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| Les poilus, héros ou victimes ? | |
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L'auteur de ce message est actuellement banni du forum - Voir le message | milguerres
Nombre de messages : 1257 Date d'inscription : 13/01/2014
| Sujet: Les poilus, héros ou victimes ? Dim 19 Jan 2014 - 23:48 | |
| http://www.crid1418.org/agenda/?p=562
« Les poilus, héros ou victimes ? ».
Quelques rectifications nécessaires à l’article de Jean-Dominique Merchet paru dans Marianne, 813, 17-23 novembre (p. 74-75). (voir ci-dessous l'article concerné) L’article de Jean-Dominique Merchet,« Les poilus, héros ou victimes ? » comporte plusieurs erreurs d’analyse, qui me semblent devoir être redressées : Sur la question de la ténacité des soldats de la Grande Guerre : - Avec Rémy Cazals, selon vous, j’estimerais que les soldats « agirent sous la contrainte de la discipline militaire, voire sous l’emprise de l’alcool ». C’est proprement faux, en particulier pour le second membre de l’explication. Je n’ai jamais écrit rien de semblable : parce qu’ainsi présenté c’est inexact. Les motivations des soldats sont complexes, multiples et changeantes. Voilà ce que je défends, avec d’autres. Elles ne peuvent cependant, en rien, se réduire à des croyances patriotiques. Ensuite sur les soldats exécutés en 14-18 : - La question ne peut se réduire à une lutte de la gauche qui aurait fait de la mémoire des « fusillés » un « marqueur identitaire » (les mutins de 1917 sont loin d’épuiser, comme vous le rappelez, la mémoire des exécutions en 14-18). Dès l’immédiat après-guerre, les critiques de la justice militaire s’expriment aussi dans les mouvements de droite ancien-combattant, comme l’Union Nationale des Combattants (UNC), qui se bat pour la réhabilitation de plusieurs fusillés, et même chez le très patriote ministre André Maginot qui dénonce une justice sommaire ; pour ne citer que cela. - Enfin absolument rien ne permet de déduire de mes travaux ou d’historiens proches, l’ouverture vers une « repentance collective », c’est-à-dire une action concrète de l’Etat en faveur des fusillés de 14-18. Je me suis toujours exprimé, au contraire en sens inverse, en expliquant qu’on ne peut rejuger l’histoire et que les enjeux de mémoire de cet ordre doivent rester, autant que possible, en dehors de la sphère du droit, et surtout que l’historien n’avait pas à donner son avis en surplomb. Nicolas Offenstadt, 8 décembre 2012 http://www.crid1418.org/agenda/?p=562 Histoire : faut-il s'excuser ? Les poilus, héros ou victimes ? Jean-Dominique Merchet - Marianne http://www.marianne.net/Les-poilus-heros-ou-victimes%C2%A0_a224351.html Deux écoles s'affrontent sur les soldats de la Grande Guerre. Pour l'une, ils agirent sous la contrainte ; pour l'autre, par patriotisme.Pendant les quatre années de la Première Guerre mondiale, 915 soldats français sont morts chaque jour, et ce chiffre vertigineux ne représente que 15 % de l'ensemble des militaires de toute nationalité tués dans ce conflit. La faute à qui ? Alors que la France se prépare à célébrer le centenaire du début de la Grande Guerre, en 2014, la question se pose toujours, mais en des termes sans cesse renouvelés, comme s'il fallait désigner un coupable pour expliquer cette tragédie européenne. On est ainsi passé de la recherche de responsable unique (le bellicisme allemand, «l'impérialisme, stade suprême du capitalisme», l'échec des Etats-nations ?) à des questionnements sur le rôle des généraux et des politiques, vite transformés en bataille idéologique... Depuis une quinzaine d'années, les principales polémiques concernent les fusillés et les mutineries au sein de l'armée française, notamment en 1917. L'affaire éclate en 1998, lorsque le Premier ministre Lionel Jospin demande que les mutins soient «réintégrés pleinement dans notre mémoire nationale». La droite s'emporte alors, mais finit, quelques années plus tard, par lui donner raison avec Nicolas Sarkozy, qui déclara le 11 novembre 2011 dans une indifférence quasi générale que «tous furent des héros, [...] même ceux qui refusèrent un jour d'avancer parce qu'ils n'en pouvaient plus». Le 11 novembre 2012, le sous-lieutenant Chapelant, fusillé le 11 octobre 1914, non pour mutinerie mais pour rédition, s'est vu attribuer la mention «mort pour la France» par le ministre des Anciens Combattants, Kader Arif. Tenir dans l'enfer des tranchées Depuis les années 20, cette question avait été une sorte de «marqueur identitaire» pour la partie de la gauche qui gardait la nostalgie des mutins de la révolution russe de 1917 et en voyait les prodromes français dans ceux du Chemin des Dames. On entonnait la Chanson de Craonne, après le Temps des cerises et Gloire au 17e... Cette gauche en excluait une autre - celle qui, justement, gouverna la France pendant la Grande Guerre. Alors qu'en 1998 il lui proposait de célébrer Clemenceau, le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants Jean-Pierre Masseret (PS) s'attira cette réplique sans appel de Lionel Jospin : «Je ne suis pas clémenciste, je suis jaurésien !» Ces polémiques d'hier ont finalement cédé le pas devant les progrès de la connaissance historique. Ainsi, sur la question des fusillés, le général André Bach, ancien chef du service historique de l'armée de terre, a établi «avec une marge d'erreur de 10 %» que 550 militaires avaient été exécutés pour désobeissance, la plupart d'entre eux au début de la guerre et non en 1917. Quant aux mutineries, le jeune historien André Loez (14-18 : les Refus de la guerre, Folio Histoire, 2010) en montre à la fois toute l'ampleur et les limites. Ainsi, elles ne sont pas déclenchées pendant l'hécatombe de l'offensive d'avril 1917, mais à la suite de l'échec de cette opération - la perspective de la victoire s'éloignant une nouvelle fois. Au plan académique, les querelles tournent aujourd'hui autour de la question de savoir pourquoi les poilus ont-ils tenu dans l'enfer des tranchées. Deux écoles s'affrontent, avec talent et violence. D'un côté, des historiens (Nicolas Offenstadt, Rémy Cazals...) jugent que les soldats agirent sous la contrainte de la discipline militaire, voire sous l'emprise de l'alcool. En face, d'autres chercheurs (Annette Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau...) privilégient le consentement, l'adhésion à la République et à la patrie. Selon la réponse, les poilus sont soit des victimes, soit des héros. Dans un cas, la porte est ouverte à la repentance collective, dans l'autre, à la célébration. On n'en finit pas... *Article publié dans le numéro 813 du magazine Marianne paru le 17 novembre 2012. http://www.marianne.net/Les-poilus-heros-ou-victimes%C2%A0_a224351.html | |
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| Sujet: Re: Les poilus, héros ou victimes ? Dim 19 Jan 2014 - 23:49 | |
| Une nouvelle histoire des mutineries de 1917 vu par Romain Ducoulombier
http://www.laviedesidees.fr/Une-nouvelle-histoire-des.html
article ci-dessous disponible également sous document pdf : http://www.laviedesidees.fr/IMG/pdf/20100421_ducoulombier.pdf L’historiographie de la Grande Guerre est arrivée à l’heure des refus [1] : la publication de l’ouvrage d’André Loez consacré aux mutineries françaises de 1917 confirme ce basculement. Depuis le livre pionnier de l’historien Guy Pedroncini en 1967, cet événement-symbole a souvent été considéré comme marginal, éphémère et inconséquent : s’il n’était pas le fruit d’un complot pacifiste, il s’agissait, selon Guy Pedroncini, non pas d’un « refus de se battre », mais d’un « refus d’une certaine manière de le faire » [2]. Par la suite, la mémoire collective a figé les mutins dans un consensus compassionnel, vivement mis en lumière par le discours de Lionel Jospin à Craonne en 1998 [3].
Avec une rigueur et une clarté remarquables, André Loez se tient à distance de ces interprétations consacrées. Il réfute de manière convaincante les conclusions de Pedroncini et ouvre par là de nouvelles perspectives pour une socio-histoire globale des refus de guerre entre 1914 et 1918, en rupture avec l’anthropologie culturelle du conflit constituée autour de l’hypothèse du « consentement ». La crise de désobéissance de l’armée française en 1917
Les mutineries d’avril-juin 1917 ne sont pas un événement mineur et marginal pendant le conflit. Avec la mise en évidence de vingt-sept mutineries supplémentaires – pour un total de 111 mutineries dans 61 divisions –, la portée directe de l’événement se trouve élargie : pour obtenir ce chiffre, André Loez a écarté en effet la centaine d’incidents comptabilisés par Guy Pedroncini ou Denis Rolland [4], qui renvoient à des faits dont on ne sait presque rien, pour y ajouter ces nouveaux désordres révélés par l’archive et le témoignage. On ergotera sans doute sur l’étendue du mouvement, qu’une documentation nécessairement lacunaire ne peut rendre dans toute son ampleur. Ce serait manquer le cœur de la démonstration d’André Loez : les mutineries forment en réalité le noyau d’un « halo » d’indiscipline qui traverse l’armée française au printemps 1917. Les désertions et les permissions prolongées se multiplient : dans les cinq divisions étudiées par l’auteur, le nombre des désertions a doublé à la mi-mai 1917, et même triplé à la fin mai et au mois de juin (p. 209). Dans la 77e Division d’infanterie (DI), 15 % de l’effectif a quitté « illégalement » le front : les limites de la désobéissance de la fin du printemps 1917, lors duquel s’ébauche un mouvement d’auto-démobilisation comparable à celui qu’expérimentent les armées russe ou allemande, s’en trouvent redessinées. En fait, c’est la vague des désobéissances collectives qui impose l’arrêt des offensives jusqu’à l’automne, contre le souhait de Pétain devenu généralissime à la veille des événements.
Les mutineries, par ailleurs, s’inscrivent dans un « continuum d’indiscipline » (Timothy Parsons [5]) qui traverse le conflit dès son origine. Il ne faut donc pas avoir une lecture linéaire des événements du printemps 1917 : il ne s’agit pas d’une démobilisation suivie, après son échec, d’une remobilisation patriotique. C’est le sens même du terme de « refus » qui doit en effet être repensé. Il ne s’agit pas d’entendre par là un rejet motivé, politiquement articulé du sens de la guerre : le pacifisme ne forme que l’extrémité la plus élaborée d’un vaste éventail de prises de parole. Ces refus se situent au contraire au croisement de deux logiques : une logique de réticence à la guerre, et une logique de recours illégal à l’indiscipline. Refuser la guerre, c’est bien « vouloir qu’elle se termine, ne plus vouloir y participer, mettre en pratique cette volonté » (p. 545). Le refus de guerre peut donc prendre la forme du désordre incohérent, de la manifestation bruyante et sans suite, ou au contraire devenir pétition, cortège, marche sur Paris : on ne saurait pour autant en disqualifier les formes les plus anodines. Les mutineries : un mouvement social en temps de guerre
Les mutineries constituent, au sein de l’institution massive qu’est l’armée française de 1917, un mouvement social en temps de guerre : elles peuvent donc être pensées à l’aide d’une sociologie des mouvements sociaux improbables ou émergents, que l’auteur maîtrise avec une grande rigueur. Elles se déploient cependant dans le contexte particulier du conflit de 1914, pendant lequel les manifestations et les prises de parole publiques, qu’elles soient hostiles ou non à la guerre, sont strictement surveillées : par définition, les mutineries sont transgressives, même si leurs effets ont pu être limités. Le fait qu’elles se produisent au printemps 1917 – et non avant ou après cette date – tient néanmoins à l’accumulation précipitée d’événements qui les précède : c’est la modification cumulative de la structure des opportunités perçue par les acteurs qui leur procure le sentiment de pouvoir agir. Cette interprétation nouvelle réclame donc de reconstituer avec précision la chronologie des événements, pour en restituer l’enchaînement précis, mais aussi de dresser une sociologie de la cohorte improvisée des mutins.
Pourquoi les soldats se mutinent-ils ? Le plus souvent, les mutineries éclatent en raison de la perception d’une menace prochaine – d’attaque ou de remontée aux tranchées – ou de la contagion d’un autre mouvement transmise par la rumeur. Le « mode de raisonnement indiciaire » des soldats (p. 178) favorise la consolidation de l’inquiétude. En 1917, l’arrière est en effet devenu porteur d’angoisse dans des proportions jusque-là inédites : des rumeurs catastrophistes circulent à la faveur des grèves qui éclatent à Paris et en province, mais qui reflueront avant que les mutineries n’aient atteint leur apogée – du 30 mai au 7 juin 1917. L’inquiétude collective portée par la rumeur s’est nourrie de la série d’événements accumulés de part et d’autre de l’offensive Nivelle et de son échec au Chemin des Dames, avec lequel s’est refermé l’espoir de l’offensive « finale ». L’annonce du repli allemand de mars 1917, la publication des propositions de paix bolcheviques le 14 mai, le début de la campagne de reportages sur la Russie révolutionnaire dans Le Petit Parisien le 20 mai, les grèves parisiennes et l’attente de la conférence internationale socialiste de Stockholm, qui devait permettre à une Internationale rassemblée de formuler un vœu de paix : tous ces événements forment un faisceau qui donne aux soldats le sentiment d’une possible « fin » en faveur de laquelle prendre la parole pourrait peser. Dès lors, la nomination de Pétain comme généralissime, le 15 mai, est parfois perçue par la troupe comme un signe, non pas de rétablissement, mais de flottement dans l’armée.
Un mouvement analogue, mais inverse, préside à la rétraction des mutineries : le refus des passeports pour Stockholm, sous la pression de Pétain, et le discours du président du Conseil le 1er juin qui rejette tout compromis de paix privent le mouvement de toute issue plausible, tandis que la reprise en mains progressive de l’institution militaire étouffe sa dynamique. La fin des mutineries s’apparente au délitement ordinaire des mouvements sociaux de temps de paix, dans un contexte contraire (p. 502). Le rôle de Pétain
La reconstitution de la chronologie précise des mutineries dissipe ce qui reste encore – peu de chose, à vrai dire – de l’aura du Pétain de 1917. Deux idées reçues continuent d’entourer le rôle de ce dernier : celui-ci aurait été nommé pour stopper les mutineries ; il aurait fait preuve, dans cette entreprise, d’une certaine mansuétude pour les soldats mutinés. En réalité, le généralissime n’a pas été appelé pour « rétablir l’ordre », puisqu’il est nommé plusieurs jours avant que le gouvernement ne soit informé du mouvement mutin, les 26 et 27 mai. La limitation du nombre d’exécutions n’est pas non plus à mettre à son actif : la répression est moins modérée qu’encadrée et freinée par le pouvoir politique (p. 516). C’est Pétain, au contraire, qui a rétabli début juin les modalités d’une justice d’exception, identique à celle qui avait régné au début de la guerre : les conseils de guerre spéciaux, supprimés en avril 1916, sont rétablis pour quelques semaines au cours desquelles 57 soldats sont exécutés [6]. Mais la répression – prison, travaux forcés – est réelle et ne saurait être réduite à ces fusillés pour l’exemple, à défaut des « meneurs » bien difficiles à identifier.
Le passage à l’action est le fait d’un nombre minoritaire de soldats : l’auteur, par conséquent, ne conteste nullement le fait que les mutins forment un groupe limité d’individus. De nombreux historiens en ont tiré argument pour conclure que les mutineries n’étaient qu’un mouvement limité et marginal de contestation ; en réalité, l’engagement et le refus sont toujours et partout l’exception numérique (p. 200). Les mutineries ne se distinguent donc pas d’autres mouvements sociaux. Reste donc à tenter de dresser une sociologie détaillée du groupe des mutins. Une sociologie des mutins
L’auteur reconnaît que l’exercice est difficile, par manque de sources. Il s’appuie cependant sur un corpus considérable de 1 757 individus puisés dans cinq divisions [7], répartis entre 443 « mutins » (condamnés pour des manifestations contre le conflit pendant les mutineries) et 1 314 « non-mutins » (jugés pour divers faits de désobéissance tout au long de l’année 1917). La proportion d’hommes déjà condamnés dans les deux groupes est presque identique : les mutins ne sont donc pas de « fortes têtes » ou de « mauvais soldats » déjà condamnés. L’appartenance à un département occupé par l’ennemi ne prémunit nullement contre la participation au mouvement mutin. La présence des « Parisiens » y est plus forte, sans doute du fait de la possession partagée d’un savoir-faire revendicatif mieux diffusé dans la capitale. Les mutins, par contre, sont des « jeunes » : plus de 50 % d’entre eux appartiennent aux classes 1914 à 1917. Ils n’ont donc pas connu « 1914 », moment de cristallisation de l’argumentaire de la guerre défensive française, et ont été socialisés dans une troupe traversée par un discours diffus du refus. La composition socioprofessionnelle du groupe mutin est également révélatrice : les ouvriers en sont quasiment absents, de même que les professions les plus dominées socialement – charretiers, terrassiers ou journaliers. Ce sont, parmi les combattants exposés, les plus instruits et les moins dominés qui passent à l’action ; la présence d’instituteurs exclusivement parmi les mutins est elle aussi significative. La propension à la mutinerie est d’autant plus forte que le sentiment d’enfermement dans une guerre à perpétuité peut s’exprimer de manière socialement articulée.
Par le recours à la sociologie, l’auteur prend ses distances avec les interprétations qui font de la volonté et de la conscience individuelles le ressort des actes et des pratiques collectives. Une armée en guerre est une institution de masse qui demande à être étudiée comme telle. Il n’est donc pas nécessaire de vouloir la guerre pour devoir la faire : les États modernes ont en effet développé leur puissance en mobilisant leurs citoyens, plus ou moins contre leur gré. Les soldats ont donc été contraints de justifier leur présence au front, sans jamais disposer de la possibilité réelle de s’y soustraire. Être soldat est un statut involontaire, provisoire et partiel (p. 27). L’auteur, à la suite de Gérard Noiriel, se défie par conséquent de la manière avec laquelle de nombreux historiens imputent au populaire des sentiments patriotiques dont l’existence n’est pas massivement attestée par l’archive : il existe au contraire, selon André Loez, un rapport ordinaire au conflit qui ne suppose pas une adhésion volontaire et articulée au système de sens imposé, pour l’essentiel, par les élites pour justifier la guerre.
On ne saurait oublier, cependant, que la mise en œuvre par les États de techniques de mobilisation collective s’est précisément opérée, jusqu’à la veille de la guerre de 1914, sous la forme de la nationalisation des masses. La structuration par l’État d’une population diverse au moyen d’une identité nationale qui permet à un peuple inventé de se percevoir comme un sujet de l’histoire est un processus institutionnel et symbolique extrêmement puissant qui enserre les individus. Sans le nommer explicitement, André Loez en rappelle à plusieurs reprises les principaux dispositifs : l’institution scolaire et une théologie nationale formulée par les intellectuels et les détenteurs du pouvoir culturel. Certes, les formes d’adhésion qu’il suscite ne peuvent être réduites à un consentement volontaire et explicite : on ne divorce pas d’une armée en guerre. Mais cette nationalisation des masses ne saurait rester entièrement impensée, quand bien même il s’agirait d’échapper à une conception réductrice de celle-ci. C’est le mystère de la mobilisation de 1914 : les individus reconnaissent, pour l’avoir trop méconnue et tacitement acceptée, l’existence d’une entité qui légitime l’acte de tuer et réclame le sacrifice anticipé de soi. Il en reste quelque chose, en 1917, quand avorte ce mouvement social inachevé.
Si la guerre est un secret que seuls les combattants connaissent, la paix n’est pas leur affaire : selon André Loez, ce ne sont pas eux, ni en Russie ni ailleurs en Europe, qui ont décidé de l’issue du conflit – ni d’aucun autre d’ailleurs –, quelles que soient la radicalité de leur mouvement et l’ampleur de leur indiscipline. La légitimité écrasante de la guerre défensive française les a condamnés à attendre la victoire, pour que soit remboursée une dette incommensurable exigée d’un État sur lequel, en vérité, leurs « droits » magnifiés par Clemenceau en 1919 étaient bien faibles.NOTES [1] Romain Ducoulombier, « La guerre des profiteurs et des embusqués », La Vie des Idées, 11 novembre 2008. Temps d’héroïsme et de sacrifice des combattants, la Grande Guerre est aussi l’occasion pour d’autres citoyens de s’enrichir ou de se soustraire à leur devoir patriotique. Deux livres récents se penchent sur la place des profiteurs et des embusqués dans l’imaginaire social du temps de guerre et sur la répression de ces pratiques jugées scandaleuses. pour en savoir plus , téléchargez document pdf : http://www.laviedesidees.fr/IMG/pdf/20081111_ducoulombier.pdf----------- [2] Guy Pedroncini, Les Mutineries de 1917, Paris, PUF, 1967, p. 312-313. [3] Philippe Olivera, « Le mutin derrière le fusillé, ou le silence durable de l’acteur », in André Loez, Nicolas Mariot (dir.), Obéir/Désobéir. Les mutineries de 1917 en perspective, Paris, La Découverte, 2008, p. 416-432. [4] Denis Rolland, La Grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005. [5] Timothy Parsons, The 1964 Army Mutinies and the Making of Modern East Africa, Londres, Praeger, 2003. [6] 26 soldats sont condamnés pour des manifestations « collectives » de désobéissance, les autres à titre seulement « individuel ». On peut débattre par conséquent de l’appartenance des seconds au groupe des fusillés pour actes de mutinerie.---------- [7] L’annexe de la thèse d’André Loez relative à cette sociologie des mutins est disponible sur http://www.crid1418.org/doc/mutins. qui relate : ETUDE COMPLETE REALISEE AUTOUR DU LIVRE de André LOPEZ 14-18 Refus de la guerre Une histoire des mutinsCe livre étudie, pour la première fois, les mutins de 1917 eux-mêmes. En saisissant les pratiques et les discours protestataires au moment même où l’événement surgit, dans son intensité première, lorsque des mutins manifestent, chantent l’Internationale, envisagent de « marcher sur Paris », l’ouvrage replace les mutineries au cœur de la Grande Guerre, dont il permet de renouveler le récit. Ainsi, dans les débats sur la guerre et la ténacité des combattants, il entend apporter une pièce manquante, à travers l’unique événement qui constitue, en France, une rupture frontale de l’obéissance et du consensus. Mais l’étude des mutins, de leurs gestes et de leurs mots, ne conduit pas à réactiver l’opposition simpliste du « patriotisme » et du « pacifisme ». Le livre redonne ainsi toute leur place aux hésitations des soldats, partagés entre dégoût du conflit et impératif du devoir ; aux incertitudes des officiers, entre désarroi et sévérité ; et à la force de l’institution militaire brièvement défiée. Il permet de repenser le refus de guerre, en retrouvant la difficulté de l’action collective dans le cadre improbable d’une armée en campagne. Cette étude des mutins est aussi l’histoire d’un échec, qui éclaire les logiques et les limites des mouvements sociaux les plus contemporains. C’est enfin l’histoire d’une répression, qui permet de comprendre l’arrière-plan des débats actuels sur la réhabilitation de ceux qui furent fusillés. Retrouver les mutins, c’est comprendre la guerre en miroir, à travers les mots et les actes de ceux qui la refusèrent.thèmes ci-dessous extraits et publiés à partir de : http://www.crid1418.org/doc/mutins. ----- -Annexe à télécharger au format .pdf (tableaux, sources, bibliographie, documents).http://www.crid1418.org/espace_scientifique/ouvrages/Loez_mutins_anx.pdfCette annexe comporte quatre parties : I. Tableaux (p. 2) A. La connaissance des mutineries de 1917 B. Les témoins des mutineries C. La sociologie des mutins D. Les manifestations des mutins E. Les écrits des mutins F. La mesure de l’indiscipline et sa répression II. Sources (p. 18) Analyse des sources Liste des sources consultées (dont les témoignages) III. Bibliographie (p. 41) 1. Instruments de travail et cadres d’analyse 2. Histoire générale 3. Histoire et sociologie des mouvements sociaux 4. Première Guerre mondiale 5. Année 1917 et mutineries françaises IV. Documents et témoignages (p. 66) A.. Rapports militaires sur les mutineries B. Textes et documents des mutins de 1917. C. Récits des mutineries-Entretien de l'auteur avec la Lettre du Chemin des Dames (.pdf)en savoir plus en téléchargeant le pdf ci-dessous : http://www.crid1418.org/doc/actu/Loez_mutins_entretien.pdf« J’ai cherché à largement donner la parole à ces soldats »..../.... -Entretien de l'auteur avec La Raison (pdf)en savoir plus en téléchargeant le pdf ci-dessous : http://www.crid1418.org/doc/actu/entretien%20la%20raison.pdf -Recension dans Le Mouvement social (par Antoine Prost)http://mouvement-social.univ-paris1.fr/document.php?id=1642 André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, 2010 Revenir sur l’histoire des mutins après Guy Pédroncini, Len Smith et Denis Rolland ne manque pas d’ambition1. André Loez en a les moyens et il nous livre un ouvrage de première importance. Passons sur la clarté du plan et la fluidité de l’écriture. Passons sur l’ampleur de la documentation qu’attestent 94 pages de notes : outre les archives du commandement, des conseils de guerre, de la justice militaire, du contrôle postal, l’auteur a labouré celles des acteurs et les témoignages publiés2. L’important est sa problématique, qui renouvelle l’historiographie de la Grande Guerre.
Alors que les motivations des soldats étaient au centre du débat, André Loez tourne le dos à cette approche psychologique. Il est assez vain « de chercher dans les consciences des ‘raisons’ de tenir et de combattre, dans la mesure où aucun autre choix n’est disponible » (37). Il y a la guerre, un événement qui s’impose à tous, une évidence collective à laquelle les individus s’adaptent. Ils n’ont pas le choix. Ce « fait national » est « de part en part un fait social, irréductible à la psychologie et à la culture ou au patriotisme des seuls individus » (43). On semble ici congédier l’histoire culturelle, au profit d’une histoire sociale renouvelée.
Du coup, la question se déplace. Avant de chercher des raisons aux mutins, il faut comprendre pourquoi le choix d’une révolte est devenu possible au printemps de 1917. L’échec du Chemin des Dames n’est pas une explication suffisante : 22 unités seulement sur les 85 touchées par les mutineries avaient été engagées le 17 avril, tandis que 19 étaient au repos complet et 8 dans un secteur calme. La 5e DI, où la mutinerie fut spectaculaire, était en réserve. La dénonciation des attaques inutiles et la lassitude de la guerre apparaissent beaucoup plus tôt. La désobéissance des soldats ne relève donc pas d’une démotivation passagère et vite surmontée, mais elle révèle que « d’autres choix et d’autres conduites sont devenues possibles et pensables, en raison d’une inflexion des cadres sociaux et symboliques de l’obéissance » (56).
De nombreux événements construisent en effet une représentation de l’avenir où il devient envisageable que la guerre puisse prendre fin : avec la révolution russe, l’entrée en guerre des États-Unis, le recul allemand sur la ligne Hindenburg, l’espoir suscité par les préparatifs du Chemin des Dames, l’impression de flottement au sommet de la hiérarchie lors de la nomination de Pétain, la perspective d’une paix n’est plus absurde. Elle prend plus de consistance avec les grèves de mai et surtout le congrès socialiste de Stockholm auquel le parti français décide le 28 mai de se rendre, avant que le gouvernement ne refuse des passeports à ses délégués le 4 juin. L’exemple vite connu des premiers refus d’obéissance donne des idées. Nous sommes alors à l’apogée des mutineries.
A. Loez étudie attentivement celles sur lesquelles nous sommes le mieux renseignés. C’est tout un continuum de désobéissance, qui va de l’altercation avec un officier au projet de marche sur Paris. Le mouvement lui semble sous-estimé, car il a découvert, grâce notamment aux JMO, 27 mutineries jusque là ignorées, et deux de plus encore entre la rédaction de son livre et celle de son annexe. D’autre part, les sources françaises ne mentionnent pas 8 mutineries signalées par le commandement allemand qui, contrairement à ce qu’on croit souvent, les a connues. Il analyse la chronologie et la géographie du mouvement, comme la sociologie des mutins. Les employés de commerce ou de banque, les instituteurs, les représentants de commerce sont sur-représentés, tandis que les professions socialement dominées sont sous-représentées. Les mutins sont plus jeunes, moins souvent mariés et plus souvent parisiens que les non-mutins. Il étudie la façon dont les mutins s’organisent, ce qu’il appelle l’improvisation de la désobéissance. La conscience d’une transgression absolue et périlleuse de l’ordre militaire les incite à rendre leur action présentable. La violence envers les officiers est limitée à une douzaine de cas sur 80 pris en compte.
Reste évidemment la question du sens des mutineries. A. Loez refuse ici « la posture du chercheur omniscient qui sait lire et narrer le grand texte de l’histoire » (364). Qu’est-ce qui permet à l’historien de décider que telles paroles plutôt que telles autres livrent le sens véritable de l’événement ? De quel droit arbitrerait-il entre ces deux mutins d’un même régiment dont l’un explique : « On ne nous donne pas les permissions qui nous sont dues ni le repos qu’on nous a promis » tandis que l’autre affirme : « Il faut faire la paix à tout prix ; se battre comme ça, c’est idiot » (366). Les versions unifiées des mutineries, qui les présentent comme une grève pour des revendications matérielles, ou au contraire comme un mouvement pacifiste, reposent sur une généralisation abusive à partir de citations choisies pour les conclusions qu’elles autorisent. L’indispensable critique des témoignages doit tenir toujours compte des contextes d’énonciation, et ne pas détacher les discours des pratiques. Il y a là, sans qu’A. Loez la systématise, une réflexion épistémologique sur les limites des citations dans l’administration de la preuve en histoire. Nous ne pouvons pas savoir ce que pensaient, ce que ressentaient des centaines de mutins dont seuls quelques uns ont parlé et dont, de surcroît, la parole a été construite en fonction de la situation et des interlocuteurs : camarades présents, officiers ou juges du Conseil de guerre. L’attribution d’une pensée ou d’un discours, d’un sens unifié, aux soldats constitués en entité collective est arbitraire. Au demeurant, de quel droit postuler que tous les participants d’une action collective partagent les mêmes motivations ?
Refusant donc de privilégier le sens porté par certaines paroles plutôt que par d’autres, A. Loez les prend toutes en compte, avec une attention fine aux termes utilisés. La palette en est étendue, de ceux qui minimisent les mutineries : chahut, tapage, chambard, grabuge, rouspétance, à ceux qui en soulignent la gravité : révolte, grève, ou révolution, en un sens spécifique : « nous sommes en révolution ». En s’attachant simultanément à la diversité des pratiques, il définit ainsi quatre types de mutins : les tapageurs, pour qui la mutinerie est une sorte d’exutoire passager ; les grévistes, de bons soldats injustement traités ; les citoyens qui réclament leurs droits ; les militants, qui se mobilisent pour la fin de la guerre. Il ne faut donc pas se laisser enfermer dans l’alternative patriotes ou pacifistes : la réalité est beaucoup plus complexe et mouvante. Mais une constante demeure : la nécessité, pour les mutins, de construire la légitimité de leur action, ce qui les conduit à se situer à l’intérieur de l’espace politique de la République et à développer un égalitarisme intense.
La remise en ordre suit. A. Loez révise le rôle de Pétain. Celui-ci n’a pas été nommé pour mettre fin aux mutineries : sa nomination intervient le 15 mai, alors que le gouvernement ne connaît pas encore la crise qui débute à peine et dont il est saisi à la fin du mois. Pas davantage Pétain ne donne l’ordre de cesser les offensives : le 19 mai, il prescrit des attaques à objectifs limités, déchaînées brusquement, certes économes en infanterie, mais visant à poursuivre l’usure adverse. C’est bien plutôt la crise d’obéissance et la nécessité de rétablir d’abord l’ordre militaire qui l’obligent à renoncer aux attaques. D’autre part, il n’hésite pas à faire fusiller des mutins ; il obtient même (directive du 12 juin) la suspension des transmissions à l’autorité civile pour recours en grâce. Certes, quelques jours plus tard, il atténue cette sévérité en demandant de ne pas oublier qu’il s’agit de « nos soldats » qui se battent depuis trois ans, mais il reprend en mains les unités en mariant améliorations concrètes, exhortations, et rappel de la légitimité de la règle militaire. Les permissions satisfont les droits légitimes des poilus tout en dispersant provisoirement les éventuels mutins, ce qui facilite doublement le retour à l’ordre. Simultanément, le contexte se modifie, la perspective d’une fin possible de la guerre a court terme se dissipe, et les soldats rentrent dans le rang parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.
Le titre de l’ouvrage : « les refus de la guerre » résume bien la thèse d’A. Loez. Il montre comment, dans une situation qui s’impose à la collectivité toute entière, l’institution politique, sociale et militaire fait faire la guerre à des hommes qui la refusent. De nombreux témoignages attestent la précocité et la réalité de ce refus, mais la généralisation d’A. Loez me semble excessive : le refus n’épuise pas la réalité qui est plus complexe, et parfois contradictoire. A. Loez n’aborde pas le comportement des troupes de première ligne, bien qu’il y signale une mutinerie. Faut-il en conclure que ces troupes ne refusaient pas la guerre ? Rien ne le permet, et pourtant elles continuent à la faire. C’est donc que le refus coexiste avec d’autres sentiments, car le refus de la guerre est bien, lui aussi, un sentiment qui inspire des actes et des paroles, ou si l’on préfère, une attitude. Un an plus tard, les ouvriers étudiés par J.-L. Robert cessent leurs grèves quand Ludendorff perce le front : ils ne veulent pas être ceux par qui le malheur arrive.3 N’y a-t-il pas, chez les soldats, la même conscience d’une responsabilité devant la collectivité, les proches, les amis ? Imposée certes par le contexte : c’est la guerre, on n’y peut rien, mais elle n’en crée pas moins des obligations. Y a-t-il le même refus, en août et septembre 1914 ? A. Loez ne le soutient pas, même s’il juge vain d’explorer les sentiments quand la situation commande. Mais la situation ne façonne-t-elle pas aussi des émotions, des sentiments ? Et que serait une histoire sans émotions et sans sentiments ? A. Loez le sait parfaitement, et il leur fait en réalité leur place, après avoir mis en garde contre le risque d’y voir des causes alors que ce sont pour lui plutôt des effets. En quoi son livre est bien une histoire totale de la guerre : sociale, politique, militaire, mais aussi culturelle. Antoine Prost 1 Guy Pedroncini, 1917, Les mutineries de l'armée française, Paris, Julliard, 1968 ; Léonard V. Smith, Between Mutiny and Obedience. The Case ot the French Fith Infantry Division during World War I, Princeton, Princeton University Press, 1994 ; Denis Rolland, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005. 2 Les sources et la bibliographie figurent, avec la liste des mutineries retenues, dans une annexe de 86 pages consultable sur internet. 3 Jean-Louis Robert, Les Ouvriers, la Patrie et la Révolution. Paris 1914-1919, Les annales littéraires de l’Université de Besançon, n° 592, Série historique n° 11, 1995. -Recension sur Nonfiction.fr (par Pierre Chancerel)http://www.nonfiction.fr/article-3563-une_relecture_des_mutineries_de_1917.htm Une relecture des mutineries de 1917 L’histoire des mutineries de 1917 a engendré une importante littérature historique. Rupture évidente de la cohésion nationale, l’événement, même s’il est limité dans le temps, symbolise à lui seul la fin de l’Union sacrée. On pourrait croire que tout a été dit sur le sujet et pourtant André Loez apporte un éclairage nouveau sur ces événements. L’ouvrage est intéressant à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il renouvelle le questionnement sur les mutineries. Ensuite, plus généralement, son travail est l’occasion d’une réflexion plus générale sur les sources historiques, leur silence et leur sincérité, et sur le travail de l’historien en général. Au fil de la lecture, on est frappé par la grande rigueur de l’auteur, qui lui a permis de prendre en compte toutes les dimensions de ces mutineries et l’a conduit à s’intéresser à l’ensemble des mutins, et pas seulement aux plus cultivés d’entre eux.
L’ouvrage est étayé par une solide documentation. Il inaugure sans doute une nouvelle époque, dans laquelle l’exemplaire papier est complété par des ressources en ligne. Ainsi, des annexes au livre sont disponibles sur Internet, sur le site du Crid 14-18 (Collectif international de Recherches et de débat sur la guerre de 1914-1918). Ces documents sont constitués de tableaux qui recensent les différentes mutineries et les sources dont on dispose. Ils établissent également des données statistiques sur l’identité des mutins et de la répression qu’ils ont subie. Plus traditionnels, une bibliographie et un guide des sources figurent dans l’annexe en ligne, ce qui permet d’alléger le livre.
Toutes les composantes des mutineries ont été réexaminées. Pour commencer, les mutineries sont insérées dans le temps long. André Loez revisite l’historiographie récente de la Première Guerre mondiale. Il en vient à rejeter les explications traditionnelles du conflit. Pour lui, les soldats ne se sont pas battus par consentement, ou par patriotisme, pas plus qu’à cause du poids de la contrainte que l’autorité militaire ferait peser sur eux en cas de révolte. Il dépasse cette opposition et propose, au contraire, une nouvelle clé, une "hypothèse sociologique" , selon laquelle on ne fait la guerre tout simplement parce qu’on n’a pas le choix, aucune autre alternative valable n’existe pour les combattants. Dans une société qui exalte la virilité et le courage, déserter ou refuser la guerre est tout simplement impossible. André Loez montre que les soldats s’adaptent peu à peu au conflit et à sa durée. S’instaure un "rapport ordinaire à la guerre" , selon lequel être soldat devient un métier et génère de nouvelles habitudes, de nouvelles pratiques. Dans ces conditions, on espère la fin de la guerre, sans pouvoir la penser formellement. Chaque événement extérieur n’est espéré que dans la mesure où il peut abréger le conflit et mettre un terme aux terribles conditions de vie des combattants. Les refus d’obéissance sont toujours isolés et ne sauraient remettre en cause la guerre dans son ensemble. Pierre CHANCEREL -Réponse aux critiques de Leonard Smith dans le Journal of Military History (vol 75-1, janvier 2011, format pdf)Texte paru dans le volume 75, n°1, du Journal of Military History, janvier 2011, p. 350-351, en réponse au compterendu écrit par Leonard V. Smith dans le n°74-4 d’octobre 2010, p. 1301-1303.... en savoir plus en téléchargeant le pdf ci-dessous : http://www.crid1418.org/doc/textes/loez_smith_jmh.pdf sources http://www.laviedesidees.fr/Une-nouvelle-histoire-des.html http://www.crid1418.org/doc/mutins http://mouvement-social.univ-paris1.fr/document.php?id=1642 http://www.nonfiction.fr/article-3563-une_relecture_des_mutineries_de_1917.htm | |
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