Critiquée par l'Elysée, BFM TV dénonce les couacs de l'exécutif POLEMIQUE - Mise en cause par l'exécutif pour son traitement de l'affaire Leonarda, la chaîne d'information contre-attaque.
Du tac au tac. Critiquée au sommet de l'Etat pour son traitement de l'affaire Leonarda ce week-end, BFM TV renvoie l'exécutif dans ses cordes. Le directeur de l'information de la chaîne, Hervé Béroud, a estimé jeudi sur Europe 1 que les médias étaient injustement pris pour cible après "une séquence calamiteuse du pouvoir". De son côté, Alain Weill, le patron du groupe auquel appartient BFM TV, dénonce une vision archaïque de l'audiovisuel chez les responsables politiques...
L'Elysée très remonté. Dès mercredi, Caroline Roux, éditorialiste politique d'Europe 1, dévoilait que François Hollande en voulait aux médias, et particulièrement aux chaînes d'information en continu, après leur traitement de l'affaire Leonarda. La raison ? Après l'intervention du chef de l'Etat, qui a déclaré samedi que l'adolescente expulsée pourrait revenir "seule" en France, les chaînes d'info ont donné la parole à Leonarda, qui a ainsi pu répondre immédiatement, en direct du Kosovo, au président de la République. Les réactions politiques aux propos de François Hollande ont ensuite été largement relayées dans l'après-midi, notamment celle du premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui a contredit le président.
"BFN TV". Les critiques de l'exécutif se focalisent particulièrement sur BFM TV, la première chaîne info en continu de France, regardée chaque jour par plus de 9 millions de téléspectateurs en cumulé. Et le traitement de l'affaire Leonarda, qui s'est transformée en fiasco pour la communication de l'Elysée, n'en est pas la seule raison. Accusée de faire monter le Front national en favorisant l'emballement autour des polémiques qui agitent la classe politique, BFM TV a ainsi été rebaptisée "BFN TV" par certains responsables socialistes…
"Une séquence calamiteuse". "Ils sont gonflés !" A répondu Hervé Béroud, directeur de l'information de BFM TV, invité d'Europe 1 jeudi. "On a assisté la semaine dernière à une séquence calamiteuse du pouvoir", a-t-il asséné, rappelant le déroulement des évènements de samedi : "Le ministre de l'Intérieur interrompt brutalement son déplacement aux Antilles pour rentrer régler ce problème à Paris de manière urgente et, bouquet final, le président de la République intervient un samedi à 13h10, les radios et télés étant prévenues un quart d'heure avant."
De plus, l'Elysée devait se douter que les télévisions allaient interroger Leonarda immédiatement après l'intervention de François Hollande, juge Hervé Béroud : "Le président de la République prend la parole en s'adressant à cette jeune fille, alors que tout le monde est censé savoir que tous les médias sont depuis plusieurs jours au côté de cette famille à Mitrovica". Finalement, les médias servent de bouc émissaire aux couacs de communication de l'exécutif, conclut-il : "Quand on se rend compte que sur la forme comme sur le fond, la séquence est calamiteuse, on se dit "c'est les médias, c'est les chaînes d'info, c'est BFM TV".
"Nous faisons notre travail". Le PDG de NextRadioTV, le groupe auquel appartient BFM TV, a également rejeté les critiques du pouvoir dans une interview à L'Opinion jeudi. "Nous faisons notre travail", affirme Alain Weill (photo), qui justifie le traitement de l'affaire par sa chaîne. "Le ministre de l'Intérieur est revenu précipitamment des Antilles, un président de la République prend la parole un samedi à 13h15, tout cela crée une agitation", rappelle-t-il. "C'est donc tout à fait normal que l'on fasse réagir la famille de la jeune fille. Dire que les médias mettent de l'huile sur le feu, c'est un raccourci qui n'est pas nouveau".
Quant aux accusations de favoriser le FN, Alain Weill se montre tout aussi catégorique. "Nous ne contribuons absolument pas à la montée du Front national", martèle-t-il. "Notre chaîne est le témoin d'un phénomène qui se passe dans le pays, et c'est parfois plus simple d'accuser les autres que de se remettre en cause".
"Une vision encore assez ORTF". Le patron de NextRadioTV estime par ailleurs que les politiques ne s'habituent "que lentement" à la diversification du paysage télévisuel. "Ils voudraient que les médias audiovisuels soient beaucoup plus dociles", lance Alain Weill, qui déplore "une vision encore assez ORTF de l'audiovisuel".
"Nous faisons notre travail". Oui , mais pas dans le "SENS & le SILLAGE" du PEDALO