divisions d’infanterie (dont sept coloniales, deux marocaines, une polonaise et une territoriale défendant Paris), quatre divisions de cavalerie à pied et six divisions de cavalerie montée.
1 – Composition de la division d’infanterie.
a – la division d’infanterie en 1914.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant la division.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- deux brigades d’infanterie (deux régiments d’infanterie chacune),
- un régiment d’artillerie à trois groupes de 75 mm modèle 1897,
- un escadron du régiment de cavalerie du corps,
- une compagnie de sapeurs mineurs.
® SERVICES :
- Train :
. deux compagnies hippomobiles.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation divisionnaire dont un convoi administratif,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande.
- Santé :
. un groupe de brancardiers divisionnaires,
. une à deux ambulances prélevées sur le corps.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
b – la division d’infanterie en 1918.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant la division.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- trois régiments d’infanterie,
- un centre d’instruction divisionnaire,
- un bataillon de pionniers,
- un régiment d’artillerie à trois groupes de 75 mm modèle 1897,
- un groupe d’artillerie de 155 mm modèle 1916 (indépendant),
- deux compagnies de sapeurs mineurs et un détachement radiotélégraphie.
® SERVICES :
- Parc d’artillerie divisionnaire :
. une section de munitions d’infanterie,
. une section hippomobile de munitions d’artillerie (75 mm),
. une section automobile de munitions d’artillerie (155 mm),
. une équipe de réparation divisionnaire.
- Train :
. une compagnie hippomobile,
. une compagnie automobile.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation divisionnaire dont un convoi administratif,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande.
- Santé :
. un groupe de brancardiers divisionnaires,
. une ambulance chirurgicale légère,
. un groupe sanitaire de ravitaillement automobile,
. une section hygiène, lavage, désinfection.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
2 – Composition de la division de cavalerie.
a – la division de cavalerie en 1914.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant la division.
Général commandant la cavalerie.
Colonel commandant l’infanterie.
Colonel commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Détachement télégraphique.
® TROUPES :
- trois brigades de deux régiments montés,
- un groupe cycliste de chasseurs à pied,
- un groupe d’artillerie à trois batteries de 75 mm modèle 1897,
- une section de sapeurs cyclistes,
- un détachement télégraphique et deux escadrilles d’observation.
® SERVICES :
- Train :
. un détachement de commis et d’ouvriers d’administration.
- Santé :
. une ambulance divisionnaire.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
b – la division de cavalerie en 1918.
® QUARTIER GENERAL :
Général commandant la division.
Général commandant la cavalerie.
Général commandant l’infanterie.
Général commandant l’artillerie.
Chef d’état-major et état-major.
Commandant des troupes et direction des services.
Unité de quartier général.
® TROUPES :
- trois brigades de deux régiments montés,
- deux groupes d’automitrailleuses,
- un groupe cycliste,
- un groupe d’artillerie à trois batteries de 75 mm modèle 1897,
- une compagnie de sapeurs cyclistes,
- un détachement télégraphique,
- une escadrille d’observation.
® SERVICES :
- Parc d’artillerie divisionnaire :
. une compagnie d’ouvriers d’artillerie,
. une section de munitions hippomobile,
. une section de munitions automobile.
- Train :
. deux compagnies automobiles.
- Intendance :
. un groupe d’exploitation divisionnaire,
. un troupeau de bétail,
. une compagnie de ravitaillement en viande.
- Santé :
. un groupe sanitaire divisionnaire :
. deux ambulances chirurgicales légères,
. un groupe sanitaire de ravitaillement hippomobile,
. une section hygiène, lavage, désinfection.
+ Service vétérinaire – justice – prévôté – trésor – postes.
E – Les conséquences de la 1ère guerre mondiale.
Notre pays est certes vainqueur sur le plan militaire, l’armée française est considérée par les experts militaires comme la plus forte au monde et nos armements équipent de nombreux pays. Le canon de 75 et le char léger Renault FT17 en sont les meilleurs exemples.
Notre organisation divisionnaire d’infanterie est adoptée par de nombreuses armées étrangères, l’état-major envoie dans les nouveaux pays balkaniques des conseillers militaires qui mettent sur pied de jeunes armées.
Il en va de même pour la Pologne qui, renaissant de ses cendres, doit combattre à la fois contre les particularismes régionaux des ex-territoires allemands et contre l’armée rouge qui cherche à reconquérir les territoires perdus lors de la signature de l’Armistice entre l’Allemagne et la Russie soviétique.
C’est le Général Weygand, à l’appel du Maréchal Pidulsky, qui repousse les troupes « rouges » de Lénine en prenant une part active dans l’élaboration de la stratégie militaire polonaise et la direction des troupes polonaises.
Cependant en France, les lendemains de l’Armistice ne sont pas joyeux. Notre frontière Nord n’est qu’un amas de gravats, un million de jeunes français n'est pas rentré du front et trop de soldats sont marqués dans leur chair ; ce sont les « gueules cassées ».
Notre pays cherche à revenir cependant aux années dorées d’avant guerre, ce sont les « années folles » mais rien ne peut effacer les traumatisme de ce premier conflit mondial.
1 – Les conséquences humaines.
Le conflit coûte à la France un million trois cent mille hommes tués ou disparus (10% de la population active masculine en 1914), auxquels on ajoute les trois millions de blessés dont un million d’invalides. Ce premier conflit mondial a fait que la France a mobilisé tous les français en âge de porter les armes.
Les tactiques offensives portées à l’outrance dans des missions « suicides » pour des gains territoriaux minimes ont fait que de trop nombreux français sont morts sur les champs de bataille. C’est la France qui a le plus souffert, proportionnellement à sa population. Il faut encore y ajouter la surmortalité de guerre, conséquence des déplorables conditions d’hygiène, aux restrictions en tout genre et aux maladies infectieuses comme la grippe espagnole en 1918.
La guerre qui ne doit durer en ce mois d’août 1914 que quelques semaines tout au plus et qui doit être fraîche et joyeuse, se termine le 11 novembre 1918, par un Armistice signé en forêt de Rethondes. Elle laisse le pays hagard même si l’on fête la victoire tant espérée.
Une pratique, qui trouve son origine dans le conflit de 1870-1871, se généralise dans le pays. On érige sur la place du village un mémorial pour y inscrire les noms des fils, des pères ou des cousins qui ne rentrent pas. De nombreuses familles sont complètement décimées, c’est toute la jeune génération qui est touchée, les hommes en âge de se marier manquent, et de trop nombreuses jeunes femmes sont veuves.
La guerre provoque un déficit des naissances dû au fait que les hommes en âge de procréer sont au front, ceci entraîne pendant des années un phénomène de « classe creuse » (Voir le troisième paragraphe)
2 – Les conséquences matérielles.
En sus des pertes humaines, le Nord-est du pays est ravagé par quatre années de conflit. Ce ne sont pas moins de dix-neuf départements qui sont déclarés sinistrés, des centaines de villages sont détruits en totalité et ne peuvent être reconstruits pour des raisons de sécurité ou par le fait qu’il n’y a plus personnes pour y habiter.
L’économie de ces régions est totalement désorganisée, il n’y a plus de service, les personnes logent dans des ruines.
Six cent mille maisons et vingt mille usines sont endommagées, cinq milles kilomètres de voies ferrées et cinquante-trois milles kilomètres de routes rendues inutilisables, trois millions d’hectares de terres agricoles devenues impropres aux cultures.
Dans le bassin houiller du Pas-de-calais, les mines sont noyées volontairement par les Allemands lors des offensives alliées de 1918, l’agriculture est en crise, il n’y a plus d’hommes pour s’occuper des champs, ce sont les femmes et les enfants qui travaillent. L’indice de la production industrielle chute de 45 % entre 1914 et 1921 et le niveau de 1913 ne pourra être retrouvé qu’en 1923.
Après la guerre de mouvement des premières semaines du conflit, le front se stabilise de la Mer du Nord à la frontière suisse. On s’installe dans des tranchées plus ou moins sommaires, et le front ne bouge plus que de quelques kilomètres tout au plus pendant ces quatre ans.
Cette zone, de cinq cents kilomètres de long, large de dix à vingt-cinq, est appelée « la ligne rouge », elle est truffée de toutes sortes d’engins explosifs. Il faudra seize ans pour reconstruire ce que quatre années ont détruit.
Lors de la signature de la paix en 1919, l’Allemagne doit d’énormes réparations aux alliés et particulièrement à la France (cent trente deux milliards de marks or à verser en trente annuités). Cette dernière occupe la Sarre lors des premiers problèmes de paiement.
Le budget du pays compte sur cette manne monétaire, en sus le franc germinal a perdu les trois quarts de sa valeur, les stocks d’or ont fondu, une grande partie a servi à payer les commandes faites aux Etats-Unis. C’est donc un pays en pleine crise économique qu’il s’agit de faire redémarrer, car chacun souhaite retrouver le niveau de vie d’avant guerre.
3 – Les classes creuses.
A partir de 1934, la France connaît une grave crise d’effectifs d’hommes du contingent, due à la chute des naissances au cours de la Grande Guerre. Cette année là, le déficit n’est que de cinq milles hommes sur un contingent moyen de deux cent quarante milles appelés, mais les années 1935 à 1939 marquent une baisse dramatique du nombre d’hommes incorporables, avec une moyenne annuelle de cent quarante milles hommes seulement.
En réponse aux évènements internationaux de 1935, la chambre française vote le prolongement jusqu’à deux ans du service militaire ce qui règle le problème des classes creuses, mais le 03 septembre 1939, ce sont cinq cent mille hommes de vingt à vingt-cinq ans qui manquent dans les rangs.
De 1918 à 1939, la politique militaire française passe d’une action offensive à une doctrine défensive qui se symbolise à partir de 1934 par la ligne défensive qui porte le nom du ministre de la guerre de l’époque : la Ligne Maginot.
Le traumatisme des offensives à outrances du premier conflit mondial lié à la dénatalité de guerre provoque un rejet des actions offensives pour une politique attentiste derrière un mur infranchissable qui dans les plans de l’Etatmajor va de la Mer du Nord à la Méditerranée.
L’armée de terre voit ses effectifs fondre comme neige au soleil à la fin des années 20. Les divisions d’infanterie au nombre de quarante-trois en 1920 passe à trente-deux puis à vingt en 1928.
La mécanisation, amorcée lors de la Grande Guerre s’émousse, les chars ne progressent que peu dans leur emploi comme dans leurs performances, la cavalerie faute de crédits et de politique claire navigue entre deux eaux, de nombreux régiments sont dissous.
A partir de 1935, la donne change avec l’arrivée d’Adolf Hitler comme chancelier en Allemagne puis le réarmement et la réorganisation de la Reichwehrs1 en Wehrmacht2. L’armée française amorce un changement de cap vers un renouveau de l’arme, mais l’invasion de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre 1939 la trouve en pleine réorganisation et elle s’écroulera non sans avoir combattu le 25 juin 1940.
1 La Reichwehrs est la dénomination de l’armée de la république allemande dite de « Weimar ».
2 La Wehrmacht est la dénomination de l’armée allemande après la prise de pouvoir par le chancelier puis « Führer » Adolf Hitler.II – Articulation de l’armée de terre en temps de paix.
En août 1939, la France est une démocratie parlementaire fondée aux lendemains douloureux de la défaite de 1871. Cette République, IIIème du nom, vieille de soixante-huit ans, s’est installée comme le pouvoir légitime dans notre pays à la fin du XIXème siècle et s’est affirmée par la victoire de novembre 1918.
Le prestige de la France en ce début du 20ème siècle est à la fois politique et militaire, la perte de l’Alsace- Lorraine est effacée, l’armée impériale est dissoute, le IIème Empire allemand est mis à terre, la France a lavé dans lesang la défaite de 1871, grâce à des chefs militaires de premier ordre et à nos armes forgées dans la revanche, à l’image du canon de 75.
L’armée de terre française est repensée après le désastre de la guerre de 1870-1871. L’armée du second empire, est dissoute par l’infortune des armes et par la volonté des nouveaux dirigeants républicains d’établir un nouvel ordre social, économique et militaire. Cette nouvelle armée de la République se repense a tous les niveaux par la refonte de ses corps de commandement et de ses unités d’infanterie et de cavalerie, puis pose le principe du service national voté à la chambre des députés en 1872.
C’est ainsi que le 02 août 1914, l’armée de terre représente une force non négligeable de cent-soixante-treize régiments d’infanterie métropolitains, quatre-vingt-un régiments de cavalerie métropolitains, soixante-quinze régiments d’artillerie de campagne, à pied et de montagne, huit régiments de génie à nombre variable de bataillons et un nombre conséquent d’unités de soutien et de commandement. Toutes ces unités se regroupent en vingt corps d’armée, quarante et une divisions d’infanterie1 et dix divisions de cavalerie.
En novembre 1918, la France sort exsangue de la Grande Guerre, mais son armée est celle de la victoire. Son principe d’universalité quant à son système de conscription lui a permis d’étoffer ses troupes d’active et d’avoir de nombreuses unités de première ligne et de réserve. L’après guerre, cependant, au vue de la conjoncture économique, est l’époque de la restriction et des désillusions.
En dix ans, le nombre de divisions d’infanterie métropolitaines passe de quarante-trois unités à vingt. Cette diminution est due à la baisse de la natalité, la réduction de la durée du service militaire et le développement des unités de forteresse. Cependant, l’Empire colonial fournit des troupes et en 1939, nous disposons de quatre divisions d’infanterie nord-africaines, de quatre divisions d’infanterie coloniales et de deux brigades de Spahis sur le sol métropolitain.
En Afrique du Nord, les troupes nord-africaines et sénégalaises côtoient les troupes européennes des régiments de Zouaves et de la Légion étrangère. Le dispositif militaire est important face à une double menace potentielle, les espagnols en Espagne et les Italiens en Libye. Les premiers possèdent des territoires au Maroc et les seconds visent à intégrer la Tunisie dans leur zone d’influence.
Au Levant dont nous sommes les mandataires depuis la dislocation de l’Empire Ottoman et en Indochine qui est un protectorat, nous possédons des troupes de souveraineté conjointement à des troupes indigènes organisées et encadrées par nos soins. L’Afrique noire et la corne de l’est africain possèdent des unités coloniales de souveraineté, ainsi que les territoires des Caraïbes et du Pacifique.
Notre chapitre se divise en cinq ensembles, nous traiterons tout d’abord du service militaire et de son histoire pour ensuite parcourir en quatre vues le dispositif militaire de l’armée de terre en métropole et dans les différentes colonies et territoires dépendants.
1 S’y ajoute un corps d’armée colonial et trois divisions d’infanterie coloniales en France métropolitaine, le 19ème corps d’armée d’Algérie avec trois divisions d’infanterie, les diverses troupes du Maroc et de Tunisie, sans compter toutes les unités des diverses colonies d’Afrique et d’Asie.
A – Historique du service militaire.
C’est la loi Jourdan du 19 fructidor An VI (05 septembre 1798) qui pose le principe de la conscription et du service militaire moderne, puisqu’elle oblige tous les français mâles de 21 à 25 ans à s’inscrire sur les registres communaux. Elle reste en vigueur sous les différents régimes de la période révolutionnaire et du Ier Empire.
La loi de Gouvion Saint-Cyr votée le 10 mars 1818 impose le recrutement d’un contingent de quarante milles hommes et permet le système de remplacement qui était prévu par une loi votée en 1802. La durée du service est de six ans, puis les conscrits sont versés dans la réserve. En 1829, la durée du service passe à huit ans. Jusqu’en 1872, diverses lois vont contribuer à organiser un service militaire où il est possible de payer pour les années que l’on ne veut pas faire.
La loi Thiers du 27 juillet 1872, rapportée par le marquis de Chasseloup-Laubat définit le service militaire comme « une nécessité sociale qui s’imposerait à notre pays alors même que la défense de notre sol ne le commanderai pas impérativement, car il est un lieu de création de lien social et contribue à l’unité nationale ».
Il y a obligation pour tous les citoyens français d’une période de vingt ans tirés au sort, le remplacement est abrogé, mais diverses exemption comme le soutien de famille sont tolérées. Le service militaire se décompose en quatre
phases :
® cinq ans dans l’armée active,
® quatre ans dans la réserve d’active,
® cinq ans dans l’armée territoriale,
® six ans dans la réserve territoriale.
La loi Freycinet du 15 juillet 1889, redéfinit le tirage au sort et réduit le service à trois ans. Par la loi du 21 mars 1905 (loi Jourdan-Delbel), le législateur abroge le tirage au sort et impose un service militaire personnel et obligatoire pour tous d’une durée de deux ans. Toute dispense est exclue. Un sursis est possible dans certains cas. Le 07 août 1913, la durée du service passe de deux à trois ans, pour pouvoir disposer d’un corps de troupe étoffé face à l’Allemagne.
Sa réduction intervient le 23 avril 1923 par un vote du Parlement, il passe alors à dix huit mois. Ceci correspond à une armée de terre de trente deux divisions d’infanterie métropolitaines et six de cavalerie. Cette loi sur le service militaire apporte deux grandes innovations :
® La disponibilité : les conscrits peuvent être appelés dans les deux ans qui suivent leur service, pour permettre la mise sur pied sans mobilisation des troupes de couverture. Cette mesure est mise en exécution pendant le crise des Sudètes.
® Les réserves : Chaque soldat est appelé dans la réserve à la fin de son service, il doit vingt huit années d’obligations militaires tout d’abord dans la première réserve jusqu’à quarante ans puis dans la deuxième réserve jusqu’à quarante huit ans. Ainsi notre armée dispose de deux types d’unités de réserve, les unités de « série A » constituées des éléments de la première réserve et les unités de « série B » constituées des éléments de la deuxième réserve.
Ces deux mesures améliorent la qualité du contingent grâce aux périodes d’exercices (huit semaines jusqu’à quarante ans), alliés aux élèves officiers de réserve. Ces derniers permettront à l’armée mobilisée de disposer de cadres de complément. Les gendarmes, par leur statut de sous-officier datant des premières années du 20ème siècle, servent au moment de la mobilisation de cadres de complément pour les formations de réserve.
En 1928, le service militaire passe à douze mois, l’armée de terre se réorganisera ensuite autour de vingt divisions d’infanterie métropolitaines et cinq de cavalerie. On puise alors dans les réserves humaines de notre Empire Colonial pour lever de nouvelles troupes et créer de nouvelles divisions.
Source : http://www.atf40.fr/ATF40/documents/chapitre%201.pdf
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