Début de la Bataille du Day en Indochine
Le 29 mai 1951 Dans la nuit du 28 au 29 mai 1951, le général vietnamien Giap lance sa troisième offensive contre le delta du fleuve Rouge depuis le début de l'année.
C'est la bataille du Day, du nom de la rivière qui coule au sud ouest de Hanoi. Les roches de Ninh-Binh (aujourd'hui Cuc Phûong) qui surplombent la rivière constitue un verrou stratégique. Pour le général Giap il s’agit de détruire le front du delta mis en place par le général de Lattre de Tassigny (commandant en chef de l'Indochine) et ainsi atteindre le grenier à riz que représente la plaine fertile du bas fleuve rouge.
La zone est tenue par le commando François aux ordres du lieutenant de vaisseau Labbens ainsi que par un escadron du 1er Chasseur, formé de troupes indochinoises commandées par le lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, fils unique du général. Les troupes françaises n’ont pas de refuge hormis une église et la formation rocheuse qui surplombe la rivière.
L’assaut donné par des milliers de Bô Doï de la Daï Doan (division) est particulièrement violent et les pitons de Ninh Binh sont pris par les combattants du Vietminh.
Les soldats tiennent toute la nuit pour finalement céder à bout de munitions. Cependant cet échec est aussi une victoire car en résistant aussi longtemps ils sont parvenus à faire perdre une journée complète au général Giap qui comptait pourtant sur l’effet de surprise pour gagner la bataille finale.
C’est au cours de la bataille le 30 mai 1951, que le lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, fils du célèbre général, a trouvé la mort en défendant le « piton ouest ».
La bataille qui a eu lieu cette nuit là marque le début de ce que l’on nomme la "bataille du Day" qui se termine le 7 juin 1951 et qui constitue un épisode marquant de la guerre d'Indochine.
Elle s'inscrit dans une série d'opérations militaires lancées au premier semestre 1951 afin de contrôler les environs de Hanoï.
Après la bataille de Ninh Binh le général Giap abandonne les batailles classiques pour se tourner vers la guérilla.
Côté français, la dépouille du lieutenant de Lattre est transportée à Hanoï, et la résidence du haut commissaire est transformée en chapelle ardente : le fils décédé du "roi Jean" devient un héros.
En France, de nombreux reportages sont tournés afin de saluer le courage des soldats français. Un document d’archive notamment présente des images de la guerre d'Indochine pour raconter l'histoire d'un sacrifice, celui du lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny : de nombreuses images tournées hors contexte du sujet (avions, chasseurs ou bombardiers, saut de parachutistes, arrestation de soldats vietminh, tirs d'artillerie) sont montées avec quelques plans pris à la fin de la bataille de Ninh Binh, lorsque les pitons ont été repris et le drapeau tricolore hissé sur la position.
On célèbre le sacrifice réalisé par le fils du général pour maintenir les positions de la France en Indochine.
Les noms de ses camarades tombés également au feu sont passés sous silence, tout comme la présence des troupes coloniales sur les lieux des combats : les Indochinois qui servaient sous les ordres du lieutenant de Lattre sont absents des images, tout comme les hommes du Groupement mobile nord-africain qui font tonner l'artillerie, mais sont remplacés sur les images utilisées par des soldats métropolitains.
Les différents reportages s’insèrent dans une opération de communication qui transforme en héros un soldat au patronyme connu et condamne au silence et à l'anonymat ses camarades.
Mais l'héroïsme de tous permet à la France de maintenir sa présence en Indochine et d'affronter victorieusement l'adversaire.