En 1948 ou plutôt en 1949, nous avions subi une violente attaque de nuit par les viets.
Vers 0400 heures du matin, je me trouvais dans le blockaus où la 12,7 servie par l'adjudant LEBERT ou LAMBERT, un vieux de la vieille, avait vidé des caissons de cartouches sur les assaillants.
Je me trouvais seul à fumer une cigarette quand j'entends un bruit familier, celui d'une boîte de conserve vide attachée aux barbelés.
C'était donc le vent ou un viet qui rampait.
Je regarde car il faisait encore très sombre malgré le clair de lune et j'aperçois à 100 mètres environ un viet rampant centimètre par centimètre parallèlement au poste.
J'ai d'abord pensé qu'il avait une charge creuse et qu'il allait la faire exploser profitant du relachement après l'attaque.
Je patiente et je vois à quelques mètres devant lui un viet allongé dans les bambous aiguisés que nous avions plantés plantés sous les barbelés.
J'attends qu'il le rejoigne et arme la 12,7. Le bruit de la culasse en pleine nuit le fait tressaillir et son visage se tourne vers l'origine du claquement et il m'aperçoit.
Je n'avais qu'à appuyer sur la détente pour les découper tous les deux en rondelles.... j'attends et je vois le viet rejoindre son copain et le tirer par les pieds pour le sortir de là.
Le jour se levant, je vois le viet couvert de sang. Son copain avait eu le courage de venir le récupérer et me fixait des yeux se demandant à quel moment j'allais ouvrir le feu.
Les sentinelles du poste n'avaient rien vu ! nos sénégalais avient envie de dormir ....
J'ai attendu que les deux viets soient sortis des abords du poste pour aller me coucher.
Je me demande encore si les viets auraient agi de même ?
Connaissant leurs méthodes vis à vis des prisonniers alors qu'à l'époque nous les ignorions ; je n'aurais certainement pas bénéficié d'un tel cadeau.
J'avais fait ma BA de la journée !
Gantheret