Bonjour,
L’armée française : pourquoi faire ?
De même que le visage, dit-on, est le reflet de l’âme, l’armée est le reflet de la nation.
Or si la nation n’est plus grand-chose, l’armée ne l’est pas non plus.
Dés lors, l’armée française, qui est pourtant un des derniers refuges des valeurs fondamentales de la nation, ne serait-elle pas, avant tout, victime de la dégradation de notre société ?
La misère de nos armes
Il ne faut pas pourtant se résigner et dénoncer haut et fort tant qu’il est encore temps la grande misère de nos armées.
Disons-le d’entrée de jeu, la France ne dépense pas assez pour son armée, du moins en regard des intentions et des ambitions affichées.
L’armée française est certes, et dans une certaine mesure, victime de la « crise ».
Elle est ainsi devenue, au fil des années, la variable résiduelle d’ajustement budgétaire, celle qu’on taille et retaille dans l’espoir, au demeurant toujours déçu, de parvenir à l’équilibre budgétaire.
Mais les 23 500 postes supprimés dans l’armée sont plus que compensés par la création, parfaitement démagogique, de 60 000 postes d’enseignants, déjà en sur nombre.
Car la voix de la Grande Muette est bien faible en regard des vociférations qui accueillent toute mesure portant atteinte à l’obésité d’autres secteurs de notre société d’abondance.
Cela dit, la loi de programmation militaire de 5 ans (LPM) qui devra couvrir la période 2014/2019 a quand même été accueillie par une vive désapprobation de la part des meilleurs observateurs militaires.
Cela se comprend.
Car elle poursuit le processus de compression du budget de nos forces armées déjà largement amorcé sous Nicolas Sarkozy.
Tout cela est connu.
Mais il faut quand même le rappeler à une opinion qui n’y accorde qu’une attention distraite à ces questions pourtant cruciales, avant de se plonger dans les délices du prochain match de foot.
La France est-elle en passe de se donner une armée croupion ?
La question mérite d’être posée. Certes, le montant des crédits prévus est, en principe, « sanctuarisé » comme on dit.
Promis juré, on n’y touchera pas.
A ceci près que la projection des crédits ne tient pas compte de l’inflation. A 2,5 % l’an, cela signifie déjà, en cumulé, une amputation d’environ 13 % sur 5 ans. Ce n’est pas rien. Sans compter d’autres conditions permissives concernant des recettes à caractère exceptionnel à réaliser, donc forcément aléatoires.
La contraction à la fois des budgets et des effectifs amorcée depuis une trentaine d’année se poursuit donc sans discontinuer. Le budget de nos forces, qui avait atteint 3,5 % du PNB atteint sous de Gaulle, est retombé à 1,5 % aujourd’hui avant de décliner vraisemblablement, à 1,3 % demain. Et pourtant la France est devenue bien plus riche qu’à cette époque.
La LPM prévoit, comme la presse s’en est fait l’écho, la suppression de 23 500 postes, dont 9 000 pour les forces opérationnelles et 14 500 pour le soutien alors que les effectifs de l’armée avaient déjà été fortement réduits dans la période précédente. En effet, la loi LPG 2006/2013 avait déjà supprimé 54 000 postes. Au total, ce sont donc 75 000 postes qui auront été retirés aux effectifs des armées en un peu moins de 10 ans, soit près d’un quart des effectifs totaux. Imaginons une ponction aussi forte opérée sur le personnel de l’éducation nationale. Ce serait la révolution.
Cette réduction des effectifs comporte aussi l’inconvénient majeur de déséquilibrer fortement la pyramide des effectifs avec hypertrophie au sommet et insuffisance à la base. L’armée tend à ressembler à un nain à tête trop volumineuse pour le reste du corps (ou pire encore à l’armée mexicaine de légende).
Au surplus, 4 bases aériennes seront mises en sommeil et 4 à 5 régiments dissous (dont un régiment de dragons équipé de chars Leclerc ).
Les effectifs, eux, seront comprimés comme on l’a vu, tout en conservant, selon les dires du ministre, des forces projetables de 15 000 soldats et 45 avions de combat.
De quoi sans doute tenir Monaco ou le Liechtenstein en respect, au moins pour un temps.
Fennec
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